« Jour après jour, constate La Montagne, François Hollande avance un peu plus vers la candidature à l’élection présidentielle. Hier matin, au micro d’Europe 1, il a déroulé encore une fois son bilan et enfoncé le clou de son credo du printemps, le “ça va mieux”, non sans afficher sa fermeté face aux contestataires de la loi El Khomri. »
En effet, pointe Paris-Normandie, « ce sont bien les habits de l’homme en campagne qu’a revêtus hier celui qui ne cesse de marteler comme un mantra que “ça va mieux”. François Hollande est au combat pour convaincre que son bilan est bon et qu’aucune autre voie que celle qu’il a commencé à tracer, en janvier 2014 avec l’inflexion social-libérale n’est possible, même s’il ne l’avait pas formulée en amont […]. Le président s’invite en chef de file dans le tumulte de la gauche, il cogne sur la droite. Pas de doute, Hollande le candidat est de retour. »
Il ne doute de rien, s’exclame La Voix du Nord : « il faut à François Hollande une sacrée dose de confiance en lui pour espérer que ça ira mieux aussi pour lui d’ici à la fin de l’année et qu’il sera en mesure de se représenter. Tous ceux qui sur sa gauche rêvent d’incarner la candidature de recours ont dû s’étrangler en l’entendant proclamer qu’“il n’y a pas d’alternative à gauche” en dehors de la politique “social-démocrate” qu’il assume et le gouvernement qui la conduit. Avec cette affirmation, François Hollande referme un peu plus la porte à des primaires à gauche. »
Le Canard Enchaîné renchérit : « pour la bataille électorale, le grand redresseur de courbe ne semble pas un instant effleuré par le doute. Le passage de la loi Travail à coup de 49-3 a beau avoir un peu plus fracassé la majorité, tout va très bien quand même. […] En dépit du “mieux” claironné, ce n’est pas avec une critique des programmes de droite, une promesse de baisse des impôts, ni avec une émission de plus pour ne pas dire grand-chose et se faire cabosser, que la “vraie” réalité va s’améliorer ! »
Et le Canard d’enfoncer le clou avec ce dessin représentant Hollande candidat pour 2017, avec ce slogan : « c’est maintenant que ça va aller encore mieux. »
Les policiers en colère
Si c’est l’interview hier de François Hollande qui alimente les éditoriaux ce matin, ce sont les policiers qui font la Une… Les policiers qui manifestent ce mercredi dans plusieurs villes de France pour dénoncer « la haine anti-flic ».
« Face aux violences, la colère des policiers », lance Le Figaro en première page. « C’est une colère singulière qui va s’exprimer aujourd’hui dans les rues de France, pointe le quotidien d’opposition. D’abord parce qu’elle est celle d’hommes et de femmes qui manifestent très rarement. Ce sera la troisième fois en quinze ans. Ensuite parce qu’ils ne s’opposent pas à une décision du gouvernement mais déplorent, au contraire, son absence de décisions. Face à la brutalité des casseurs, les forces de l’ordre attendent des consignes qui ne viennent pas. Elles en sont même à se demander si le pouvoir exécutif ne laisse pas faire les violences pour jeter le discrédit sur le mouvement des réfractaires à la réforme du Code du travail […]. Qu’il semble loin, soupire Le Figaro, le temps où le ministre de l’Intérieur se félicitait, avec raison, des applaudissements destinés aux forces de l’ordre, après les attaques islamistes de janvier 2015 ! »
Des images parfois trompeuses…
« Souriez, vous êtes filmés ! », titre pour sa part Libération. Et il s’agit là du même sujet. Libération qui relève que « police et manifestants, désormais, évoluent sous l’objectif omniprésent de milliers de reporters bénévoles, qui diffusent aussitôt sur les réseaux les scènes de violence qui émaillent les manifestations. Cette transparence nouvelle a des effets encore difficiles à mesurer, mais à coup sûr importants. Elle comporte un risque, pointe Libération : une seule scène d’affrontement, si elle est choquante, peut donner une idée fausse de l’ensemble. Impressionné par telle ou telle image, le public peut imputer à une des parties la responsabilité essentielle de la violence. Certains retiendront les brutalités inadmissibles commises par des policiers sur des manifestants pacifiques ou bien en fuite, comme à Rennes, pour incriminer les forces de l’ordre dans leur ensemble. D’autres, devant la violence de certains manifestants, tendront à confondre la masse des protestataires avec la minorité agressive qui détruit vitrines et mobilier urbain ou qui attaque la police avec une détermination coupable, quand elle ne s’en prend pas… au service d’ordre syndical, aimablement qualifié de “collabo”. »
Bonne image !
« Mais si, les Français vous aiment ! », s’exclame Le Parisien, avec cette photo de CRS se protégeant des projectiles avec leurs boucliers. « Le consensus est évident, affirme le journal : la police reste à des niveaux de popularité stratosphériques enregistrés il y a un an, après les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher à Paris, puis trois mois après les attentats de Paris et Saint-Denis. »
Le Parisien qui s’appuie sur un sondage qui montre que « l’image de la police est toujours de 17 points supérieure aux niveaux enregistrés en 2014, avant les tueries terroristes. Les Français ont donc toujours confiance dans les forces de l’ordre. C’est même le premier sentiment que la police leur inspire. Si les policiers se plaignent de la “haine antiflic”, il convient de rappeler que seulement un Français sur dix ressent de l’hostilité à leur égard et que 91% des interrogés comprennent le ras-le-bol des policiers. »
Commentaire du Parisien : « les policiers sont aussi, et avant tout, les garants de notre sécurité. Celles et ceux qui peuvent risquer leur vie pour sauver la nôtre comme ils l’ont démontré à plusieurs reprises ces derniers mois. Alors oui, dans leur immense majorité, les Français aiment leurs policiers. Mais cet attachement à un revers. Une attente d’excellence et de contrôle qui fait que le moindre dérapage des forces de l’ordre peut être vécu comme une trahison. Une exigence simplement à la hauteur de l’estime qui leur est portée. »
Médiocrité…
Enfin, « L’extrême droite aux marches du pouvoir en Autriche » : c’est le grand titre du Monde. « Le candidat d’extrême droite du FPÖ, Norbert Hofer, est donné favori pour l’élection présidentielle de dimanche prochain. Il a obtenu plus de 35% des suffrages au premier tour, a distancé son rival écologiste et éliminé la coalition au pouvoirEn cas de victoire, relève Le Monde, le chef réel de l’extrême droite, Heinz-Christian Strache, pourrait être nommé chancelier. »
Commentaire de la Presse de La Manche : « en Europe, la médiocrité des responsables en place permet une radicalisation qui commence à se traduire dans les inflexions politiques, et le résultat des élections où l’on voit émerger un fascisme sans complexe dont les programmes montent en violence avec régularité. L’absence de réflexion de qualité, soucieuse d’améliorer le monde, produit un repli, un rejet, une overdose de nationalisme qui ne s’embarrasse plus du politiquement correct. Ce n’est pas l’Europe qui est médiocre, conclut le quotidien normand, ce sont les dirigeants européens qui ne sont pas à la hauteur des problèmes actuels. C’est inquiétant. »