A la Une: Hollande sur la sellette

De plus en plus isolé à gauche, lâché par certains, en chute libre dans les sondages, le chef de l’Etat espère bien reprendre la main ce jeudi avec deux rendez-vous marquants : dans les minutes qui viennent, il doit ficeler avec Manuel Valls la dernière mesure de réduction d’impôts du quinquennat et en fin de matinée, il prononcera un discours sur la démocratie face au terrorisme.
Les journaux sont pour le moins sceptiques… « François Hollande se plaît à confier qu’il est le maître de l’horloge, pointe La Charente Libre. Autour du palais, on évoque plutôt Louis XVI bricolant ses serrures. Les fidèles équipiers du président s’impatientent. Valls aussi. L’échappée en solitaire d’Emmanuel Macron en fait un virtuel maillot jaune dans les sondages. L’Élysée aurait donc décidé de sortir de son faux train de campagne à l’occasion du colloque 'La démocratie face au terrorisme' aujourd'hui à Paris. Le président y prononcera un discours de deux heures pour donner son idée de la France, qui n’est ni celle de Sarkozy, ni celle de Le Pen, ni celle de Macron mais celle de Hollande. »

Pour L’Union, c’est « mission impossible : François Hollande doit, en l’espace de quelques heures, montrer non seulement qu’il est encore à la barre, que le départ de quelques ministres ne lui fait ni chaud, ni froid, qu’il a encore des projets et qu’il peut susciter un minimum d’enthousiasme dans l’électorat. Le tout en parlant de démocratie et de terrorisme. Autant dire, donc, mission impossible. Aussitôt les micros éteints, notre président devra endurer les sarcasmes de la droite, les vacheries de la gauche de la gauche et les encouragements poussifs de ceux qui sont censés encore le soutenir. »

Dernière chance ?

En fait, pointe La Voix du Nord, « François Hollande se trouve confronté à une problématique bien plus tôt qu’il ne l’avait imaginé : comment rentrer dans la compétition sans descendre de son piédestal présidentiel ? À l’heure où la droite s’écharpe sur l’identité française, le président de la République décrira ce qu’est la France, une certaine idée plus qu’une identité, fait-on valoir à l’Élysée. Une dernière chance de remonter sur son piédestal présidentiel, dont il chute souvent, avant d’être candidat. »

Pour L’Opinion, c’est plié… « François Hollande a deux adversaires, relève le quotidien d’opposition : son bilan et ses amis. Ou plutôt, ceux qui depuis cinq ans sont devenus ses adversaires. Jamais, dans l’histoire de la Ve République, un président en exercice n’a compté à l’issue d’un premier mandat autant d’opposants venus de son propre camp. C’est sur le plan politique son principal échec : n’avoir pas su garder sa famille unie, alignée derrière lui. (…) Quant à son bilan, poursuit L’Opinion, on voit mal qu’il puisse s’en servir comme d’une arme de conquête. Les Français comprennent qu’il a échoué. Ils ne croient plus ses promesses, ses arrangements, ses 'ça va mieux'. »

Baisse d’impôts : trop tard ?

Libération, pour sa part, s’intéresse de près à cette baisse d’impôt promise par le président, et dont il doit définir l’ampleur ce matin avec Manuel Valls…
« Impôts : un dernier geste pour la route », titreLibération. Libération qui ne cache pas son dépit. Cette baisse « ne suffira pas, écrit le journal, pour effacer l’échec de sa politique fiscale menée en faveur des entreprises et aux dépens du pouvoir d’achat et de la croissance. (…) Trop peu, trop tard, cette troisième baisse de l’impôt sur le revenu, surtout, parviendra difficilement à effacer dans les esprits le sentiment de +ras-le-bol fiscal+, qui aura irrigué le mandat de Hollande. Et qui, à l’heure du bilan, relève encore Libération, pourrait peser fortement sur la réélection, ou non, du président sortant. »

Tous d’accords pour le made in France

S’il y a une chose sur laquelle tous les candidats à la présidentielle sont d’accord : c’est la promotion du made in France… C’est du moins ce que constate Le Figaro. Et les Français approuvent : « inquiets de la désindustrialisation du pays, près de huit Français sur dix souhaitent que le 'made in France' fasse partie des grands thèmes de la campagne présidentielle, selon un sondage OpinionWay, pointe Le Figaro. Tous les candidats ont d’ailleurs décidé de s’en emparer, poursuit le journal, et de faire des propositions pour défendre et développer la production française. »
Mais attention, prévient le quotidien d’opposition : « la promotion du 'made in France' nécessite deux moteurs que tout le monde connaît : la qualité et la compétitivité. (…) Or, que leur propose-t-on dans notre beau pays ? Un enfer fiscal et réglementaire, soupireLe Figaro, qui lamine leurs capacités financières et complique jusqu’à l’absurde la vie des chefs d’entreprise. Plutôt que d’imaginer des recettes simplistes et inapplicables, c’est tout cet environnement aberrant qu’il faut changer d’urgence. Et l’on s’apercevra, avec un peu de courage politique, que la résurrection du +made in France+ est à portée de main. »

Un sexisme bien enraciné…

A la Une également, halte au sexisme… « Associations, personnalités et gouvernement lancent ensemble ce jeudi une campagne contre le sexisme au quotidien », pointe Le Parisien. « Sexisme : vous aussi dites stop », s’exclame le journal en première page. « Débusquer le sexisme partout où il se trouve, c’est le mantra de cette campagne, explique le journal. Ce sont ces petites humiliations, qui vont des publicités avec des femmes dénudées aux clichés que nous véhiculons, comme le célèbre 'femme au volant, mort au tournant…' C’est le monde du travail, où les inégalités salariales persistent, la rue, où le harcèlement est souvent présenté comme de la… 'drague incomprise'. Ou la maison, où les tâches quotidiennes reviennent en priorité aux femmes. Autant d’obstacles qui les freinent vers une égalité complète. »

Commentaire du Parisien : « le problème avec le sexisme, sauf cas extrême et violent, c’est qu’il est insidieux. Tel un Monsieur Jourdain faisant de la prose sans le savoir, la quasi-totalité de la gent masculine produit du sexisme sans le savoir. » En effet, poursuit le journal, « la société est conçue par et pour des hommes. Salarial, hiérarchique : il y a un déséquilibre structurel qui met quasi systématiquement la femme en infériorité face à l’homme. (…) S’il est évident que les choses changent, cela ne va pas assez vite. Le terrain chèrement gagné en faveur des droits des femmes, on le voit dans la récente actualité, menace à tout instant d’être perdu. Ce qui changerait vraiment, conclutLe Parisien, c’est que ce combat en faveur des femmes soit désormais mené aussi avec les hommes, comme une évidence. »

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