En début de semaine, Washington et Bruxelles ont tapé du poing sur la table. « Les Etats-Unis sont préoccupés par une tendance à la hausse des intimidations, du harcèlement et des arrestations des membres de l'opposition et des leaders de la société civile en RDC, rapporte le site d'information congolais Direct CD. Pour Washington, Kinshasa doit mettre fin à ces violations de droits des opposants avant que le dialogue convoqué par le président Joseph Kabila n'ait lieu ».
Bruxelles a donc également haussé le ton : « les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, pointe le site d'information congolais 7 sur 7, ont exhorté le gouvernement congolais de toutes les parties prenantes, dont la Commission électorale nationale indépendante, à favoriser des conditions compatibles avec la tenue d'élections libres, transparentes, inclusives et pacifiques, avec en point de mire la présidentielle et les législatives nationales. (...) Bien qu'ils ne soient pas passés à la phase des sanctions contre les radicaux qui bloquent le processus électoral et réduisent chaque jour l'espace politique, leur position a tout l'air d'un dernier avertissement en direction de Kinshasa, estime 7 sur 7. Après avoir lancé des mises en garde à répétition, l'Occident pourrait se trouver à bout de patience et frapper finalement les personnalités présumées responsables du blocage du processus électoral et des restrictions des libertés fondamentales. »
Droit dans ses bottes ?
Cet appel de l'UE et des Etats-Unis sera-t-il entendu par Kabila et les siens ? « L'on peut en douter, répond Le Pays au Burkina. Car, depuis plusieurs mois, il est de plus en plus manifeste que le président congolais manoeuvre pour se remettre dans la course pour la prochaine présidentielle que lui interdit pourtant la Constitution congolaise. La seule alternative qui semble lui rester est d'obtenir un glissement du calendrier électoral par la non-tenue des élections à bonne date, ce qui pourrait lui permettre de se remettre en selle et briguer un nouveau mandat. (...) Si la communauté internationale a encore la faiblesse de croire en la bonne foi du pouvoir de Kinshasa à aller à des élections, elle devrait se convaincre, une fois pour toutes, du contraire. Car, Kabila est en train de mener tout le monde en bateau, lance encore Le Pays, dans le seul but de s'accrocher au pouvoir. »
De son côté, relève l'Observateur Paalga, toujours au Burkina, « l'opposition a appelé à une journée de mobilisation demain jeudi. Elle entend contraindre le pouvoir à organiser la présidentielle dans le délai constitutionnel. C'est-à-dire en novembre 2016. Pour autant, s'interroge le quotidien ouagalais, parviendra-t-elle à faire fléchir Kabila-fils de cet entêtement à se maintenir au pouvoir au terme de ce qui est prévu être son second et dernier mandat ? »
Et Katumbi ?
Autre question, cette fois posée par Jeune Afrique : « Que va faire maintenant Moïse Katumbi ? Après son inculpation pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle en RD Congo, a été autorisé à quitter le territoire national pour suivre des soins médicaux appropriés en Afrique du Sud. » Mais finalement, confie à Jeune Afrique un magistrat de la capitale congolaise, « peu importe la décision de l'opposant, le scénario voulu par Kinshasa paraît irréversible : disqualifier de la course à la présidentielle un candidat populaire devenu le principal rival du camp présidentiel. »
« Visiblement, ce n'est pas évident de mettre Moïse Katumbi en prison », admet un cadre de la majorité présidentielle interrogé toujours par Jeune Afrique. « Le dossier est complexe, explique-t-il, et divise au sein même de l'entourage du chef de l'Etat : d'un côté le camp des durs qui veut poursuivre cette affaire jusqu'au bout - position défendue notamment par des responsables de l'Agence nationale de renseignement et certains faucons de la majorité présidentielle -, et de l'autre, un camp plus modéré qui considère qu'il est trop risqué d'avoir les Etats-Unis à dos en cette période préélectorale déjà tendue. »
Enfin, pour le site d'information Afrikarabia, « hors du pays, Katumbi se retrouve de facto hors course pour la suite du feuilleton politique. Le patron du TP Mazembe devra donc décider rapidement de son sort : rester en Afrique du Sud le temps des soins et rentrer au Congo avec le risque de se faire arrêter à sa descente d'avion, ou bien rester en Afrique du Sud et perdre le contact avec ses soutiens en RDC. (...) Un élément pourrait peut-être changer la donne, conclut Afrikarabia : la mobilisation populaire lors de la journée de protestation prévue demain. »