A la Une: les primaires américaines et le «Super Tuesday»

« Et si c’était lui », s’interroge Le Parisien. En Une, Donald Trump sur un podium, les bras ouverts...souriant. « Ce soir lors du super Tuesday, le super mardi, le vote dans 11 Etats devrait en effet confirmer son avantage dans les primaires républicaines », pronostique le journal. « L’ouragan Trump ». Loin devant ses adversaires en termes de délégués déjà conquis. Quatre-vingt-deux grands électeurs alors que Ted Cruz et Marco Rubio, n’ont pour l’instant obtenus respectivement que 17 et 16 délégués.

Mais pour Dominique Moïsi, interrogé par Le Parisien-Aujourd’hui en France, Trump peut gagner « les primaires oui. Mais la Maison blanche non. »Et pour cause, selon le politologue de l’Institut français des relations internationales, « le vote des petits blancs ne suffira pas. Démographiquement les Hispaniques pèsent énormément. Or, Donald Trump joue sur 3 leviers : la colère de la petite bourgeoise appauvrie par la crise de 2008 d’abord, la peur du terrorisme ensuite et le racisme enfin. Trump est le fruit de cette Amérique qui n’a jamais accepté Obama, un président noir. Le discours anti immigrés contre les Hispaniques qu’il souhaite voir empêcher d’envahir les Etats-Unis en bâtissant un mur à la frontière mexicaine va dans ce sens », explique Dominique Moïsi. « C’est pour éviter le suicide, que le parti républicain ne se risque pas à soutenir un populiste comme Trump ».

Aujourd’hui « Chez les barons de ce parti, c’est la panique », insiste Le Figaro. « Face à la déferlante Trump, ils essaient de monter des digues à la va-vite. » Mais « en l’écoutant, les élites et le peuple n’ont pas la même oreille. Quand les premières entendent de l’outrance, le second perçoit de la franchise. »

On assiste actuellement au « moment Trump »

C’est ce qu’explique La Croix, « ce début de campagne présidentielle aux États-Unis révèle de manière criante la perte de confiance de nombreux Américains dans leurs dirigeants politiques traditionnels. Ils les jugent trop liés au monde des affaires, au fameux “1 %” de la population qui s’est approprié l’essentiel de la croissance de ces dernières décennies. La classe moyenne américaine se sent désormais victime de la forte montée des inégalités aux États-Unis. C’est en prenant fait et cause pour elle que Donald Trump a creusé un écart avec ses rivaux. »

Et cela permettrait de « comprendre la popularité d’un homme qui, pour mentionner seulement les dernières de ses frasques, tweete et revendique un slogan de Benito Mussolini et refuse de condamner le racisme du Ku Klux Klan ? », continue La Croix.

L’éditorialiste du Figaro reprend, « À sa manière, Trump est un lanceur d’alerte. Aux élites politiques européennes, il vient rappeler [...] que la colère ne se dissout pas dans la potion fade des discours. Que les leaders “populistes” peuvent rallier au-delà de leur base et qu’il est dangereux de les réduire à leur caricature. Tout simplement, que nous sommes entrés dans des temps où il faut se méfier de “l’impossible”. »

Alors « Parions que la raison l’emportera », conclut Guillaume Goubert dans La Croix.Pour paraphraser Berthold Brecht, l’ascension d’un Donald Trump est résistible. » A ce point près, que la pièce de l’auteur allemand se finit justement par la prise du pouvoir par celui dont l’ascension devait être résistible...

A la «Une» également, la loi sur le travail en France
 
« Sous la pression “Matignon joue la montre”, face à une mobilisation croissante, le gouvernement obligé de reporter l’examen de la loi el Khomri de 2 semaines »,  écrit L’humanité.

Pour Libération, C’est « un report pour éviter le retrait. ». « Puisque le débat s’est emballé, il faut restituer la réalité de cette loi. Il faut lever les incompréhensions, expliquer, répondre aux fausses informations. »,a en effet expliqué Manuel Valls hier lors d’un point presse improvisé au Salon de l’Agriculture. Mais « comme sur la déchéance de nationalité en janvier, explique Libération, l’exécutif semble avoir sous-estimé la réaction de la gauche sur un texte qui touche à certains de ses fondamentaux sociaux. Ce qui l’a obligé à temporiser. »

« Manuel Valls s’amende et change de ton, ce qui n’est pas son penchant naturel. », s’étonnent Les Echos.
 
Présentation du texte reportée au 24 mars, « concertation avec les partenaires sociaux la semaine prochaine », rencontre avec « des piliers socialistes de l’Assemblée dans la foulée ». « Surtout, il plaide pour la réforme mais se dit prêt à des “améliorations”. A savoir, un compte personnel d’activité plus musclé et des rédactions assouplies sur les deux points durs du projet: les indemnités prud’homales et la définition du licenciement économique. »

Bref, continue Cécile Cornudet dans Les Echos, « il bouge, communique et dessine une stratégie : casser le front syndical en s’alliant la CFDT, rassurer le cœur des parlementaires socialistes sans faire fuir ceux de droite prêts à soutenir le projet. Sur le papier, le pari est jouable. Une loi El Khomri amendée mais préservée dans son esprit peut encore voir le jour. »

Pour Nicolas Beytout, dans L’Opinion, c’est moins sûr: « La loi El Khomri va lentement s’asphyxier. Suivant en cela “les cinglants échecs d’Alain Juppé il y a 20 ans sur les retraites, et de Dominique de Villepin il y a 10 ans sur le smic-jeunes”. »

Même constat pour Hervé Chabaud dans L’Union, « Deux pas en avant, trois pas en arrière, le gouvernement a l’art et la manière d’afficher son réformisme en talons à aiguilles, tout en stagnant dans l’immobilisme [...] le changement n’est pas pour maintenant », conclut L’Union, « mais on use des outils habituels de la communication institutionnelle pour faire croire le contraire ».

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