Son corps avait 81 ans mais dans sa tête il en avait encore 20. Malick Sidibé, le célèbre photographe malien, est mort le 14 avril au soir à Bamako des suites d'un cancer. Vainqueur du prix de la photographie Hasselblad en 2003, du Lion d'or de la biennale de Venise en 2007, l'artiste est considéré comme un trésor national au Mali. Il n'a jamais cessé de photographier l'insouciance, la malice et la joie de la jeunesse malienne. Pour Philippe Guionie, photographe et l'un des commissaires de la biennale de Bamako qui s'est tenue en novembre dernier, l'œuvre de Malick Sidibé est appelée à une longue postérité. Il répond au micro RFI d'Édouard du Penhoat.
« Il est et restera comme l’ambassadeur de la photographie malienne et africaine, l’une des figures emblématiques. Pour celles et ceux qui comme moi ont eu la chance de le rencontrer, il est à la fois un photographe mais aussi un homme créateur et facteur de lien social. C’était quelqu’un qui allait vers les autres, qui était très généreux dans son acte photographique et dans sa vie au quotidien. C’est donc une sorte de témoin vivant de son époque et d’acteur en mouvement d’une Afrique généreuse, d’une Afrique qui avance, d’une Afrique qui s’interroge. Toute sa photographie est, je trouve, dans cette justesse généreuse d’un homme qui était là, dans son quartier populaire au centre de Bamako, depuis plusieurs décennies à enregistrer le visage de ses contemporains souvent avec malice. […] »