Etats-Unis: l'impact des réseaux sociaux dans la campagne des primaires

Evoquons avec vous, Amaury de Rochegonde, la campagne pour les primaires aux États-Unis et la façon dont les réseaux sociaux deviennent de plus en plus déterminants dans le débat.

La dernière sortie de Donald Trump, une allusion graveleuse sur la taille de ses mains, a quelque chose de mécanique : elle déclenche l’hilarité de ses partisans dans la salle et la consternation sur les réseaux sociaux.

Aucun problème pour Donald Trump, car ce qu’il veut,  c’est être au centre du débat, que les internautes se positionnent sur son nom et que les grands chaînes aient intérêt à courir derrière son xième dérapage contrôlé.

Qui se souvient que le Huffington Post avait commencé par classer Donald Trump à la rubrique « divertissement » ? En juin dernier, le site d’Ariana Huffington ne prenait pas au sérieux sa candidature alors qu’il faisait moins d’1% d’intentions de vote. Depuis, Trump l’a emporté aux primaires du old party dans sept états au super Tuesday. Et que ce soit sur ses idées de mur avec le Mexique ou d’interdiction de l’entrée des musulmans aux Etats-Unis, il parvient à canaliser l’attention médiatique : « On doit être à l’antenne tout le temps même si on n’a rien à dire », dit-il. C’est ce à quoi s’emploie ce « pro » de la communication à la stratégie très élaborée.

Dans le camp démocrate, Hillary Clinton et Bernie Sanders ont bien compris, eux aussi, que le débat se faisait désormais sur les réseaux sociaux, que les vrais prescripteurs de la campagne, c’était ces réseaux sans intermédiaire, et que les médias n’arrivaient qu’après, comme une caisse de résonance. Mais ce que Trump a en plus, par rapport à ses rivaux, c’est qu’il est célèbre et qu’il sait en professionnel du marketing que s’il veut rester une « marque leader » il doit faire l’actualité de son univers de concurrence. Alors peu importe si les outrances sont réellement pensées, il s’agit d’imposer l’ordre du jour à la campagne.

Bernie Sanders tweete pendant le débat télévisé des primaires républicaines pour se mettre au centre du jeu sur Twitter. Donald Trump lui n’hésite pas à appeler des émissions en direct, en habitué de la télé réalité après sa participation au jeu The Apprentice, sur NBC, où il s’est forgé une image de patron à poigne. Ensuite, les réseaux sociaux n’ont plus qu’à s’emparer de sa déclaration.

A l’Elysée, on suit tout cela avec attention. François Hollande, possible candidat, élabore une communication de plus en plus directe avec les Français et voit dans les réseaux sociaux les nouveaux médias politiques. Quitte à subir les foudres d’opposants sur Periscope, l’application de vidéo en direct de Twitter. L’Elysée table sur le fait qu’il vaut mieux créer le débat, même hostile, plutôt que l’indifférence et l’abstention. Histoire, aussi, de rester au centre du jeu.

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