A la Une: la demande de pardon du jihadiste malien jugé à la Haye

Une demande qui passe mal auprès des responsables maliens interrogés par plusieurs journaux. Contacté par Studio Tamani, Abdoulaye Touré, le représentant des associations des victimes de Tombouctou, est dubitatif : « Moi, je trouve que le pardon, il n'est pas dans son contexte, ni au moment, ni à la façon. C'est vrai, on doit pardonner en tant que musulman, mais bon, c'est un pardon juridique. C'est un pardon devant la CPI, ce n'est pas le pardon que nous, on attendait. »

Pour le responsable de la Mission culturelle de Tombouctou, « si Al Faqi, qui est donc musulman, qui fait amende honorable, présente ses excuses, les populations n'ont d'autre choix que de l'accepter. Maintenant, quelle répercussion cela a au niveau de la Cour, on ne sait pas. La justice c'est la justice. S'il y a des gens qui ont été coupables d’actes répréhensibles, ils doivent rendre compte. On a espoir que cela puisse servir d'exemple. »

L’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) continue d'exiger que l’accusation soit élargie « parce qu’il y a effectivement des femmes qui ont été violées, des gens qui ont été amputés. Donc il n’y a pas que les mausolées », a précisé son porte-parole à la rédaction de Studio Tamani.

Dans Le Republicain malien, un leader religieux malien, Moussa Boubacar Bah, estime : « On ne doit plus cautionner aucune impunité. » Pour lui, « tous les autres criminels doivent être jugés. J’invite également Al Faqi Al Mahdi à coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) pour démasquer les autres criminels afin qu’ils soient jugés ».

Le quotidien burkinabè L'Observateur se demande : « La stratégie du mea culpa va-t-elle payer ? Les Maliens en particulier continuent de frémir à la seule évocation de ce qui s’est passé en 2012. On ne peut donc qu’espérer que les juges ne se laisseront pas attendrir par des larmes de crocodile. »

Le sort de l'athlète éthiopien Feysa Lilesa médaillé à Rio fait la Une de nombreux journaux, y compris hors d'Afrique

« La télévision d’Etat ethiopienne n’aura montré Feyisa Lilesa qu’une fois en direct, rappelle le quotidien suisse Le Temps. Sa médaille d’argent au marathon des Jeux olympiques de Rio a bien été mentionnée le lendemain dans les comptes rendus sportifs, mais les images de son arrivée sont passées à l’as. Ce que l’unique chaîne de télévision nationale ne voulait pas montrer, c’était un Feyisa Lilesa franchissant la ligne d’arrivée les bras croisés au-dessus de sa tête en signe de solidarité avec les Oromos. » Les Oromos dont les manifestations sont violemment réprimées depuis plusieurs mois par les forces publiques. A cause de ce geste de solidarité à la face du monde, le sportif redoute le retour à Addis. Le gouvernement a assuré qu'il ne serait pas inquiété.

En Algérie, c'est l'athlète Taoufik Makhloufi, double médaillé d'argent, qui règle ses comptes. « Il fait endosser le fiasco de Rio aux responsables du sport », titre Liberté. Sofiane Mehenni raconte une anecdote qui résume assez bien le problème : le décathlonien Larbi Bouraâda (classé 5e aux JO de Rio) « a du prendre un taxi pour aller se faire soigner après l'épreuve car la voiture prévue à cet affet avait été détournée à des fins personnelles par deux officiels de la délégation algérienne ! »

Le journal burundais Iwacu rend hommage cette semaine à Jean Bigirimana, son journaliste disparu depuis un mois. « Ils s’en sont pris à ce que nous avons de plus cher : la vie d’un journaliste, écrit dans une tribune le directeur de la rédaction Antoine Kaburahe. Malgré le choc, la rédaction a fait face. Non, nous n’oublierons pas Jean. Nous continuerons à chercher et nous sommes sûrs que les langues finiront par se délier, que la vérité éclatera. »

Et puis on apprend ce matin que le journaliste Eloge Willy Kaneza, représentant d'un collectif de reporters pour la plupart anonymes au Burundi, est le lauréat 2016 du prix Peter Mackler décerné aux Etats-Unis qui récompense le courage et l'éthique journalistique.

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