A la Une: au chevet de la Libye

Une cinquantaine de pays et des organisations internationales étaient réunis hier à Tunis pour une conférence sur la Libye parrainée par l’ONU. Objectif : réfléchir aux moyens de soutenir le gouvernement libyen d’union nationale, soutenu par l'ONU, qui cherche à affirmer son pouvoir en Libye depuis fin mars. L’économie était au centre des discussions. Les participants se sont engagés à soutenir financièrement le nouvel exécutif. Mais les chantiers restent immenses.

« Peut-on toujours sauver la Libye post-Kadhafi ? », s’interroge le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. « Pour le moment, l’Allemagne, les Etats-Unis et le Qatar se sont engagés à débloquer fissa 18 millions d’euros comme fonds de soutien pour remettre en état des infrastructures caillassées et détruites par les obus et les fusils des frères libyens. Mais dans la réalité, que représentent 18 millions d’euros pour cette Libye, où tout est à reconstruire ? Le système sanitaire est à genou, constate Aujourd’hui, c’est la banqueroute au niveau des banques, et l’économie est dans un état comateux, avec, non seulement l’exploitation du pétrole qui se fait de façon homéopathique, mais aussi, à cause du prix du baril qui est descendu barométriquement à 33 dollars. Si l’on ajoute la situation politique, où le gouvernement d’union nationale, tarde à obtenir un vrai blanc-seing du parlement de Tobrouk, sans compter les micmacs de certains politiques, spécialistes de pêche en eaux troubles, on se demande, soupire Aujourd’hui, si cette réunion ne porte pas en elle-même les germes de son échec. »

L’espoir est permis !

Le Pays, toujours au Burkina, n’est pas d’accord : « l’espoir est permis », lance-t-il en titre. En effet, précise le quotidien ouagalais, sur le plan politique, « un grand pas décisif vient d’être franchi puisque le président du parlement de Tobrouk, Aguila Salah, jadis opposé à l’idée d’un gouvernement d’union nationale sous l’égide des Nations unies, vient de mettre de l’eau dans son vin en annonçant que l’institution qu’il dirige se réunira dans les prochaines semaines pour apporter sa confiance au gouvernement de Fayez-el-Sarraj. (…) Ensuite, pointe encore Le Pays, il y a eu ce ralliement du gouverneur de la Banque centrale libyenne et du directeur de la Compagnie pétrolière publique au gouvernement d’union nationale, qui semble avoir coupé l’herbe sous les pieds de tous les pêcheurs en eaux troubles. (…) L’espoir est désormais permis, avance donc le quotidien burkinabé. Pourvu que les partenaires techniques et financiers tiennent parole en déliant les cordons de la bourse. Mais comme on le dit, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car il ne saurait y avoir de développement sans sécurité. C’est donc le véritable défi qu’il faudra d’abord relever. »

Vers une union nationale ?

Une union nationale commence à prendre forme en Libye, note également le site Guinée Conakry Infos. « Fayez el-Sarraj, le chef du gouvernement d’union libyen, aux yeux de la communauté internationale, devrait incarner la nouvelle vision d’un pays qui sort de l’enfer terroriste, avec la contribution de chacune des forces en présence. » Et on y vient, constate le site guinéen… « La nouvelle autorité progressivement plante ses tréteaux, les ralliements sont en cours, et la tendance se confirme. Tour à tour, la Banque centrale, la société pétrolière nationale, les grandes villes du sud et de l’ouest font 'allégeance' et les miliciens, qui voient l’empire du mal s’écrouler, se cherchent de nouveaux tuteurs. (…) La Mission d’appui des Nations unies en Libye ne devra surtout pas fléchir, surtout pas laisser pourrir une crise qui n’a que trop duré. C’est le temps d’agir ! »

Le retour impératif de la sécurité

Vers plus de stabilité, donc, mais aussi vers plus de sécurité, c’est la clé pour relancer la Libye… Et c’est ce que souligne Le Point Afrique : « L’économie, qui repose essentiellement sur le pétrole et le gaz, ne repartira que si la sécurité est assurée sur les champs pétrolifères, affirme Le Point Afrique. Les nombreux incidents, attaques et assassinats, ont divisé par quatre la production. Le pétrole, ce sont des devises qui irriguent la Banque centrale, permettant l’importation de produits de première nécessité pour un peuple ruiné par cinq années de luttes intestines. Sur son blog, relève Le Point Afrique, l’ambassadeur britannique écrit que 'la Libye court à la banqueroute' si un compromis n’est pas signé entre toutes les parties. Et de conclure son billet, au ton très direct, par un 'Aux Libyens de décider'. L’union ou Daech. Le compromis ou la mise à terre de l’économie. Un choix qui ne repose pas sur les seules épaules d’el-Sarraj. »

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