« On va savoir ! » : c’est le grand titre du quotidien L’Union à Libreville au Gabon. En effet, c’est en principe ce soir à 19 h, heure locale, que le nom du vainqueur de l’élection présidentielle de samedi sera dévoilé. « C’est le ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet Boubeya, précise le journal, qui va mettre fin au suspense, au sortir de la séance plénière de la CENAP, la Commission électorale nationale autonome et permanente. »
Pour sa part, le principal candidat de l’opposition, Jean Ping, continue de crier victoire. C’est ce que rapporte notamment le site d’information GabonActu : « le peuple ne pourra jamais accepter que sa victoire soit volée », a affirmé Jean Ping qui s’est dit « bien informé de toutes les manipulations claires et autres modifications à l’aide des scanners des procès-verbaux qui sont en cours au sein de la CENAP et au ministère de l’Intérieur. » L’opposant, rapporte encore GabonActu, a enfin « invité le peuple gabonais à la mobilisation et à la vigilance sur toute l’étendue du territoire national pour défendre sa victoire. »
Pour La Nouvelle Tribune au Bénin, ces nouvelles déclarations de Jean Ping sont de nature « inquiétante. (…) De l’autre côté, les partisans du Président Bongo disent avoir gagné. La situation est donc potentiellement explosive à Libreville », affirme le quotidien béninois.
Pour ce qui est du déroulement du scrutin, la mission d’observation de l’Union européenne a affirmé qu’il s’était globalement bien passé, relève le site d’information Afrique Inside. Cependant, remarque-t-il, « la mission de l’UE a noté plusieurs dysfonctionnements et irrégularités en amont du scrutin et pendant le vote tels que l’absence de statistiques sur le nombre de carte d’électeurs distribuées ou encore une commission électorale trop inaccessible. »
Mardi rouge…
En tout cas, le climat est pesant au Gabon. « Mardi classé rouge », s’exclame L’Observateur Paalga au Burkina. « En effet, estime le journal, la guerre des chiffres à laquelle se livrent les partisans du président sortant, Ali Bongo Ondimba, et ceux de son challenger, Jean Ping, n’est pas de nature à assurer la paix et la sérénité dans le pays avant l’annonce des résultats que leurs compatriotes attendent, la peur au ventre. Les deux ennemis jurés auraient voulu préparer les esprits au rejet des résultats qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. »
Le Pays, toujours à Ouaga, renchérit… « En aiguisant ainsi l’appétit de leurs militants, les deux camps préparent leurs partisans à la contestation en cas de défaite. Et c’est pourquoi, depuis que l’un et l’autre sont sortis du bois pour annoncer leur victoire, la tension est dangereusement montée de plusieurs crans dans le pays. Quand on sait que c’est de la contestation que naissent le plus souvent les violences post électorales, Ping et Bongo sont tous deux blâmables et seraient comptables d’une éventuelle dégradation de la situation sociopolitique qui déboucherait sur des troubles dans leur pays. Visiblement, dans cette présidentielle gabonaise, constate encore Le Pays, c’est la confiance qui manque le plus entre les différents acteurs politiques. Chacun soupçonnant l’autre de vouloir frauder à la moindre occasion. »
Enfin, le quotidien Aujourd’hui retient son souffle… « La météo électorale se gâte au Gabon, et aucune pythie se saurait prévoir la nature pluviale qui tombera : hallebardes ou bien fines pluies ? Ni sur quel jour les Gabonais se réveilleront demain, après la 'bombe' que lâchera la CENAP aujourd’hui. Vivement d’ailleurs que la Commission électorale respecte son rendez-vous. CENAP, dites seulement une parole, s’exclame Aujourd’hui, et le Gabon pourra retomber sur terre, quitte à ce que les semis de la bagarre que les héritiers de Bongo père ont essaimé soient arrachés. Tout en espérant que les vrais résultats soient proclamés, même s’il faut un recomptage bureau de vote par bureau de vote, si c’est la vérité des urnes, chacun devra s’incliner. »