Avec cette question en première page du Figaro : « Hollande et Valls peuvent-ils tenir ? Le bras de fer se poursuit entre le gouvernement et la CGT, constate le journal. De nouveaux appels à la grève reconductible ont été lancés dans les transports pour cette semaine dans le cadre de négociations internes mais aussi contre la loi travail, en particulier l’article 2. »
Et, estime Le Figaro, quoi qu’il fasse, le chef de l’Etat sera perdant… « Le président de la République peut choisir de céder. Ce serait un nouvel et spectaculaire aveu de faiblesse, trois mois après le projet avorté sur la déchéance de la nationalité. Si François Hollande entend faire la démonstration qu’il n’a décidément plus aucune autorité sur rien, voilà la solution ! (…) L’autre solution, poursuit Le Figaro, consiste à tenir tête à la CGT, comme le répètent chaque jour le chef de l’État et le Premier ministre. Option souhaitable, certes, mais malaisée lorsque l’on est socialiste et que l’on occupe ces éminentes fonctions. Si, contre vents et marées, l’un et l’autre s’arc-boutent jusqu’au nouvel examen de la loi travail en seconde lecture, ils n’échapperont pas au nouveau 49-3, et sans doute à la fameuse motion de censure 'de gauche', qui prouvera aux yeux de tous que François Hollande et Manuel Valls n’ont plus de majorité. Bref, conclut Le Figaro, pour le chef de l’État, à tous les coups l’on perd…
Non, rétorque Libération, pour sortir du blocage, « Hollande a toutes les cartes en main. (…) Le chef de l’Etat entend sortir cette semaine du mode défensif dans lequel s’est enlisé l’exécutif. Envoyer des messages de 'fermeté mais pas de fermeture', selon l’expression du patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis. Ferme avec les bloqueurs - Philippe Martinez, le leader de la CGT, ne sera pas reçu à l’Elysée et la loi ne sera pas retirée - mais souple et ouvert avec les partenaires syndicaux, les alliés politiques et les relais dans la société civile. »
Et justement, croit savoir Libération, « le gouvernement pourrait s’engager à ne pas recourir de nouveau au 49.3 lors de la deuxième lecture du texte en juillet à l’Assemblée. C’est le trou de souris par lequel l’exécutif peut espérer s’en tirer, une sorte de méthode douce consistant à promettre que le Parlement aura le dernier mot sur la loi travail. »
Enfin, pour L’Humanité, inutile de parier sur l’essoufflement du mouvement : « Hollande et Valls sont prévenus, lance-t-il en Une, la mobilisation ne faiblit pas. »
La presse européenne très critique
En tout cas, constatent Les Echos, ces grèves représentent « un coup dur pour l’image de la France.» Les Echos qui passent en revue la presse étrangère. « Vendredi,La Frankfurter Allgemeine Zeitung, estimait que le gouvernement de Hollande payait pour son manque de dialogue avec les syndicats. Or la CGT sait une chose : 'une fois que les barricades brûlent, la plupart des présidents français cèdent', souligne le quotidien conservateur,pour qui ce conflit montre que les réformes en fin de mandat sont en général quasiment impossibles 'a fortiori en France'. (…) Pendant que les touristes annulent leurs voyages à quelques semaines de l'Euro de football, l’Italie s’étonne de l’ampleur des manifestations et de leurs conséquences assez dures pour une loi qui n’est qu'une pâle copie du Job Act de Renzi. L’éditorial le plus acerbe est celui du Sole 24 Ore: 'La France est le pays européen le plus imperméable au changement'. Pour El Païs en Espagne, 'La France n’admet pas de réformes profondes. Seulement des révolutions. (…) Il est impossible de comprendre, poursuit le quotidien espagnol, pourquoi Hollande a lancé sa plus dure réforme, non prévue dans son programme électoral, à un an des présidentielles et à trois mois de l’Euro 2016'. Enfin en Grande-Bretagne, Le Daily Mail est plus politique. 'Encore une fois, les syndicats français se révoltent. Encore une fois, les dirigeants vont céder. Et ils se permettent encore de nous donner des leçons sur la façon dont nous gérons notre économie', lance le quotidien de droite à fort tirage.»
Une formule ne fait pas un programme…
C’est dans cette ambiance plutôt lourde que Le Parisien se penche sur la fameuse formule du président : le désormais célèbre « ça va mieux ».
« Cette tirade, maintes fois reprise, détournée et raillée depuis qu'il l'a prononcée le 14 avril dans l'émission « Dialogues citoyens » sur France 2, est née lors d’une réunion avec son cabinet à l’Elysée. 'On cherchait une formule pour enclencher la spirale de la confiance', confie un participant, conscient que les accès d’optimisme passés du président avaient fait flop (notamment son 'la reprise, elle est là' de juillet 2013). C’est Hollande lui-même qui a trouvé l’idée, avant de tester sa trouvaille sur son équipe. »
Alors, « 'Ça va mieux', après tout, pourquoi pas, commente Le Parisien. Il nous arrive à tous d’être confrontés à des difficultés où on se dit qu’il faut positiver et voir le bon côté des choses. Ça ne change pas forcément la situation, mais peut-être que le président ne contrôle qu’à la marge le destin de la France tout comme nous nos propres vies.
La formule est plutôt bonne, en fait, car elle fait réagir, et pas complètement fausse à la lecture des chiffres bruts et de certains témoignages. Mais, prévient Le Parisien ; une formule ne fait pas un programme. Les Français ont besoin d'être rassemblés et non pas contraints à la vision subjective du verre à moitié vide ou à moitié plein. »
L’Euro et le Tour dans un climat tendu…
On revient à Libération qui se penche, dans le contexte actuel, sur les évènements sportifs à venir en France. « Après les attentats de Paris et de Bruxelles, l’Euro de football et le Tour de France vont se dérouler dans un climat tendu, pointe Libération. Jamais un été sportif n’aura autant mobilisé les forces de sécurité. Policiers, gendarmes, pompiers, démineurs, militaires, sécurité civile, tous seront sur le pont et ont renvoyé leurs congés aux calendes grecques. Aux tensions déjà vives provoquées par la contestation à la loi El Khomri, l’Euro et le Tour de France apportent leur lot de turpitudes, pointe le journal. Du 10 juin au 10 juillet, il s’agira de contenir, outre une menace terroriste écarlate, des groupes de hooligans venus spécialement pour en découdre. Et si l’Etat a bien évidemment tout mis en œuvre pour éviter les troubles, une inquiétude persiste au niveau de la sécurisation des fan-zones (…), ces grands rassemblements festifs en accès libre et gratuit de dizaines de milliers de supporteurs organisés dans chaque ville hôte - et dont la sécurité interne incombe entièrement aux sociétés privées. »