Le projet de Hinkley Point soutenu par François Hollande

Depuis quatre ans, EDF est censée construire deux réacteurs nucléaires à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre. Mais l’électricien français se heurte à des difficultés de financement et pour l’instant, le projet est paralysé.

La semaine dernière, le Comité central d'entreprise d'EDF a demandé une expertise externe. En cause : le coût du projet qui s’élève à 23 milliards d'euros dont les deux tiers incomberont à EDF associée dans cette opération à une entreprise chinoise. C’est trop pour les finances du groupe, estimait le directeur financier d'EDF qui a démissionné en mars.

L'électricien, déjà lourdement endetté, doit faire face à d'autres investissements importants : la rénovation du parc nucléaire français, les EPR en Finlande et à Flamanville qui prennent du retard et coûtent donc de plus en plus cher. Et tout cela, alors que le prix de l'électricité a fortement chuté.

Les syndicats, eux aussi, sont inquiets

Ils demandent un report du chantier britannique de deux ou trois ans, le temps que la santé financière de l'entreprise s'améliore. EDF doit d'ailleurs augmenter son capital de 4 milliards d'euros d'ici la fin de l'année, avec un apport de la part de l'Etat des trois quarts.

Dans le même temps, l’Etat doit trouver 4 milliards d'euros pour recapitaliser Areva et va donc sans doute devoir vendre des participations dans des entreprises, en plus des aéroports de Nice et de Lyon.

Le PDG d'EDF, lui, ne veut pas entendre parler de report pour Hinkley Point

Il compte lancer les travaux dès que le CCE aura donné son feu vert et répète que le projet est rentable à terme. Emmanuel Macron le soutient et avance la date du mois de septembre prochain. François Hollande aussi est pour. Il l'a redit ce mardi matin, sur Europe 1. Egalement favorable au projet, le Premier ministre britannique David Cameron.

Ségolène Royal, voix discordante au sein du gouvernement français.

La ministre de l'Environnement et de l'Energie trouve que les sommes en jeu sont colossales au regard de la santé de l'entreprise. Elle craint surtout que les investissements dans les énergies renouvelables qu'EDF a promis de faire, passent à la trappe. Elle réclame donc des assurances de la part de l'entreprise. C'est ce qu'elle a expliqué dans un entretien au Financial Times, vendredi dernier.

Ségolène Royal reconnaît toutefois que si EDF se retirait du chantier, l'image de la France en prendrait un sacré coup. Les concurrents d'EDF ne manqueront pas d'affirmer que « l'Etat ne tient pas sa parole », a expliqué la ministre.

La réputation d'EDF serait aussi ternie en cas de désistement


Comment accéder à de nouveaux marchés après en avoir abandonné un ? Explique le PDG de l'entreprise. EDF vise un contrat de 6 EPR en Inde. La France ne peut pas perdre de parts de marché dans le domaine du nucléaire à l'étranger, a renchéri François Hollande ce mardi. Le Président a rappelé, par ailleurs, que l'industrie nucléaire, c'est 200 000 emplois en France et l'indépendance énergétique du pays.

Difficile donc de laisser tomber Hinckley Point, d'autant qu'il n'y a pas de plan B, contrairement ce qu'affirmait la semaine dernière, un parlementaire britannique. Ce lundi, le groupe nucléaire chinois CGN - partenaire d'EDF dans ce projet - a démenti qu'il pourrait construire tout seul deux réacteurs plus petits sur le site en cas de retrait d'EDF. L'entreprise souhaite se concentrer sur un autre dossier.

Elle veut construire un réacteur de conception chinoise dans l'Essex et développer sa propre technologie. Les Chinois espèrent pouvoir un jour rivaliser avec les EPR d'EDF.

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