Le Sénégal vise l'autosuffisance en riz d'ici 2018

Dans un pays où 65% des actifs travaillent dans le secteur agricole, Macky Sall cherche comme son prédécesseur Abdoulaye Wade a atteindre l'autosuffisance en riz. Un grand défi national

« Produire local, consommer local » cette célèbre déclaration de Thomas Sankara, le président Macky Sall la reprend à son compte en évoquant un « vieux slogan ». Lors de ses vœux le 31 décembre dernier, le chef de l'État a annoncé que la production du riz paddy a augmenté de 64% en une année passant de 560 000 à 915 000 tonnes.

Un chiffre qui fait tiquer dans les cercles spécialisés. « Je ne dis pas que ce niveau de production n'a pas été atteint mais, dans la sous-région, la production a augmenté l'an dernier de 5 à 10% pas de 60% » explique un expert de la céréale.

Alioune Gaye est membre de la coopérative de production dans la vallée du fleuve Sénégal : « Produire 900 000 tonnes, nous ne disons pas que c'est faux ou exact. La question est de savoir si les surfaces mises en culture permettent d'atteindre cette production ». Ce qu'il craint : que les quotas d'importation soient réduits, que la production soit moindre et que le Sénégal se retrouve ainsi en situation de pénurie. Ce qu'il souhaite : qu'il y ait plus des synergies entre tous les acteurs pour réaliser l'objectif des autorités.

Cet objectif est clair, Macky Sall veut aboutir à l'autosuffisance en riz en 2018, voir dès 2017. « C'est possible ! » a récemment déclaré le président : « Je suis convaincu que le riz cultivé au Sénégal pourrait non seulement aider à atteindre l'autosuffisance, mais même faire l'objet d'une exportation, si on y met les moyens ». Si l'on se réfère aux chiffres des autorités. Les 900 000 tonnes annoncées pour cette année représentent 60% des besoins en riz. L'objectif de Macky Sall est de produire 1,5 à 1,6 million de tonnes par an.

Un ancien ministre de l'Agriculture, Robert Sagna pointe néanmoins des problèmes techniques : « Du point de vue équipement, on ne pourra pas avoir les moyens de transformer 1.6 million de tonnes même si on les produit. Mais c'était tout à fait ambitieux de pousser les Sénégalais à la production ».

Et l'Etat, comme les riziculteurs, ne comptent pas seulement sur l'abondance des pluies comme en 2015. Des programmes pour développer des espèces de riz plus résistantes, adaptées au Sénégal et aux contraintes du réchauffement climatiques sont à l'étude. Du matériel performant, notamment d'imposants tracteurs, est acheté. Le plus complexe sera sans doute de convaincre la population de consommer local.

Le riz asiatique, est préféré, car plus parfumé, mais il est aussi plus cher ce qui pousse de plus en plus de ménages à manger du riz sénégalais.

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