Le rebond des matières premières, spectaculaire en 2016, risque bien d'être en trompe-l’œil. Le complexe des céréales et des oléagineux s'est par exemple fortement ressaisi en particulier la semaine dernière. Avec des inondations en Argentine, qui auraient amputé de 5 % la récolte de soja chez le premier exportateur d'huile et de tourteau, le prix de la graine est repassé au-dessus de 10 dollars le boisseau à la Bourse de Chicago. À l'inverse, c'est la sécheresse au Brésil qui a réduit la récolte de maïs, au point que le géant latino-américain doit en importer des pays voisins et peut-être même des États-Unis, d'où un gonflement des prix.
Du côté du pétrole et des métaux, le regain des prix s'est accentué au mois de mars, après la décision de Pékin de stimuler à nouveau le bâtiment en encourageant le crédit. Les aciéries chinoises, la moitié de la production mondiale, ont recommencé à produire de plus belle et donc à acheter du minerai de fer, une matière première qui vaut 60 % de plus qu'en décembre dernier, son creux historique.
Des excédents encore très lourds
Mais que ce soit dans les grains ou les métaux, cette embellie ne peut faire oublier les excédents encore très lourds de production, à part quelques exceptions comme le zinc. L'attention des marchés s'est d'ailleurs tournée en ce début de semaine vers les prairies américaines, où l'on va encore semer des surfaces record de maïs et de soja, malgré les pesants stocks mondiaux. Les prix des grains sont à nouveau en repli, tout comme est en repli le prix du minerai de fer en ce début de semaine.
Les dirigeants des groupes miniers eux-mêmes, que ce soit BHP ou Rio Tinto, avaient averti qu'après quelques retards dans le lancement de nouvelles infrastructures, une production supplémentaire de minerai de fer australien à bas coût déboulerait sur le marché et qu'il fallait s'attendre à un ramollissement des prix dans le courant de l'année. Une rechute pronostiquée par la plupart des banques, la plus pessimiste étant Goldman Sachs, qui n'a qu'un conseil sur le minerai de fer : « vendez ! »