A la Une: l’ultimatum du patronat

C’est un véritable ultimatum que Pierre Gattaz, le patron du Medef, a adressé hier à Manuel Valls. « Sous la pression de ses adhérents, Pierre Gattaz a durci le ton contre le projet de loi El Khomri, précisent Les Echos. Le président du Medef a menacé de demander la suspension de la négociation sur l’assurance-chômage actuellement en cours, si le gouvernement ne revoyait pas sa copie sur le projet de loi d’ici à trois semaines. Le Medef souhaite le retrait de trois mesures principales : le mandatement pour les entreprises qui n’ont pas de délégués syndicaux, le compte personnel d’activité et la surtaxation des CDD annoncée par Manuel Valls. L’entourage du Premier ministre a envoyé dès hier une fin de non-recevoir au Medef, estimant que le projet de loi offrait beaucoup de souplesse aux entreprises. »

Tout ça pour ça, soupire L’Opinion. « Une fois de plus, l’alchimiste-président aura réussi à transformer de l’or en plomb. Une refonte du Code du travail censée favoriser l’emploi va finir en un texte sans queue ni tête, en passe d’abîmer le paritarisme, d’étouffer le dialogue social, de mener les entrepreneurs-employeurs au bord de la rupture et d’enterrer pour longtemps toute velléité de modernisation. Jusqu’à la caricature, conclut le quotidien d’opposition, la loi El Khomri illustre l’incapacité de l’exécutif à mener à bien une réforme. »

La Croix s’inquiète… « On peut certes comprendre que les dirigeants d’entreprise, ceux du Medef comme ceux de la CGPME, soient contrariés par la tournure qu’a prise la réforme du code du travail. Le texte initial répondait à un bon nombre de leurs préoccupations. Mais, pointe le quotidien catholique, en raison de la levée de boucliers suscitée par le projet de loi El Khomri, le gouvernement et les députés ont apporté des modifications au texte dans un sens plus favorable aux salariés – sans pour autant que cela lève les oppositions. »

Alors attention, prévient La Croix, « le risque est grand d’aboutir à un blocage complet du processus. Auquel cas il n’y aurait que des perdants. »

Pour La Charente Libre, « l’ultimatum de Pierre Gattaz apparaît surtout comme un message à ses adhérents. Celui d’un patron des patrons renouant avec sa promesse de campagne électorale de diriger un “Medef de combat”. Au risque de compromettre encore plus un dialogue social entravé par les surenchères permanentes. Et de démontrer par l’absurde la difficulté de réformer à un an des principales échéances électorales. »

Le Midi Libre note une radicalisation aussi bien à gauche qu’à droite : « Olivier Besancenot a, lui aussi, mis la pression sur Manuel Valls en suggérant trois jours de grève générale en mai “pour avoir la peau” de la fameuse réforme. Avec Nuit debout, la grogne des jeunes et la grève annoncée des cheminots, voilà qui nous promet un joli printemps social. Des manifestations qui vont encore mettre à mal l’autorité de l’Etat. On se demande comment le “Battling Joe de Matignon” va pouvoir desserrer l’étau. Affronter ce chantage. Venir à bout de ces intimidations. Certainement pas, le connaissant, en jetant l’éponge. »

Une affiche qui fait polémique…

Autre polémique à la Une, celle de l’affiche de la CGT contre les violences policières… L’écusson des CRS, une matraque et une flaque de sang : c’est l’affiche que le syndicat Info’Com-CGT a publiée samedi, sur son site internet, pour dénoncer les violences policières lors de la mobilisation contre la loi travail. Affiche qui fait polémique depuis lundi soir. L’image est accompagnée d’un texte : « Stop à la violence, la police doit protéger les citoyens et non les frapper ! »

Pour de nombreux journaux ce matin, la CGT est allée trop loin… « En plein congrès et en pleine crise du syndicalisme, la CGT s’accroche jusqu’à l’excès à son chiffon rouge, s’exclame L’Est Républicain, une stratégie de combat faisant fi du réformisme ambiant […]. Il serait réducteur et dangereux de souscrire à la fumeuse théorie du tabassage systématique. Surtout en ces périodes troublées où les forces de l’ordre ont été appelées en première ligne pour “défendre la patrie en danger”. »

« On se demande bien comment la CGT en est venue à se perdre sur le sujet des violences policières, soupire Le Journal de la Haute-Marne, quand on l’attend plus précisément sur son rôle premier : la défense des salariés. Cette affiche, malheureusement, peut avoir valeur d’étincelle. »

« Cette affiche marque les esprits, relève La Voix du Nord. Elle a choqué la classe politique. Il y a un an, des millions de Français “Charlie” applaudissaient les forces de l’ordre. Mais les mouvements sociaux ont repris le dessus. L’affiche dit autant sur la renaissance de cette opposition classique que sur la période délicate que traverse la CGT. »

Pour Le Courrier Picard, cette affiche n’est pas si choquante que ça… « Les rapports entre forces de l’ordre et manifestants se sont bien modifiés depuis la dissipation de “l’effet Charlie”,pointe le journal. Ou, plutôt, ils ont retrouvé une certaine norme. Avec des provocateurs et des excès. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui voit là une tentative de “détruire le lien de confiance entre la population et la police”, devrait s’interroger sur les faits qui ont suscité une telle défiance. Et sur les ordres qui ont, peut-être, pu les provoquer. »

Enfin, L’Humanité s’emporte contre ces attaques contre la CGT : « vu le climat social, la contestation contre la loi Travail, Nuit debout, etc., il n’y a rien d’étonnant, hélas. Une vieille haine se réveille et se déchaîne comme jamais, affirme le quotidien communiste. Cette haine puise dans les ressorts conservateurs et ne vise qu’à affaiblir l’un des syndicats les plus réformateurs, oui, un syndicat authentiquement réformateur : mais au bénéfice des salariés ! A fond, conclut L’Huma, cette haine porte un nom qui brûle leurs lèvres à tous. Une haine de classe. Qu’ils le sachent, nous ne sommes pas de la leur ! »

Cold cases…

Enfin, c’est Le Parisien qui nous l’apprend : la police judiciaire va rouvrir une centaine d’enquêtes criminelles… les fameuses « cold cases » du nom d’une série américaine à succès.

« Enquête sur 97 crimes oubliés », titre le journal. En effet, la police judiciaire a décidé de se pencher à nouveau sur des affaires non-élucidées afin de tenter de faire toute la lumière en mettant en œuvre les techniques d’analyse criminelles les plus performantes. Exemple : des disparitions d’enfants, comme la petite Estelle Mouzins en 2003.

Alors, précise Le Parisien, « les analyses ADN, l’examen scrupuleux des dossiers, la traque d’indices négligés ou la recherche de modes opératoires originaux sont au cœur des investigations menées par les spécialistes des cold cases de la police et de la gendarmerie. Des enquêtes, estime le journal, qui redonnent des raisons de croire en la justice à des familles parfois en attente de réponses depuis des décennies. »

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