A la Une: des municipales agitées au Burkina Faso

« Hier dimanche, les Burkinabè se sont rendus aux urnes pour la conquête des 368 communes dont dispose le pays, pointe le quotidien Le Pays à Ouaga. (…) Ce scrutin de proximité, le premier du genre, au Burkina post-Transition auquel participent quatre-vingt-cinq partis politiques et regroupements d’indépendants (…) constitue un double test pour le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré. D’abord, il lui permettra de recevoir le feed-back des communautés à la base sur sa gestion du pouvoir d’Etat, consécutivement au semestre passé à la tête du Burkina. Ensuite, il s’agira de tester la capacité ou non du pouvoir de l’Enfant de Tuiré à tenir une consultation électorale dans un climat de sécurité acceptable. »

Bref, « Ces municipales permettront au pays de prendre le pouls de sa démocratie », résume Le Pays. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce pouls a baissé… si l’en juge déjà par le taux de participation… Il serait faible selon L’Observateur Paalga, même très faible. « Moins de 50% ? 30% tout au plus ? Ou, comme le présage un confrère, autour de 20% ?, s’exclame le quotidien ouagalais. Un désintérêt qui contraste avec le taux de participation assez honorable, 59,88%, enregistré lors des présidentielle et législatives couplées du 29 novembre 2015. »

Manque de maturité politique ?

Pourquoi ce désintérêt ? L’un des facteurs explicatifs, toujours selon L’Observateur Paalga, est le contexte socio-économique actuel. « Pour être mal tombées, ces municipales le sont, s’exclame-t-il. Elles interviennent au moment où le Burkina et les Burkinabé se cherchent, comme on dit chez nous. Cherté continue de la vie, conjoncture économique peu reluisante, insécurité grandissante, incivisme généralisé, délitement prononcé de l’autorité de l’Etat dont on voit les manifestations jusque dans les établissements et chienlit dans la circulation routière. Comme si tout cela ne suffisait pas, Ouagadougou vit l’une des pénuries d’eau les plus sévères de son histoire, agrémentée par des délestages intempestifs et répétés d’électricité. »
Qui plus est, relève encore L’Observateur, « la Transition, dont les bruits de casseroles commencent à monter, n’a pas été à la hauteur de cette espérance ; et le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré peine à faire bouger les lignes. »

Le site d’information Guinée Conakry Infos enfonce le clou et met en exergue les incidents qui ont émaillé le scrutin : « les Burkinabè auront négativement surpris par ces consultations gravement émaillées d’échauffourées regrettables et compromettantes pour l’image de cette seconde révolution, qui avait la grande sympathie des démocrates du monde. (…) En se livrant aux blocages des urnes, aux rejets du matériel électoral ou encore au sabotage systématique des élections dans certains bureaux, les partisans et militants du Faso auront montré un manque inquiétant de maturité politique, alors que jusque-là chacun était convaincu du contraire. »

Un troisième mandat pour Alpha Condé ?

A la Une également, la démocratie à la peine aussi en Guinée… Avec une semaine agitée dans le pays, comme nous l’explique le site d’information Ledjely.com. « C’est le dimanche 15 mai dernier, que le président de la République, avec sa fameuse phrase 'le peuple décidera' a déclenché la controverse autour d’un éventuel troisième mandat. Bien entendu, comme on pouvait s’y attendre, le sujet a pris en otage l’actualité de la semaine. De partout, on a commenté cette déclaration qui, pour beaucoup, symbolise une volonté longtemps soupçonnée de la part du président Alpha Condé d’aller au-delà de la ligne rouge. L’écrasante majorité de ces commentaires est plutôt défavorable à toute idée de modification constitutionnelle, note Ledjely.com. La question agace jusque dans les rangs du RPG-arc-en-ciel dont les responsables, mis devant le fait accompli, se retrouvent entre cette volonté présidentielle et la désapprobation générale. Finalement, seul le silence de la société civile étonne, relève le site guinéen. D’autant qu’ailleurs, elle est celle dont l’action a été déterminante face de telles velléités. (…) Une perspective d’autant plus navrante, soupire Ledjely.com, qu’au Sénégal et au Burkina Faso, le collectif Y’en a marre et le Balai citoyen s’étaient, dans des circonstances identiques, à jamais inscrits dans l’histoire de leur pays respectifs. La société civile guinéenne renoncerait-elle à un tel privilège ? Les semaines et mois à venir apporteront la réponse. »

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