Feu vert britannique pour le projet de centrale nucléaire d'EDF à Hinkley Point

EDF construira bien sa centrale nucléaire de nouvelle génération à Hinkley Point au Royaume-Uni. Un projet très controversé que le gouvernement britannique a fini par approuver.

Ce feu vert est un soulagement pour la direction d'EDF. Si Theresa May avait remis en cause ce projet de renouvellement des vieilles centrales au profit d'énergies alternatives, comme il était suggéré y compris dans le débat public, cela aurait été un camouflet pour le champion mondial du nucléaire. Car avec sa filiale britannique EDF Energie, il gère l'ensemble du parc des centrales atomiques britanniques.

Mais avec Fukushima en 2011, les déboires de l'EPR de Flamanville, et enfin la montée en puissance des énergies alternatives, le choix du nucléaire porté par l’opérateur français était de plus en plus fragilisé. En construisant des EPR de conception française pour remplacer les vieilles centrales nucléaires britanniques, EDF démontre qu'il est encore un acteur incontournable et que sa technologie est crédible. Evidemment, cela a un coût : environ 21 milliards d'euros pour financer ce chantier, dont EDF supportera les deux tiers, ce qui inquiète les syndicats car l'entreprise est très endettée.

Une dette qui fait peur

Il y a de quoi prendre peur, car EDF a une dette principale de l'ordre de 37 milliards d'euros, plus une dette dite « hybride » qui a été pointée par la Cour des comptes. L'entreprise doit par ailleurs prévoir la révision du parc français des centrales, soit un investissement de 55 milliards d'euros. Elle a été en plus obligée de reprendre une partie des activités d'Areva. Enfin au Royaume-Uni, elle a dû revoir à la hausse son engagement. Le montant total du chantier est passé en quatre ans de négociation de 14 à 21 milliards.

Par ailleurs, EDF qui pensait prendre une participation minoritaire dans le projet Hinkley Point s’est résolue à endosser la majorité, faute de participants. La plupart des partenaires envisagés ont été découragés par l'environnement hostile à l'atome. Mais si le patron d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a défendu le contrat, s'il assume un tel risque financier ce n'est pas seulement pour redorer le blason de son entreprise, c'est aussi pour faire rentrer de l'argent dans les caisses. EDF a obtenu du Royaume-Uni un prix garanti de l'électricité bien au-dessus du prix du marché. 

Un prix de l’électricité garanti pour EDF

Les Britanniques qui ne supporteront pas le coût de cet investissement vertigineux ont accepté en contrepartie de payer 108 euros le mégawattheure, c'est-à-dire au moins deux fois le prix actuel du marché, et cela pendant 35 ans. Il y a deux ans, EDF réalisait 80% de son chiffre d'affaires avec de l'électricité vendue à un prix réglementé qui lui donnait de la visibilité sur ces rentrées futures. Mais aujourd'hui la proportion s'est presque inversée. Avec la libéralisation, les contrats réglementés ne représentent plus que le tiers de son chiffre d'affaires, c'est pourquoi le contrat d'Hinkley Point tombe à point nommé. A condition qu'EDF achève ce chantier sans trop de retard et de dépassements.

EDF sera associée à l’opérateur public chinois CGN

A Flamanville, le prix a déjà triplé et la mise en service prévue en 2012 a été repoussée à 2018, une expérience qui plaide en défaveur d’EDF. En revanche, l'EPR construit en Chine sous la direction de l’énergéticien français devrait être achevé dans les délais impartis, sans dépassement de budget. En s'associant au Royaume-Uni avec une entreprise chinoise, l’opérateur public CGN, EDF espère bien avoir trouvé un partenaire expérimenté et solide, à même de porter avec la même efficacité qu'en Chine l'architecture industrielle du projet d'Hinkley Point.

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