Le Pape François était à Lesbos ce week-end, cette île grecque de la mer Égée qui est devenue la porte d’entrée vers l’Europe des populations fuyant la guerre en Syrie ou encore en Irak.
« “Vous n’êtes pas seuls”, leur a dit le pape à son arrivée dans le camp de Moria, rapporte La Croix, où sont enfermés environ 2 500 demandeurs d’asile, ajoutant : “Oui, beaucoup doit être encore fait !” À commencer, lance le quotidien catholique, par davantage de réinstallation de réfugiés sur le continent. Le pape François en a donné un signal retentissant et politiquement provocateur, ramenant trois familles syriennes musulmanes avec lui en Italie. Au total, douze réfugiés, dont six mineurs, sont montés samedi après-midi à bord de l’A320 d’Alitalia repartant pour Rome. »
« Un geste symbolique aussi fort qu’inattendu, commente La Croix. […] Le message adressé aux dirigeants européens est clair : le cadre du droit international vous permet de faire beaucoup mieux, vous oblige même à vous montrer plus généreux en matière d’accueil des réfugiés. Cette obligation d’assistance vaut tant que les populations du Moyen-Orient ne jouissent pas du droit fondamental à vivre en paix et en sécurité. La communauté internationale doit donc s’attaquer aux causes de la crise migratoire actuelle, mais cela ne saurait la dédouaner de ses responsabilités à l’égard de tous ceux qui fuient la guerre et les persécutions. »
Sud-Ouest applaudit : « il n’a pas eu besoin de mots. Juste d’un geste. En ramenant en avion des migrants coincés dans les camps de l’île de Lesbos, le pape François a tenu le plus juste des discours. »
La Charente Libre renchérit : « le “nous sommes tous des migrants”, lancé à Lesbos par le pape François, petit-fils d’immigrants italiens en Argentine, est un message politique fort valant piqûre de rappel pour une Europe défaillante et saisie par la tentation du repli au nom de la défense de “l’identité européenne”. […] En refusant de faire toute distinction entre chrétiens et musulmans, migrants économiques et réfugiés de guerre, le Pape n’évacue pas la complexité de cette crise humanitaire ni le travail de longue haleine indispensable pour en éliminer les causes. Il rappelle directement à tous ceux qui érigent des “murs inutiles” au nom de la préservation d’une “identité européenne” menacée qu’ils agissent à l’exact opposé des valeurs chrétiennes d’ouverture et de solidarité ayant servi de terreau à la construction européenne contemporaine. »
L’autre François…
Par ailleurs, « chez les réfugiés, un François en chasse un autre, relève Le Midi Libre. Vingt-quatre heures après le passage du pape en Grèce, c’est le président Hollande qui s’est invité dans un camp du Liban. Une première pour un souverain pontife et un chef d’Etat. La comparaison est flatteuse mais elle s’arrête là, pointe encore Le Midi Libre. Car, contrairement au descendant de saint Pierre, le président français n’a pas ramené de Syriens dans ses bagages. Et heureusement !, s’exclame le journal. Que n’aurait-il entendu s’il avait fait ce geste de fraternité. Récupération politique, décision isolée, plan de communication… Rien ne lui aurait été épargné. Des critiques auxquelles le pape François a, naturellement, échappé. »
En tout cas, conclut L’Est Républicain, « si l’initiative spectaculaire du pape en Grèce a en partie occulté le déplacement du président français au Liban, les deux François ont eu le mérite de braquer les caméras ce week-end sur la situation dans les camps de réfugiés fuyant la Syrie en guerre. Dans la foulée du récent accord entre l’Union européenne et la Turquie, l’Europe ne peut pas se contenter de lutter contre l’afflux massif de migrants à ses frontières, estime le quotidien lorrain. Elle doit aussi contribuer à ce que les réfugiés aux abois, refoulés dans les immenses camps dressés à ses portes, soient accueillis dans des conditions humainement acceptables. »
Aveu de faiblesse intellectuelle ?
A la Une également, l’expulsion controversée du philosophe Alain Finkielkraut du mouvement Nuit Debout… C’était samedi soir. « Molesté et insulté, rapporte Libération, le philosophe n’a pu rester place de la République, où il était venu observer le mouvement Nuit Debout. Même s’il n’est pas nécessairement représentatif du mouvement, cet esclandre met à mal la vocation affichée de démocratie ouverte des participants. »
En effet, s’indigne le journal, « qu’est-ce que la démocratie - que les militants de Nuit debout veulent rénover et porter plus loin - sinon la capacité à accepter le dissensus, à protéger l’expression des idées différentes, à tolérer, dès lors qu’on reste dans le cadre des lois, les opinions adverses, seraient-elles provocantes ou bien outrageantes ? C’est précisément quand on est furieux de l’opinion adverse qu’on doit s’assurer qu’elle pourra s’exprimer, de manière à pouvoir la réfuter, pointe encore Libération. Quand on passe aux insultes, aux crachats, c’est qu’on est à court d’arguments. Ou bien qu’on s’en remet aux rapports de force plus qu’à la force de l’intelligence. Aveu de faiblesse intellectuelle. »
Le Journal de la Haute-Marne s’inquiète : « on pourra nous affirmer que les insultes et les crachats qui ont visé le philosophe Alain Finkielkraut ne reflètent pas l’ambiance générale. Une fois de plus, sûrement, le fait de quelques personnes en marge. Evidemment. Il faut pourtant bien se rendre à l’évidence. Il est loin d’être certain que la tolérance de la parole de l’autre guide ceux qui se voudraient débatteurs. »
Le Républicain Lorrain s’agace : « ils ne veulent ni chef ni leader ni porte-parole. Ils sont pour la démocratie directe et participative et contre l’oligarchie régnante. Mais, de toute évidence, ils ont perdu en cours de route le sens du mot tolérance et oublié la place que celle-ci occupe naturellement dans une démocratie respectable. Nuit debout a montré le visage détestable de la haine de l’autre. »
Hollande laminé…
Un nouveau sondage accablant pour François Hollande… Une enquête TNS Sofres-OnePoint pour Le Figaro, LCI et RTL. « C’est une claque », s’exclame le journal. « François Hollande serait laminé dès le premier tour de la présidentielle dans tous les cas de figure, s’il briguait un deuxième mandat, ce que 71 % des Français ne souhaitent pas. Quel que soit le candidat LR face à lui, le président sortant oscille entre 13 % et 16 % des intentions de vote, largement distancé par ses adversaires. »
Commentaire du Figaro : « le mieux pour le pays serait peut-être de passer le témoin, à gauche, à quelqu’un qui, droit dans ses bottes, ça changera, prêt à déclarer la guerre à la vieille gauche, défendrait avec conviction une ligne politique sociale-libérale. Sans compromissions ni hésitations. Bref, un homme capable de tenir tête à Jean-Luc Mélenchon et Martine Aubry, et surtout à les réduire, en leur prouvant par A + B, et sans trembler, qu’ils profèrent des âneries d’une époque révolue. »Et Le Figaro de citer Emmanuel Macron et Manuel Valls.« Mais qui, des deux, s’interroge le quotidien d’opposition, osera proposer au chef de l’Etat de prendre sa retraite ? »