C’est le titre qui revient le plus souvent ce matin dans les journaux après le terrible attentat d’Orlando en Floride qui a fait 50 morts et 53 blessés. « L’onde de choc », aussi bien dans Le Figaro que dans Libération.
Libération qui insiste sur le caractère homophobe de cette tuerie. « Comme après les attentats qui ont visé Paris ou Bruxelles, c’est bien un drapeau qui a été repris pour exprimer la douleur, pointe Libération. Sauf que cette fois, ce ne sont pas les couleurs d’un pays qui sont brandies, mais celles d’une communauté. Certes américaine, mais aussi internationale. Une communauté qui a été soudée par la lutte contre le sida dans les années 80. Et qui, bien que dispersée, enchaîne rituellement autour du mois de juin des marches des fiertés et de l’égalité, depuis les émeutes de Stonewall aux Etats-Unis en 1969. »
Libération poursuit : « l’assassin du Pulse s’est réclamé de l’organisation Etat islamique en Irak, qui s’est empressé de le reconnaître comme l’un des siens. Et parmi les nombreux clubs ouverts de soir-là, Omar Mateen a choisi le Pulse, connu dans tout l’Etat comme un lieu LGBT, engagé depuis sa fondation en faveur de la cause homosexuelle. Difficile de croire que ce choix puisse être le fait du hasard… Le califat criminel dont il se réclame s’est distingué régulièrement par la cruauté barbare dont il fait preuve à l’égard des homosexuels. Il ne fait d’ailleurs, en portant l’inhumanité à un degré supérieur, que prolonger les pratiques déjà courantes chez tous les intégristes musulmans au pouvoir à travers le monde et qui appliquent de manière sanglante leur version dogmatique de la loi islamique. »
« Le lieu n’était pas neutre, renchérit Le Monde. La cible n’a pas été choisie par hasard. Ces gens n’ont pas été tués pour ce qu’ils faisaient, mais bien pour ce qu’ils étaient ou supposés être. […] Ce n’est pas seulement un crime de masse, le pire que les Etats-Unis aient connu depuis les attentats du 11 septembre 2001. C’est, semble-t-il, un crime de masse motivé par cette haine à connotation bien particulière : le racisme anti-homosexuel. »
Le poids des mots
Autre question soulevée par cet attentat, la question de l’islam radical… Une question qui « s’est invitée sans doute pour longtemps dans le débat politique américain », pointe Le Figaro. « Elle domine déjà la campagne présidentielle, Donald Trump dénonçant le refus “scandaleux”, selon ses propres termes, de Barack Obama, de prononcer les mots d’“islam radical”. Il est vrai que le président démocrate répugne à incriminer une foi dans des actes de violence qui procèdent selon lui de la “haine” individuelle. […] Cette prudence louable, visant à préserver la paix civile, menace aujourd’hui de se retourner contre lui, estime Le Figaro. Pour une partie croissante de l’opinion américaine, la culture du “politiquement correct” qui sévit chez les démocrates affecte l’action du gouvernement Obama. Elle a pu contribuer au manque de vigilance du FBI, qui, par deux fois, a eu Omar Mateen dans ses filets. »
A contrario, relève Sud-Ouest, « en nommant l’ennemi, le terrorisme islamiste, sans hésiter à accuser de complicité les musulmans – américains ou pas –, Donald Trump ne dit pas seulement ce que bien des électeurs veulent entendre, ce qui définit la démagogie, il appuie là où ça fait mal avec des raisons objectives sur le premier point. Car enfin, s’exclame Sud-Ouest, depuis les attentats du 11 Septembre, les Etats-Unis ont été régulièrement la cible d’attentats islamistes. Et tout spécialement dans la période récente, que ce soit lors du marathon de Boston, à Chattanooga ou à San Bernardino. Barack Obama, qui s’est retiré d’Irak et d’Afghanistan, mais a réengagé le pays par d’autres moyens contre Daech et al-Qaïda, sait très bien à quoi s’en tenir, et Hillary itou. Tout le problème est de savoir jusqu’où ne pas nommer les choses. Le souci de maintenir la cohésion entre les communautés à l’intérieur, et de ne pas s’aliéner le monde musulman à l’extérieur est un choix réfléchi. Mais, s’interroge Sud-Ouest, cette ligne constante suivie par Obama depuis son discours de 2009, au Caire, vat-elle encore résister à des attaques comme celle d’Orlando et à leur instrumentalisation politique ? C’est un enjeu crucial de la campagne qui commence aux Etats-Unis. »
Guerre idéologique
Pour Ouest France, il faut appeler un chat un chat… « Daech, c’est la violence globalisée par le bas et à la carte. Là où c’est possible. Là où tout ce qui ne rentre pas dans le cadre délirant de l’obscurantisme islamiste peut être frappé. Une discothèque gay, un supermarché juif, une salle de spectacle, un café, un train, un avion, une église… La liste potentielle des ennemis déclarés par cette vision de l’islam est pratiquement infinie. Heureusement, la liste des terroristes potentiels résolus à agir ne l’est pas. […] Laisser les civils que nous sommes sans réponse n’est plus tenable, estime Ouest France. Ne pas nommer la menace islamiste, comme l’a fait Obama, non plus. Mais partir en croisade contre les musulmans comme le préconise Trump, c’est propager l’incendie. C’est ce piège qu’il faut déjouer, à chaque attentat, affirme encore Ouest France. En Europe comme aux Etats -Unis. En prenant la mesure de cette guerre idéologique qui nous est menée. En traquant sans pitié les terroristes et ceux qui les aident. Un à un. En les privant de bases et de réseaux. »
Match nul ?
A la Une également, la grande manifestation nationale contre la loi travail ce mardi. « Les syndicats jouent les prolongations », constate Le Parisien qui fait dans la métaphore footbalistique : « Le match s’achève, parions qu’il se conclura sur un match nul. La loi sera vidée de son sens, mais l’exécutif n’aura pas complétement cédé à la rue. Il s’agira d’un de ces fameux matches nuls qui arrangent tout le monde. Sauf, conclut Le Parisien, ceux qui pensent que la lutte contre le chômage passe par des réformes ambitieuses. »
En effet, renchérissent Les Echos, « les opposants à la loi El Khomri veulent que rien ne change dans le monde du travail. Mais tout devrait changer, sous la pression des jeunes, des exclus, des nouvelles technologies. L’enjeu, c’est de tout réinventer. »