« Le procès d’un menteur », s’exclame Le Parisien en première page. « C’est l’homme qui a fait sauter la République exemplaire. Le procès de Jérôme Cahuzac, qui s’ouvre aujourd’hui à Paris sauf report possible , est celui du mensonge politique. En la matière, rappelle le journal, l’ex-ministre du Budget, étoile filante du PS, a signé le crime parfait. Celui qui, à Bercy, était chargé de faire la guerre aux fraudeurs du fisc fraudait lui-même en famille, à la tête de sa clinique esthétique, depuis vingt ans ! Débusqué par le site Mediapart, rappelle encore Le Parisien, il avait nié " les yeux dans les yeux " devant l’Assemblée nationale, dans les médias, en tête-à-tête avec le chef de l’Etat, détenir un compte secret à l’étranger. Avant de passer finalement aux aveux, déclenchant une tempête politique. Ce jour-là, il envoya un SMS au président : " Pardon pour ce que je t’ai fait. " »
En effet, renchérit Paris-Normandie, c’est « le procès d’un énorme mensonge. Celui d’un ministre de la République qui, pris le doigt dans le pot de confiture, a menti honteusement pendant des semaines, des mois, en affirmant n’avoir jamais détenu de compte bancaire à l’étranger. " Les yeux dans les yeux " pour reprendre sa propre expression, Jérôme Cahuzac a menti aux Français. Menti à la presse. Menti à la représentation nationale. Menti au président. C’est sur ce point qu’il est le plus condamnable, d’autant plus qu’il était lui-même en charge de la lutte contre la fraude fiscale. »
Toutefois, pointe La Dépêche du Midi, « ce qu’on a appelé " l’affaire Cahuzac " dépasse - et de loin ! - les seuls reproches à l’encontre du ministre déchu. Au-delà de la faute impardonnable d’un homme brillant parvenu au sommet du pouvoir politique, au-delà de son embarras puis de ses aveux passablement pathétiques qui signèrent aussitôt sa démission et sa chute, il faut d’abord en retenir l’impact considérable laissé dans la conscience collective, comme un terrible venin instillé dans le crâne des Français et qui empoisonne toujours leurs regards sur la politique. Voilà un scénario en or pour tous les fabricants de " complots ", soupire encore La Dépêche du Midi. On devine combien ce raisonnement, servi sans retenue dans les réseaux sociaux et autres conversations à l’emporte-pièce, alimente à pleine louche le Landerneau populiste. Pour tout dire, on y entrevoit le rejet global de la politique, sa détestation, et la tentation du grand coup de balai. »
Alors, « depuis Cahuzac, pointe L’Alsace, il a coulé bien d’autres flots d’ennuis sous les ponts du fleuve tempétueux de la présidence de François Hollande. Le chômage a continué de croître, les défaites électorales se sont multipliées et d’autres ministres sont partis. » Mais, relève le quotidien alsacien, « Jérôme Cahuzac et sa cagnotte helvétique ont porté un coup fatal à la gauche morale. Son procès vient raviver les plaies d’une gauche qui n’a plus le moral. »
Remaniement : quelle orientation ?
Et « c’est dans ce contexte pour le moins tendu qu’interviendra cette semaine le remaniement gouvernemental, note pour sa part Sud-Ouest. L’opération ira au-delà du simple réaménagement technique, car il ne s’agira pas seulement de remplacer Laurent Fabius, en partance pour le Conseil constitutionnel. C’est aussi la dernière station avant l’autoroute présidentielle, la dernière occasion de remanier en profondeur à quinze mois de l’élection reine. Au-delà des hommes, c’est le moment de choisir entre une équipe resserrée et politiquement cohérente - ce pour quoi plaide Manuel Valls - et un gouvernement élargi à des personnalités extérieures ou aux diverses familles écologistes - ce que souhaite François Hollande. De la physionomie du prochain gouvernement, l’on pourra donc déduire, en conclut Sud-Ouest, l’influence que conserve le Premier ministre. Mais aussi la capacité du président à rassembler une majorité qui n’a cessé de s’effilocher au long du quinquennat. »
Pour Le Figaro, la messe est dite : ce sera un ancrage vers la droite de la gauche. « Plus question de tenter d’amadouer avec des postes ministériels les frondeurs ou ce que Jean-Marie Le Guen décrit comme " cette gauche contestataire qui ne veut plus gouverner ". Il s’agit désormais, estime en effet Le Figaro, d’acter l’ancrage de l’orientation sociale-démocrate, voire libérale, de François Hollande. Depuis le temps, le chef de l’Etat a compris qu’il n’avait plus rien à attendre de l’aile gauche du PS et de la gauche de la gauche. L’heure de couper les ponts est venue, affirme encore Le Figaro, n’en déplaise à Cambadélis qui croit encore que le remaniement peut être l’occasion de rassembler la gauche. »
Le « docteur Folamour » nord-coréen
A la Une également, la dernière provocation du régime nord-Coréen. La communauté internationale accuse Pyongyang de s’être servi de la mise en orbite d’un satellite, hier dimanche, pour tester un missile de longue portée, énième violation des résolutions de l’ONU. « Kim Folamour », titre Libération, comparant ainsi le leader nord-coréen Kim Jong-un au savant fou du Docteur Folamour, film de Kubrick. En effet, il y a de quoi s’inquiéter, estime Libération : « Ubuesque régime stalinien héréditaire aussi paranoïaque qu’imprévisible, la Corée du Nord a désormais la bombe A et des fusées à longue portée. Cela ne signifie pas, selon les experts, que l’arme atomique nord-coréenne est déjà opérationnelle mais le risque est là. Un petit pays isolé et pauvre est, de fait, devenu en comptant sur ses propres forces une puissance nucléaire. C’est le plus gros échec de la lutte contre la prolifération. (…) Le " royaume ermite " défie ouvertement la communauté internationale, fort du soutien de Pékin au Conseil de sécurité. Et nul ne voit comment contraindre Pyongyang à renoncer à une bombe perçue comme une menace majeure par ses voisins. »
En effet, précise Le Journal de la Haute-Marne, « officiellement, la Chine s’inquiète et désapprouve la Corée du Nord. Pour autant, elle ne la lâchera pas, de peur de la voir se désintégrer, ce qui ouvrirait la voie à une réunification avec sa voisine du Sud, alliée inconditionnelle des Etats-Unis. Mais la patience de ces derniers, comme du Japon par ailleurs, a ses limites. Ce n’est pas un hasard si Tokyo, jusque-là très timide en matière militaire, augmente sensiblement ses capacités de défense. Ce qui ne fait qu’irriter son voisin chinois. En jouant avec le feu, conclut le quotidien champenois, la Corée du Nord peut déclencher un embrasement incontrôlable. »
Puissance, vivacité, envie…
Enfin le rugby… Deux jours après la victoire étriquée du XV de France face à l’Italie en ouverture du Tournoi des Six nations, on ne parle que de lui. C’est « la seule tête qui dépasse », s’exclame L’Equipe. Virimi Vakatawa ! En effet, commente Le Figaro, « samedi, l’ailier d’origine fidjienne a épaté par sa puissance, sa vivacité, son envie. Et ébloui les spectateurs par sa gestuelle unique dans le rugby français. Incroyables passes après contact, crochets courts et fulgurants, irrésistibles déboulés. Virimi Vakatawa, 23 ans, a éclaboussé le match de tout son immense talent. » Pour La Croix, c’est « le nouveau phénomène du rugby français ». Reste maintenant à confirmer samedi prochain face à l’Irlande…