De notre correspondante à Athènes
Les souverainistes des Grecs indépendants se sont opposés à la construction de cette mosquée. Un vote habituel pour ce parti nationaliste que la gauche radicale laisse voter comme il le veut sur les thèmes sociaux. L'amendement est donc passé grâce aux voix de l'opposition.
Un projet difficile à faire passer, particulièrement en temps de crise
La question était, en effet, sur la table depuis un moment. Les lois pour sa construction se sont multipliées depuis l'annonce du projet en l'an 2000, trois en tout. Cette fois-ci, l'amendement doit permettre de régler les problèmes administratifs et bureaucratiques. Cette mosquée devrait faire environ 500 m². Elle accueillera entre 350 et 400 personnes. C'est l'Etat qui finance la construction à hauteur de 946 000 euros. Elle se dressera dans le quartier de Eleonas, non loin du centre d'Athènes. Il aura fallu cinq appels d'offres pour trouver un site. Au rayon des opposants au projet : les habitants du quartier et parfois aussi les militants du parti néo-nazi Aube dorée ou encore des popes de l'Eglise orthodoxe.
Offrir un véritable lieu de culte aux musulmans qui jusqu'ici devaient se débrouiller
La population musulmane d'Athènes est estimée à 200 000 personnes. Jusqu'ici, les musulmans pratiquants devaient prier illégalement dans des mosquées improvisées, dans des entrepôts ou des sous-sols avant de les faire reconnaître officiellement comme lieu de culte par l'Etat. D’ailleurs, le ministre de l'éducation Nikos Filis a également annoncé que quatre nouveaux lieux de culte seraient légalisés à travers le pays.
La population musulmane a augmenté ces vingt dernières années en Grèce
Aujourd'hui, un peu moins de 5% de la population grecque se déclare musulmane. Mais ces dernières années, dans tout le pays, l'arrivée des premiers immigrés de pays musulmans comme les Pakistanais a renforcé les besoins de mosquées et on ne sait pas encore combien de réfugiés de pays comme la Syrie ou l'Afghanistan resteront en Grèce. Ils s’ajoutent aux pomaques, qui sont slaves, à la minorité turcophone et à celle des Roms de cette région, musulmans eux-aussi. Ces minorités n'avaient pas été expulsées vers la Turquie en 1923, lors de cet événement qu’on appelle l'échange de populations. Lors de ce dernier, les Grecs et les Turcs avaient chassé une grande partie de leurs minorités respectives vers l'autre pays.
Une présence musulmane issue de l'empire ottoman qui a également laissé un héritage architectural important en Grèce
C'est peu connu, mais à Athènes par exemple, le grand bâtiment à arcades sur la place de Monastiraki au centre-ville est une ancienne mosquée. Et récemment, la ville s'est attachée à faire renaître cet héritage, notamment avec la restauration de sa plus ancienne mosquée, la Fethiye Camii construite au XVIIe siècle et qui accueillera des événements culturels.