A la Une: «Affaire Baupin», le sexisme basta!

Le « ça suffit » d’anciennes ministres excédées par le sexisme des hommes politiques, voilà le dernier en date des épisodes de ce scandale qui a vivement secoué la classe politique française cette semaine après qu’ait éclaté l’« affaire Baupin », du nom de ce dirigeant écologiste accusé de harcèlement sexuel par plusieurs femmes de son propre parti. Dans une tribune publiée ce matin par Le Journal du Dimanche, dix-sept anciennes ministres préviennent. « Cela suffit. L’impunité, c’est fini. Nous ne nous tairons plus ». Pour Le JDD, pas de doute, la semaine qui s’achève « restera dans l’histoire des luttes des femmes ».

 
Tout a donc commencé avec l’« affaire Baupin », du nom de cet élu écologiste de Paris et figure de proue du parti Europe Ecologie Les Verts. Mis en cause par des femmes sur le site d’information en ligne Mediapart comme par la radio France Inter, Denis Baupin, précisons-le tout de suite, proteste de son innocence et a dit son intention de porter plaintes contre ces deux organes de presse. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire.

Circonstance aggravante dans cette affaire, ces agressions sexuelles présumées se seraient produites au sein-même d’Europe écologie les verts, parti qui se veut parangon de vertu en matière de défense des droits des femmes. « En apparence un modèle, souligne Marianne. C’est pourtant au cœur de cette formation qu’aurait sévi en toute impunité pendant des années un mâle dominant, menaçant, agresseur, harceleur : Denis Baupin, par ailleurs époux et père des enfants de l’ancienne patronne du parti, Emmanuelle Cosse ».

Sans préjuger son éventuelle responsabilité pénale, qu’il appartiendra à la justice de prouver, ce scandale à multiples facettes concerne en effet « en premier lieu le petit monde de la politique », souligne Marianne. Il y sévit un « mal d’autant plus grave et profond que des règles sont censées le combattre », rappelle l’hebdomadaire.

« Affaire Baupin » : l’omerta

Seulement voilà, au sein des partis politiques, c’est l’omerta, cette loi du silence, la seule vraiment respecté par la mafia. On soulignera ici que les dix-sept signataires de la tribune du JDD viennent de tous bords politiques. Et Le Journal du Dimanche publie de nombreux témoignages de militantes des partis de gauche comme de droite. Jusque et y compris au sein du pouvoir exécutif. Témoin cette histoire d’un « poids lourd des gouvernements de François Hollande » se renseignant sur une députée et demandant à l’ancienne ministre écologiste Cécile Duflot : « A part ses seins magnifiques, elle est comment ? ». Témoin Rama Yade qui dit à l’hebdomadaire qu’il y a « des gens qui vous tripotent ». N’en jetez plus…

Vous avez dit « omerta » ? Les écolos, en tout cas, « ne pourront pas s’exonérer d’une analyse des responsabilités, prévient Marianne. Comment, sur un sujet aussi grave, ont-ils tous pu fermer les yeux ? […] Comment les écolos ont-ils pu protéger Baupin ».

Mais au-delà de la classe politique, ce scandale interpelle aussi sur les violences faites dans d’autres univers aux femmes. « Ce serait une erreur de croire que la liberté des femmes n’est menacée que dans ce seul univers, souligne Marianne […] il s’agit donc d’agir ».

Mélenchon : Valls basta !

Pendant ce temps, à l’Assemblée nationale, la loi travail a été adoptée en première lecture via la procédure d’urgence de l’article 49-3 de la Constitution. Mais la contestation se poursuit dans la rue comme au sein de la gauche.

Dans la rue avec, notamment, des violences, hier à rennes, dans l’ouest de la France, lors d’une manifestation interdite contre les prétendues violences policières.

Au sein de la gauche, avec, ce matin, dans Le Journal du Dimanche, le candidat de la gauche de la gauche à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon trouve que la politique du Premier ministre Manuel Valls accélère les « violences sociales » comme les « tensions », et il propose aux frondeurs socialistes de « faire équipe » avec lui. Car, ajoute-t-il, « dans deux mois, Valls sera renversé ».

Periscope : immatures « e-mateurs »

La classe politique, on le disait, est secouée par l’« affaire Baupin », donc. Mais en France encore, ce sont les consciences qui ont été secouées par un fait-divers dramatique : le suicide d’une adolescente diffusé en direct sur Internet. La jeune fille était en effet en direct sur Periscope, une application qui permet de diffuser ses images sur le réseau social Twitter. Elle a filmé son geste et celles et ceux qui la suivaient alors ont pu la voir se jeter sous un train dans une gare de la banlieue parisienne.

Sans imaginer qu’une telle tragédie puisse un jour se produire, le magazine GQ faisait auparavant en termes élogieux grand cas de ce nouveau média qu’est le « live streaming », dont Periscope est probablement le plus connu des avatars, et qui permet de filmer avec son smartphone et de diffuser la vidéo en direct sur Twitter. « Les e-télespectateurs connectés peuvent, en live, commenter par écrit, tandis que celui qui filme répond oralement à qui bon lui semble », s’émerveille GQ. Ce qui n’est pas tout à fait vrai, surtout quand celui qui filme est passé sous un train. Mais en être réduit à persifler sur les dérives de la diffusion sans limites, comme je viens de le faire, est une réaction probablement inaudible aux oreilles du public – généralement jeune – utilisateur de Periscope, comme des actionnaires de Twitter, dont l’action, introduite ne novembre 2013 à 26 dollars à la bourse de New-York, « stagne désormais à 17 dollars », remarque GQ, et qui attendent sans doute beaucoup de Periscope pour redonner des couleurs à leurs titres délaissés en bourse…

Almodovar : la « izquierda-caviar »

A propos d’actionnaires, « l’affaire des Panama papers » a encore apporté cette semaine son lot de révélations. Parmi les noms célèbres livrés en pâture au public, celui de Pedro Almodovar.

Lui et son frère ont en effet été épinglés par la presse alors que sortait le dernier film du cinéaste espagnol. En France, c’est dans L’Obs, que Pedro Almodovar a choisi de s’expliquer sur ces révélations. Il y confirme l’existence de cette société off-shore créée en 1991 et dont il dit n’avoir appris l’existence qu’en février dernier. Il accuse son frère d’avoir commis une « faute » en la créant. Il admet que le fait d’en avoir « tout ignoré », n’est « pas une excuse ». Il déclare à l’hebdomadaire qu’il a « toujours été de gauche » et qu’il l’est « encore ». S’il le dit…

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