C’était hier la journée mondiale de la liberté de la presse, l’occasion donc de dresser un état des lieux. Cette tâche, c’est l’organisation Reporters Sans Frontière qui l’accomplit en publiant chaque année un classement mondial de la liberté de la presse. Et « pour beaucoup de pays », note L’Observateur du Burkina, ces classements « se suivent et se ressemblent ». Sur le continent africain, c’est le cas de l’Erythrée notamment, relève le journal. Le pays est une fois de plus en bas de ce classement. Mais L’Observateur se désole aussi de la situation du Burundi. Un « cas navrant » estime le journal. Le pays a perdu 11 places cette année, du fait – écrit Alain Saint-Robespierre – « de la guerre civile consécutive au troisième mandat controversé de Pierre N’Kurunziza ».
De son côté, Afrikarabia.com s’inquiète de la situation en République démocratique du Congo. Le pays se classe cette année 152ème sur 180. C’est deux places de moins que l’an dernier et il s’agit de « la troisième plus forte baisse du continent africain » relève le site d’information. La raison de cette rétrogradation ? Pour Afrikarabia.com, c’est le « climat délétère » actuel. « A l’approche de la présidentielle » prévue pour la fin de l’année, « la presse est particulièrement malmenée » estime Afrikarabia, reprenant quelques exemples retenus pas Reporters Sans Frontière : agression, menaces de journalistes. Et même assassinat de deux d’entre eux : Robert Chamwami Shalubuto et Soleil Balanga.
Le Burkina Faso devant la France
Mais il y a aussi des pays sur le continent où la situation est plus brillante. C’est le cas particulièrement du Burkina Faso et la presse locale s’en félicite. « Comment ne pas s’(en) enorgueillir » interroge même L’Observateur ? Le pays occupe le 42ème rang mondial. Il se trouve « juste derrière les Etats-Unis, 41ème, et devant la France, 45ème » relève le journal. Cette 42ème place le met également au rang de cinquième meilleur élève du continent en matière de liberté de la presse. Un classement qui « ne saurait étonner quiconque a suivi l’évolution sociopolitique du Burkina depuis quelques années » estime Alain Saint-Robespierre. Et pour l’auteur de l’article, il faut se garder de « lier cette performance à la seule Transition ». Il reconnaît les avancées obtenues durant cette période : des textes « progressistes » ont été adoptés. Ce fut le cas notamment, relève Alain Saint-Robespierre, de la dépénalisation des délits de presse. Mais cette « dynamique de la liberté de la presse a été enclenchée il y a bien plus longtemps » écrit-il, « sous le régime de Blaise Compaoré » même s’il ne faut pas oublier, relève l’auteur, « la tâche noire » que représente l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.
Et c’est justement au centre national de presse créé en mémoire de Norbert Zongo que Le Faso a été passer la journée, hier. Une journée de réflexion sur la presse face au renouveau démocratique y était organisée. Et le quotidien relève deux mises en garde lancées par le président du comité de pilotage du centre. La première porte sur le développement des technologies de l’information et de la communication. Cette nouvelle « arme », estime Boureima Ouédraogo, peut être « une menace pour la crédibilité et l’équilibre de l’information » car la déontologie journalistique n’y est pas toujours respectée. Et puis, pour le président du comité de pilotage du centre, l’autre menace tient aux journalistes eux-mêmes. Ils doivent se garder, estime-t-il, de tout « subjectivisme »,d’exprimer « des rancœurs mal contenues ». « Nous ne pouvons pas brader et sacrifier toutes les victoires de notre peuple, arrachées de hautes luttes, sur l’autel de nos égoïsmes ».
« Visite historique »
Paul Biya, le président camerounais, est au Nigeria. Une « visite historique » relève Le Djely en Guinée. Historique car les deux pays entretenaient jusque-là des relations plutôt compliquées. Des différends territoriaux et « une divergence d’approche dans la lutte contre Boko Haram » les ont opposés, note le site d’information.
Il y a donc réchauffement entre les deux voisins. Un réchauffement dû au nouveau président nigérian, Muhammadu Buhari. Il a été le premier à comprendre « la nécessité de dépasser les blocages géopolitiques en partie hérités de l’époque coloniale » estime Le Djely. C’est lui d’ailleurs qui est à l’initiative de cette visite de Paul Biya chez lui, relève La Nouvelle Tribune au Bénin.
Pour Le Djely, ce réchauffement entre les deux voisins a déjà eu un effet : « les terroristes sont moins à l’aise dans la région » écrit Boubacar Sanso Barry. Et cette coopération pourrait s’avérer fructueuse également sur le plan économique : le Cameroun a des denrées agricoles à exporter vers son grand voisin et le Nigeria des hydrocarbures dont le Cameroun pourrait être preneur. « De la normalisation de leurs relations diplomatiques, le Nigéria et le Cameroun pourraient engranger des avantages qui vont au-delà de la victoire éventuelle contre Boko Haram » conclut l’auteur.