Azote, potasse et phosphate : le marché des engrais subit la déprime des prix agricoles et indirectement le plongeon des prix du pétrole. Avec des cours du blé ou du maïs écrasés par des récoltes record depuis trois ans aux États-Unis et en Europe, les marges des agriculteurs ont fondu.
Aux États-Unis les « farmers » ont réduit les surfaces à la fin de l’année dernière. Cela signifie moins d’utilisation d’engrais. Au Brésil, c’est la faiblesse de la monnaie qui dissuade les agriculteurs d’acheter autant de potasse ou de phosphate qu’auparavant : ces produits, importés, sont payés en dollars. Enfin en Inde, immense débouché pour les engrais, la médiocre mousson provoquée par El Niño a réduit les semis, et donc l’usage des fertilisants. Les stocks d’engrais phosphatés sont tels en Inde qu’ils permettent à ce pays de retarder ses achats auprès du Maroc, de la Chine, des États-Unis ou de la Russie, d’où la mollesse des prix.
La Chine, premier producteur de diammonium
La tonne de diammonium de phosphate est descendue sous les 400 dollars, d’autant que la Chine inonde le marché. Elle est le premier producteur de phosphates devant le Maroc, qui augmente lui aussi ses capacités de production, comme le Russe PhosAgro. Seul l’Américain Mosaic est prêt à diminuer sa production d’engrais phosphatés au premier trimestre, pour tenter d’éponger le surplus.
L’offre de potasse n’est pas mieux contrôlée depuis qu’a volé en éclats le cartel russo-biélorusse, il y a deux ans : les prix ne dépassent plus guère 200 dollars la tonne en ce début d’année. Quant aux engrais azotés, de l’urée à l’ammoniac, leur prix s’est effondré de moitié depuis un an et demi, ils ont suivi le déclin des prix du charbon et du gaz, leur principal ingrédient.
La multiplication d'usines d'engrais azotés en Chine et aux États-Unis
Avec une matière première aussi peu chère, les usines d’engrais azotés se sont multipliées aux États-Unis, et surtout en Chine, devenue le premier exportateur mondial d’urée. Mais la chute continuelle des prix pourrait finir par décourager les producteurs chinois, d’azote ou de phosphates, c’est ce qu’espèrent les géants des engrais.
Cette industrie a désormais les yeux tournés vers la prochaine campagne céréalière, et vers un débouché encore très modeste, mais prometteur pour les engrais : l’Afrique.