A la Une: Panama Papers, saison 1 épisode 2

On dit souvent que la réalité dépasse la fiction. Eh bien, on est servi. Panama Papers, la dernière série à la mode… C’est ce que constate La Nouvelle République du Centre Ouest : « la promo a été soignée, le feuilleton programmé à l’échelle planétaire démarre plutôt bien. Chaque pays a sa version adaptée, le scénario a été bossé. Pour le programme islandais on a tapé très fort et à la tête, là où ça fait le plus mal après la caisse. Hier soir, l'île de feu et de glace n’avait donc plus de gouvernement. Son chef a démissionné sous les huées du peuple, la honte et les cuillers de fromage blanc catapultées. On a découvert ainsi un mode de protestation inhabituel sous nos contrées. » Chez nous, en France, constate encore La Nouvelle République, « pour la Société générale et les Le Pen & consorts, nous avons été moins surpris. »

Tête haute, mains propres ?

En effet, secret de polichinelle… « Quel pouvait bien être le 'grand parti', relié selon Le Monde, aux Panama Papers, s’exclame La Voix du Nord. (…) À vrai dire le suspense n’était pas insoutenable et se sachant visé, Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen avec sa société de conseil en communication, avait fait savoir dès lundi soir qu’il n’y avait rien d’illégal dans son jeu de piste financier. Marine Le Pen peut toujours arguer que les affaires de ce monsieur Chatillon ne la concernent en rien, ni elle, ni son parti. Il n'empêche, pointe le quotidien nordiste, cette suspicion touchant un familier de Marine Le Pen fait désordre pour un parti dont la devise a toujours été 'tête haute, mains propres'. »

« Après Poutine, les Le Pen, s’esbaudit Le Midi Libre. Certains proches de la présidente et du père fondateur du Front national, qui nous donnent en permanence des leçons de morale politique, seraient impliqués dans le scandale des 'Panama papers'. Diable! Eux, qui critiquent à longueur de temps la gestion de l’État, auraient dissimulé des avoirs dans des paradis fiscaux. (…) Et comme toujours, dans un vieux réflexe, les cadres du Front national crient à la manipulation. À la diffamation. Au complot ! (…) Entre les sociétés-écrans, les fausses factures et un majordome douteux, on se croirait dans un jeu de rôles. Un jeu pas vraiment drôle qui a plutôt tendance à nous donner la nausée. »

Alors quelles conséquences pour le Front National ? Interrogation formulée par Libération… « Rien, dans les informations du Monde, n’implique directement le parti ou ses dirigeants, relève Libé. Selon le journal, les enquêteurs ont un temps soupçonné que les fonds exfiltrés par Chatillon aient pu 'in fine retourner au Front national', mais 'l’enquête ne l’a pas établi'. Difficile, toutefois, estime le journal, de ne pas mentionner le parti dans cette affaire où apparaissent son ancien président, en poste durant près de quarante ans, et son principal prestataire, dont l’essentiel du chiffre d’affaires provient de sa relation avec le FN. Les conséquences de ces révélations sur le parti restent incertaines, pointe encore Libération. Un impact électoral est peu probable, vu l’extrême complexité des faits et une actualité toujours porteuse pour le FN. Toutefois, l’apparition de Chatillon dans les «Panama Papers» appuie sur ce point sensible : la relation d’un parti 'dédiabolisé' avec un milieu des plus troubles, dont plusieurs frontistes redoutent que les turpitudes finissent par éclabousser Marine Le Pen. »

De l’art de la dissimulation…

Alors, dans cet épisode 2 des Panama Papers, le Front national, mais aussi son fondateur, Jean-Marie Le Pen… « Sur la piste du trésor de Jean-Marie Le Pen », s’exclame Le Monde qui nous apprend que l’ex-président du FN se serait servi de son homme de confiance pour dissimuler une partie de sa fortune : 2,2 millions d’euros en billets de banque, lingots et pièces d'or sonnantes et trébuchantes.
Et puis il y a aussi tous les autres… « Parcourir les 11 millions de fichiers internes de Mossack Fonseca permet d’éclairer un pan d’histoire judiciaire » française, relève Le Monde. On y trouve pêle-mêle, le riad à Marrakech des époux Balkany, les avoirs cachés de l’ancien ministre socialiste Jérôme Cahuzac, les montages financiers des frères Guérini à Marseille, ou encore les détails du pacte secret conclut entre 'Dédé la Sardine' et Bernard Tapie…

Autant d’affaires dont le point commun était de dissimuler de l’argent au fisc…
Commentaire du Républicain Lorrain : « on est pris de sidération par tant d’ingéniosité dans l’art de la dissimulation. (…) Pour la collectivité, la perte sèche reste considérable. Près de 80 milliards d’euros par an échappent ainsi à nos finances publiques. Contrairement à ce qu’assurait Nicolas Sarkozy, les paradis fiscaux, ça n’est pas terminé. Panama ne figurait même plus sur la liste noire. Au moins la France vient-elle de mettre fin à cette franche hypocrisie. Depuis l’affaire Cahuzac, la moralisation de la vie publique a certes progressé, mais insuffisamment pour faire oublier cette coupable complaisance trop longtemps de mise. Les personnalités françaises et la Société Générale cette fois épinglées disent le chemin encore à parcourir. »

La Société Générale au cœur du système…

En effet, la Société Générale apparait comme l’un des acteurs majeurs dans cette affaire. D’après Le Monde, « La banque française a créé près d’un millier de sociétés offshore par l’entremise de la firme panaméenne, dont une centaine restent actives. (…) Championne de l’offshore, la Société générale ? L'information a de quoi surprendre, pointe Le Monde, tant cette activité ne fait l’objet d’aucune publicité ou communication financière. Tant, au contraire, depuis la crise financière de 2008, les banques défendent leur recentrage sur le financement de l’économie réelle et la fin des activités opaques et risquées. Loin des projecteurs, le business offshore ne figure dans aucun rapport annuel. Ne donne lieu à aucune comptabilité précise. Il s’exerce en fait à bonne distance du superviseur bancaire français, relève encore Le Monde, dans le secret des départements de banque privée, jaloux de leur indépendance vis-à-vis de leur direction générale. Et souvent méfiants envers les contrôles internes. Ce n’est pas au siège parisien de la banque que s’organise ce business offshore, mais dans ses filiales en Suisse, au Luxembourg, aux Bahamas. Des territoires où jusqu’à présent, le secret bancaire a prévalu. »

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