A la Une: élections au Niger, Centrafrique et bombardement de Bouaké

Mahamadou Issoufou, « l’ami de la France », comme l’appelle ce matin Le Journal du Dimanche, « peut-il être réélu ? ». C’est ce que se demande l’hebdomadaire alors que le président sortant affronte quatorze candidats lors de cette élection présidentielle couplée avec les législatives. Comme le souligne le JDD, une « inconnue » demeure concernant ce scrutin, le « choix des deux millions de primovotants ».

 
Centrafrique : défi pour Touadéra

En Centrafrique, en revanche, c’est fait, Faustin-Archange Touadéra est élu président. Le dernier Premier ministre de François Bozizé l’a donc emporté « face au favori » Anicet-Georges Dologuélé, résume Le Journal du Dimanche. Il devra « redresser un pays qui avait sombré dans le chaos ».

Sangaris et Serval : le trauma

Le chaos centrafricain, justement. Il a laissé des traces au sein de l’armée française. Après avoir été en mission en opération extérieure, en Centrafrique ou ailleurs, mille-cinq-cents soldats français souffrent de syndrome post-traumatique. C’est l’hebdomadaire Le Point qui les dénombre, précisant que mille d’entre eux sont en « arrêt maladie », l’équivalent d’un régiment entier « au tapis ». Des chiffres « inquiétants » qui sont notamment la conséquence directe des opérations « successives » dans lesquelles l’armée française s’est trouvée engagée ces dernières années.

Ces hommes ayant subi un « trauma » ont vécu la guerre « réelle », la guerre « brutale », souligne le journal, une guerre moderne qu’à tort, on croit « virtuelle », que l’on imagine menée « à distance » par des soldats « surprotégés ». Au moins « 136 soldats revenus de Sangaris » en Centrafrique sont aujourd’hui en arrêt maladie longue durée, suivis pour « syndrome post-traumatique sévère », note Le Point, et la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre « gère 177 cas de militaires revenus du Mali et souffrant aujourd’hui (du même) syndrome», qui, depuis un quart de siècle maintenant, est reconnu comme « blessure de guerre »

Bombardement de Bouaké : la juge face à la raison d’Etat

Et puis il y a ceux qui, hélas, y ont laissé leur vie, comme en Côte d’Ivoire en 2004 lors du bombardement de Bouaké. Etant rappelé que les familles de certaines des victimes de ce raid aérien ont déposé plainte il y a onze ans, qu'il a fait neuf morts et trente-huit blessés dans les rangs de l’armée française à Bouaké, lors du bombardement, par l’aviation de Laurent Gbagbo, de cette emprise sous mandat des Nations-Unies qu’était le Lycée Descartes, la juge Sabine Khéris, en charge de l’instruction de cette affaire a adressé une « proposition » au procureur de Paris. En l’espèce une ordonnance de demande de renvoi, afin que Dominique de Villepin, Michelle Alliot-Marie et Michel Barnier soient « envoyés » devant la Cour de justice la République, énonce Le Canard Enchaîné. Selon l’hebdomadaire satirique, ces trois « ex-ministres de Chirac (sont) sur le gril ». Au moment des faits, Dominique de Villepin était ministre de l’Intérieur, Michelle Alliot-Marie ministre de la Défense, et Michel Barnier ministre des Affaires étrangères.

Il faut aussi rappeler que les deux pilotes biélorusses des bombardiers ivoiriens avaient bien été arrêtés par les militaires français du bataillon Licorne puis par le Togo. Et c’est bien là le hic. Car, dans les deux cas, Paris n’avait pas voulu récupérer ces deux pilotes qui, depuis, semblent avoir littéralement disparus de la surface de la Terre. Le Canard Enchaîné précise que la juge française « soupçonne les trois anciens ministres d’avoir sciemment laissé filer les pilotes des avions responsables du massacre ».

Evoquant la suite de cette procédure, l’hebdomadaire signale que, « si elle est approuvée, la requête de la juge Khéris sera transmise au procureur général près la Cour de cassation, seul habilité à saisir la CJR ».

CPI : les mille victimes absentes

Côte d’Ivoire encore, avec le procès de Laurent Gbagbo qui se poursuit à La Haye, devant la Cour pénale internationale, en présence des seules victimes du camp Ouattara. Justement, dans une tribune que publie l’hebdomadaire Marianne, on apprend au détour d’une phrase qu’une « association de ressortissants » du peuple Wê, réputé proche de l’ex-président ivoirien jugé à La Haye, a recueilli un « millier » de dossiers « documentés » sur les « crimes de guerre » perpétrés fin mars 2011 à Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Marianne signale que Me Habiba Touré, du barreau de Paris, « vient de transmettre (ces dossiers) à la CPI. En vain ».

Cambadélis : primaire, mode d’emploi
 
En France, Jean-Christophe Cambadélis prône l'organisation d'une primaire à gauche. C’est dans les colonnes du Journal du Dimanche que le premier secrétaire du Parti socialiste le dit. Il évoque une primaire « en décembre ou en janvier 2017 ». Jean-Christophe Cambadélis ajoute que si François Hollande était candidat, il n'aurait « pas obligation de participer à tous les débats : il ne ferait pas le tour de France. Il n'a pas de problème de notoriété ! », ajoute Cambadélis dans le JDD.

Hollande : l’anamour
 
Pas de problème de notoriété, mais toujours un problème de popularité pour François Hollande. Selon le baromètre Ifop pour le même Journal du Dimanche, seuls 19 % des Français se disaient « satisfaits » ou « très satisfaits » du président en février, soit une baisse de cinq points par rapport à janvier, le Premier ministre Manuel Valls en a perdu six sur la même période, à 33 % de « satisfaits » ou « très satisfaits ».
 
Umberto Eco : Protagoras est mort

Populaire, lui l’était bien davantage et la presse lui rend hommage. Umberto Eco est mort. Et parmi toutes les marques de respect rendues au sémiologue et écrivain italien, on retiendra ce matin celle de Laurent Binet. Le dernier roman de l’écrivain français, La septième fonction du langage paru chez Grasset, met en scène Umberto Eco lui-même dans le rôle du grand Protagoras, maître d’un club de linguistes nommé « Logos ». L’auteur résume dans le Journal du Dimanche le « secret » d’Umberto Eco : « Aristote + Sherlock Holmes Culture savante et culture populaire ».

Laurent Binet rappelle « l’érudition légendaire » du sémiologue italien, son « absence de snobisme », son « ouverture d’esprit » et la « fécondité » de ses analyses. « Eco n’était pas pourri de cet esprit de sérieux qui, selon Kundera, ravage notre époque ; bien au contraire », ajoute l’écrivain français, admiratif, et selon lequel « réfléchir en s’amusant, s’amuser à réfléchir : c’était ça, la méthode Eco ».

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