Au Gabon, la campagne électorale officielle de la prochaine élection présidentielle débute demain. Plus que deux semaines, en effet, avant ce scrutin à un tour, prévu le 27 août. La pré-campagne aura été des plus virulentes. Illustration, ce matin, avec l’éditorial de L’Union. Ce journal d’Etat laisse entendre que le candidat Moukombo se désisterait en faveur de Jean Ping.
La campagne officielle, elle, s’annonce « explosive, prévient le quotidien burkinabè Le Pays, c’est la campagne de tous les dangers ». Au Gabon, le climat est tel que la moindre étincelle peut « mettre le feu aux poudres », craint ce journal ouagalais, qui s’attend à ce que les opposants au président sortant Ali Bongo remettent « sur la table, la question de sa filiation ».
Aspirant à une campagne apaisée, Le Pays rappelle toutefois que si Ali Bongo « a pu succéder à son défunt père et étrenner par la suite un premier mandat face à des candidats comme André Mba Obame, c’est sans doute du fait de manœuvres électorales, révélées d’ailleurs plus tard par Wikileaks », énonce-t-il…
Burundi : ni guerre-ni paix
Le Burundi en paix ou menacé par la guerre civile ? C’est selon. A lire le reportage sur place que publie ce matin le journal Libération, le dialogue de sourds persiste, le régime soutenant que le pays est « en paix » (raison pour laquelle il « refuse donc tout dialogue avec l’opposition ou une quelconque intervention internationale »), ce quotidien français affirmant au contraire que « la guerre civile plane sur le Burundi ».
Dans le sud du pays, « région du pouvoir militaire tutsi pendant trente ans », Libé a constaté que les règlements de comptes entre opposants et proches du régime « se multiplient ». Et ce journal fait état de ce qu’il appelle une « vaste opération de répression qui a discrètement lieu de jour en jour » et décrit une situation qui n’est « ni vraiment de guerre ni vraiment de paix »…
Franc CFA : vache sacrée française
La question lancinante du franc CFA revient dans la presse. Le site internet français Mediapart a publié hier le troisième et dernier volet d’une série d’articles consacrés à la zone franc, le premier, dimanche, évoquant une « monnaie nocive pour les Etats africains », le second fustigeant ces dirigeants des États concernés qui « ne font rien pour retrouver une souveraineté monétaire » et le dernier, hier, consacré aux « esprits critiques » de la zone franc qui ulcèrent Paris. Car, contrairement aux discours officiels, « la France n’a jamais envisagé de renoncer à son rôle de pilote » de cette zone monétaire, énonce ce journal en ligne.
« Depuis toujours, le FCFA est un sujet (…) tabou, les esprits critiques sont très mal vus par les autorités françaises », souligne donc Mediapart.
Depuis toujours ? Le site internet rappelle l’assassinat, en 1963, du Togolais Sylvanus Olympio, premier président des indépendances, « jugé dangereux par Paris » alors qu’il voulait « créer une monnaie nationale et donc réviser les accords monétaires signés avec la France » ; celui de Thomas Sankara, tué en 1967, et ses déclarations à Mongo Beti, quand l’alors président du Burkina-Faso disait à cet écrivain camerounais : « Le franc CFA (…) est une arme de la domination française. L’économie française et, partant, la bourgeoisie capitaliste marchande française bâtit sa fortune sur le dos de nos peuples ».
Mediapart évoque aussi pêle-mêle le cas de l’Ivoirien Mamadou Koulibaly, alors qu’il était ministre de l’Economie et des Finances en l’an 2000, quand le président français Jacques Chirac a « intimé » à son homologue ivoirien, Robert Gueï, de le « faire sortir du gouvernement à cause de ses positions anti-FCFA » ; ou celui du Togolais Kako Nubukpo, qui a « perdu son poste de ministre sous la pression directe de la BCEAO et d’Alassane Ouattara, le président ivoirien, qui se sont plaints auprès du président togolais, Faure Gnassingbé, à cause de ses analyses critiques sur le FCFA ».
Franc CFA : Ouattara monte la garde
Alassane Ouattara, justement. Le président ivoirien défend bec et ongle le franc CFA. Pour ce site français d’informations en ligne très réputé qu’est Mediapart, Alassane Ouattara « joue aujourd’hui le rôle de gardien du temple et de gendarme ». Et depuis 2011, Ouattara « a confirmé que la France avait bien fait de miser sur lui », ironise Mediapart, qui ajoute que « Gbagbo, son prédécesseur (…) représentait visiblement un danger potentiel pour la continuité du système ». Comme disaient en chœur Machiavel et Hobbes, « Homo homini lupus », autrement dit « l’homme est un loup pour l’homme »…