Le yuan cible d’une attaque de George Soros ?

La presse officielle chinoise s'en prend à George Soros. Elle accuse le financier américain de parier sur l'effondrement du yuan.

L'organe du Parti communiste, le Quotidien du peuple, est le plus explicite. Avec un titre qui barre la une de l'édition internationale de ce mercredi: « Déclarer la guerre au yuan? Ah ah ! » Un rire qui sonne faux. L'ampleur des réactions de la presse témoigne de la fébrilité des autorités chinoises. George Soros, le crocodile financier, comme l'ont baptisé les médias chinois, est officiellement en retraite. Il a annoncé l'année dernière au forum de Davos qu'il se consacrait dorénavant exclusivement à ses activités philanthropiques.

Mais il demeure président de sa société, le Soros Fund Management. Et cette année il est retourné à Davos, c'est d'ailleurs depuis cette tribune qu'il a provoqué l'émoi des dirigeants chinois en déclarant qu'il était vendeur sur les monnaies asiatiques. En clair, il aurait commencé à parier sur une baisse du yuan et du dollar de Hong-Kong.

Quelles sont les motivations de George Soros ?

Chaque fois qu'il estime qu'un marché est biaisé, il passe à l'attaque, en espérant rafler la mise. En 1992, il a empoché au moins un milliard de dollars en pariant contre la devise britannique. Éreintée par l'attaque du financier américain, la Banque d'Angleterre finit par dévaluer la livre car elle n'a pas les réserves suffisantes pour tenir. Georges Soros renouvelle l'opération en 1997 contre les monnaies asiatiques, cela débouche sur une sévère crise pour ces pays en surchauffe.

En ce qui concerne la Chine d'aujourd'hui, le milliardaire considère que ce sont bien les déséquilibres de son économie qui font plonger les marchés du monde entier depuis le début de l'année. La valeur du yuan, que les autorités monétaires chinoises continuent à contrôler avec plus ou moins de mou, ne reflète pas la situation réelle, il parie donc sur une dévaluation imminente du yuan.

Cette position est partagée par d'autres fonds spéculatifs ?

L'agence Reuters cite au moins trois fonds, deux américains, et un troisième basé à Londres qui ont déjà déclaré la guerre au yuan. Le fonds Coriente Partners s'attend à une dévaluation de 20 à 50% d'ici la fin de l'année. Pour le moment la monnaie chinoise a perdu 4,5% de sa valeur face au dollar américain depuis le mois d'octobre. Pour soutenir des entreprises chinoises surcapacitaires, au bord de la faillite, incapable de rembourser leurs dettes, la banque centrale chinoise distribue largement des liquidités dans le système financier et elle soutient sa monnaie. Avec des réserves de 3 000 milliards de dollars, elle a de quoi voir venir. Ainsi elle colmate les brèches, mais elle est incapable d'enrayer la fuite des capitaux. Car les entreprises comme les particuliers partagent visiblement l'analyse de George Soros. Comme ils jugent la dévaluation inévitable, ils protègent leur bien en sortant au plus vite les capitaux de la Chine continentale. Le mouvement devrait s'amplifier après les fêtes du Nouvel An lunaire.

Les autorités chinoises laissent faire ?

La riposte est compliquée. Si elles relèvent les taux d'intérêt pour fixer les capitaux, elles nuisent à une économie déjà chancelante. Elles continuent donc à puiser dans les réserves pour endiguer la dépréciation accélérée par cette hémorragie. L'arme ultime serait le contrôle des capitaux. Une décision pas très heureuse pour un État qui veut faire preuve d’ouverture. Reste alors l'option de la dévaluation. Dans les deux cas, le gouvernement chinois devra reconnaitre les faiblesses de son économie.

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