La crise porcine en Europe fait chuter la demande en aliments du bétail. Ces composés devraient pourtant retrouver toute la faveur des agriculteurs. Leur prix est plutôt à la baisse depuis 2013, alors qu’ils avaient flambé entre 2005 et 2012. Car les matières premières agricoles qui constituent leurs ingrédients : blé, maïs, soja et colza ne sont plus aussi chères, parce qu'abondantes ou corrélées au cours du pétrole.
Mais si les prix de ces aliments se sont tassés, les marges des éleveurs ont elles aussi été très comprimées. Les producteurs de porc ne se remettent pas de la fermeture du marché russe, un quart de leurs débouchés.
Le surplus de viande en Europe est tel qu’il entraîne une guerre des prix entre pays producteurs, beaucoup d’éleveurs produisent aujourd’hui à perte. D’où les restrictions sur l'alimentation des porcs, les commandes devraient baisser de 2 à 3 % cette année, selon la Fédération européenne des fabricants d'aliments composés.
Les éleveurs encouragés à produire davantage
Les éleveurs bovins auraient au contraire pu doper leurs achats, ils ont été encouragés à produire davantage par la levée des quotas laitiers. Mais l'augmentation du cheptel laitier a surtout lieu dans les pays qui nourrissent leurs vaches à l'herbe, comme l'Irlande ; dans le reste de l'Europe, la douceur de l'automne a permis de prolonger le séjour des bovins dans les prairies, restées vertes plus longtemps. L'apport en compléments alimentaires sera donc moindre, -1 %.
Les élevages de volaille seront les seuls à consommer plus, en particulier en Pologne, devenue le premier poulailler d’Europe. Mais cet essor de la demande pour nourrir la volaille ne pourra pas compenser la chute de la consommation d'aliments du bétail dans les élevages bovins et porcins.
L’industrie européenne de l’alimentation du bétail, dont les géants sont l’Allemagne, l’Espagne et la France, devra donc se contenter de 156 millions de tonnes de commandes, c’est le deuxième déclin en sept ans.