A la Une: la bataille des primaires

Elle avait démarré sur des chapeaux de roue à droite il y a huit jours avec des invectives et des noms d’oiseaux. Finalement, retour au calme… s’il faut en croire du moins Le Figaro : « le campus des Républicains à La Baule, dernier grand rendez-vous avant le dépôt des candidatures le 9 septembre et le début officiel de la campagne à la primaire, ce campus aura été l’occasion pour les candidats de jouer l’apaisement, affirme en effet le quotidien d’opposition, et d’éviter la bataille des petites phrases assassines. Nicolas Sarkozy a promis de ne pas souffler sur les “braises”, tandis qu’Alain Juppé a affirmé qu’il s’interdirait toute “attaque personnelle”. Ces déclarations de bonnes intentions n’auront pas empêché les prétendants, qui affinent leurs programmes et leurs agendas, de s’éviter soigneusement. »

Le Figaro qui se frotte les mains dans son éditorial : « si François Hollande comptait sur une grossière bataille de chiffonniers à droite pour tenter de redorer son image, il va lui falloir changer de stratégie. Les candidats des Républicains à la primaire ont visiblement compris qu’il n’était pas utile d’user entre eux de l’anathème et des attaques ad hominem. Heureuse disposition d’esprit à l’heure où les électeurs expriment leur exaspération à l’égard de la politique politicienne et réclament un vrai débat sur l’avenir de ce pays. »

L’Opinion, autre quotidien d’opposition note lui aussi un certain apaisement à droite : « il ne faut pas se faire trop d’illusions : le climat reste aussi lourd entre les candidats ; les entourages ne demandent qu’à faire ce qu’ils savent si bien faire : ciseler la petite phrase et mettre de l’huile sur le feu ; enfin la conviction de tous – qui gagne la primaire gagnera la présidentielle – dramatise toujours autant l’enjeu. Mais les concurrents et leurs soutiens ont compris que leurs électeurs voulaient la compétition, pas la démolition. Et qu’après la primaire devrait venir le temps du rassemblement. »

Non, rétorque L’Est Républicain, on n’y croit pas une seconde : « Sarkozy a beau dire qu’il n'y aura pas d’alternance si la campagne continue en mode pugilat, allusion directe à Fillon, on a du mal à croire que les prétendants sauront se contrôler. »

« Ça promet !, renchérit L’Union. La quincaillerie partisane est sortie, la brocante politicienne solde les idées, les gifles, les claques, les tacles sont distribués comme un kit de survie. Le bouclier unitaire est dressé mais les coups pleuvent. »

Hollande de plus en plus contesté

La gauche n’est pas mieux lotie… Divisions, zizanie, coups bas… Et un leader de plus en plus contesté… « Il faut un moral d’acier à François Hollande, note L’Est Eclair, pour continuer à s'inscrire dans la perspective de l’élection présidentielle alors que 85% des Français, selon un récent sondage, ne souhaitent pas le voir rempiler. Il lui en faut alors que trois de ses anciens ministres - Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Emmanuel Macron – ne cessent de jouer au chamboule tout - avec leur ancien patron. »

En effet, constate Le Courrier Picard, « l’un monte, l’autre n’en finit pas de couler. En tout cas, Macron suscite un espoir et Hollande un rejet. Le scepticisme qui entoure l’hypothétique retour en grâce de François Hollande a depuis longtemps gangrené les rangs socialistes où un sympathisant sur trois verrait désormais d’un bon œil la candidature de Macron. Pas rancuniers, les socialistes ont surtout compris que l’ex-locataire de Bercy constituait la planche de salut de cette gauche-là, aujourd’hui en pleine déconfiture. »

« Démoniaque, ce Macron !, s’exclame Le Midi Libre. Hors parti, bousculant tous les codes, le chouchou des sondages fascine l’establishment. Il passionne autant qu’il est détesté. Il envoûte autant qu’il est rejeté. Lui qui, avec son air de communiant, est présenté par ses adversaires comme un pur produit marketing de la finance. Comme le fils spirituel du Medef et du Cac 40. Un jeune loup prêt à balayer le système. À renverser la table. Une sorte d’antéchrist pour tous les partis politiques. »

Dans Libération, Julien Dray, hiérarque socialiste et ami de François Hollande fustige le « bal des ambitions des ex-ministres » et appelle le président à réagir : « Si François Hollande veut être candidat, il faut que sa candidature ait un sens, affirme Julien Dray. Il ne doit pas être candidat pour dire “je veux encore être président”. Il doit revendiquer ce qui a été fait et dire à quel point il a appris, non pas que c’était dur, mais combien le système dysfonctionne. Cela doit le conduire à renverser la table, notamment sur le plan institutionnel, et à proposer de créer cette France moderne dont on a besoin. Un pays neuf est en train de naître, affirme encore Julien Dray, et cette France est aussi belle qu’avant. Au lieu d’en avoir peur, il faut la revendiquer. »

Réchauffement : du concret !

A la Une également, les Etats-Unis et la Chine qui ratifient l’accord de Paris sur le climat… « La décision de Pékin et Washington est une bonne nouvelle, estime La Croix, alors que l’enthousiasme suscité par le succès de la Conférence de Paris s’était émoussé au fil des mois. Elle redonne une vigueur au processus de ratification qui semblait piétiner. Et en faisant leur annonce dans un communiqué commun à la veille du sommet du G20 dans la ville de Hangzhou, Chinois et Américains espèrent bien faire école et peser sur des pays encore récalcitrants ou peu mobilisés par la cause du climat, comme l’Inde ou la Russie. Mais, prévient La Croix, la ratification ne constitue encore qu’une étape. Si l’on veut vraiment que la hausse de la température n’excède pas 2 degrés par rapport aux niveaux préindustriels, il faudra ensuite que les engagements formels se traduisent dans des décisions économiques et industrielles concrètes. Celles-ci ne seront pas sans impact sur les manières de vivre. La question climatique est donc éminemment politique et devrait occuper une place centrale dans toute proposition électorale soucieuse du long terme. »

Le scandale des boues rouges

On reste dans le domaine de l’environnement, avec « ce scandale qui pollue le gouvernement » ; c’est la Une du Parisien.

Il s’agit du dossier très sensible des rejets toxiques en Méditerranée de l’usine d’alumine de Gardanne, dans le sud de la France. Cela fait 50 ans que cette usine déverse mercure, arsenic, titane et plomb par 320 mètres de fond. Là aussi, cacophonie au gouvernement… Manuel Valls, le Premier ministre est pour le maintien en l’état pour encore 6 ans. Un millier d’emplois locaux seraient en jeu. Mais la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal n’est pas d’accord : elle l’a fait savoir haut et fort vendredi dernier. Le Parisien emboite le pas de la ministre et parle d’« entêtement assassin ». Pour le journal, « la solution passe par la fin de cette dérogation qui est un permis d’empoisonner et par une reconversion des salariés. »

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