Illustration à « la Une » d’Afrique Inside, qui publie une image de nuit de la capitale gabonaise, éclairée par les lueurs d’un incendie, celui de l’Assemblée nationale, embrasée « sans que les forces de sécurité ne ripostent, souligne ce site d’informations en ligne. En 2009, seul Port-Gentil avait subi des troubles, Libreville avait été épargné ». Afrique Inside décrit ainsi une atmosphère « quasi-explosive dans certains quartiers de Libreville ».
Emeute, donc, mais aussi appréhension, car, « sans être catastrophiste, on devrait s’inquiéter de ce qui risque d’arriver dans les prochains jours au Gabon, craint Le Djely. Parce que dans la crise en gestation, aucune perspective de solution n’est en vue, souligne ce journal guinéen en ligne. Chaque camp demeure dans sa logique et est résolu à faire triompher cette dernière (…) Naturellement, l’image du régime en sortira écornée. Mais au stade où on en est, c’est le cadet des soucis d’Ali Bongo », déplore Le Djely. C’est « la honte ! », lance Le Pays, au Burkina-Faso. Ce quotidien affuble le président sortant d’un sobriquet on ne peut plus lapidaire. Pour Le Pays, Ali Bongo, c’est « Ali Baba » ! « S’il a vraiment compris la soif d’alternance des Gabonais, (Ali Bongo) devrait commencer à songer à préparer, dès à présent, son départ, même si l’orage venait à passer, ajoute Le Pays. Deux septennats dans les conditions que l’on sait, ça suffit ! »
« Comme on le voit, soupire son confrèreL’Observateur Paalga, c’est l’ancien îlot de stabilité qui est entré dans une logique d’affrontement à l’issue incertaine ». Dans cette situation de « chaos », cet autre journal ougalais craint que « la Grande Muette vienne mettre les godillots dans le plat ». Ce qui conduit sans attendre L’Observateur à se demander ce que fera la France, « l’ancienne puissance tutélaire qui, outre d’énormes intérêts économiques à préserver, a une base militaire au Gabon. Va-t-elle se ruiner en vaines médiations ou alors comme elle l’a si souvent fait du temps de la Françafrique, se contentera-t-elle de tirer les ficelles ? », s’interroge L’Observateur Paalga.
Pour le journal Aujourd’hui, la réponse à cette question est toute trouvée. Tout en se demandant si la France a « lâché Bongo fils », ce confrère estime que « tout semble indiquer, sous réserve d’une évolution de la situation, que Ali Bongo n’est pas dans les petits papiers de la France hollandienne ».
Gabon : que fera la France ?
Mediapart se demande également si la France va « jouer l’arbitre de la crise électorale gabonaise ». Ce site Internet très en vue estime donc Jean Ping « qui a été pendant longtemps l’un des piliers du régime d’Omar Bongo et complice de ses magouilles (…) compte sur une intervention extérieure pour remporter le bras de fer engagé contre l’oncle de ses enfants ». Et Mediapart souligne que « le soutien de Paris lui est visiblement acquis ».
De son côté, Libération se pince le nez. Car, selon ce journal, plane au Gabon « une tenace odeur de fraude ». Comparant l’élection présidentielle de samedi dernier à celle de 2009, ce quotidien français estime que, dans le Haut-Ogooué, le régime Bongo a, cette fois-ci, « poussé le bouchon un peu loin » en octroyant « 65 073 bulletins en faveur (d’Ali Bongo) contre 3 071 pour Ping », précise-t-il.
Refus du recomptage non-prévu par les lois gabonaises ? « Cette position de fermeté ne sera pas facile à maintenir », prédit Le Figaro, le Gabon est « au bord de l’embrasement », car les points de vue « semblent irréconciliables » et la situation « de plus en plus dangereuse », estime ce journal conservateur français.