« La première explication de cet exode c’est que le peuple érythréen vit un drame et ce drame il porte un nom que l’on a bien connu en Europe, c’est le totalitarisme. Il est impossible d’avoir une vie normale dans ce pays : l’Etat est partout et puis il menace chaque citoyen. Pas seulement, les opposants politiques mais chacun. Politisés ou non, on a un service national à durée indéterminée, indéfini et sous-payé donc l’espoir n’existe pas dans ce pays. Par ailleurs, il y a des tortures, des arrestations la nuit, l’évaporation comme dans le roman 1984, c’est-à-dire que vos proches disparaissent et vous n’avez plus aucune nouvelle. Tout le monde est donc menacé dans ce pays. Il n’y a pas de secteur privé, pas d’initiative, la pauvreté est implacable et donc, logiquement l’espoir est antérieur à la frontière.
De très nombreux Érythréens le fuient : 300 000 en 10 ans, de 2003 à 2013, c’est-à-dire 10% à peu près de la population..(...) A la frontière, le pouvoir applique une politique de 'shoot to kill', c'est-à-dire que celui qui essaie de s'enfuir du pays risque sa vie, tout simplement en franchissant la frontière. (...). La guerre est un alibi commode pour la tyrannie et la psychologie de guerre est nécessaire au totalitarisme... ».