EDF face à de nombreux défis pour 2016

C’est un plan d’emploi qui s’annonce chez EDF, annonce faite par la direction jeudi 21 janvier 2016 lors du comité central d’entreprise. 4 200 postes en France vont être supprimés d'ici trois ans. C'est le signe d'une entreprise qui est en difficulté. 

4 200 postes, c'est l'équivalent de presque 6 % des effectifs du groupe EDF SA, mais c'est aussi plus du double de ce qui était prévu. Après avoir beaucoup recruté ces dernières années, l'électricien ferme brusquement les vannes. De plus, la direction prévoit de faire 700 millions d'euros d'économie. Des annonces qui réveillent la colère des syndicats qui appellent à la grève aujourd'hui. Certes, il ne devrait pas y avoir de licenciements secs, ce seront des départs à la retraite non remplacés, ou des départs volontaires, mais c'est en effet un mauvais signe.

Depuis déjà des mois, les partenaires sociaux tirent la sonnette d'alarme sur les choix stratégiques du groupe et sur les décisions politiques prises par le gouvernement. Ils redoutent non seulement une casse sociale, mais également un cuisant échec économique et industriel. En un an, l'action a perdu 50 % et le titre a été évincé du CAC 40 le mois dernier.

 
Un contexte tendu et plusieurs défis pour le groupe français en 2016

Il y a d'un côté les contraintes imposées par le politique, donc non négociables ; et de l'autre les choix stratégiques de la direction qui détermineront l'avenir du groupe. Le premier actionnaire d'EDF est l'État, et ses décisions entravent parfois les orientations souhaitées par la direction. Alors qu'EDF est déjà très endettée, le gouvernement oppose son veto à toute augmentation du tarif de l'électricité, le privant de recettes supplémentaires.

Il y a Bruxelles qui impose à la France d'ouvrir à la concurrence ses barrages hydrauliques, alors qu'EDF en détient 80 % et qu'ils sont source de rentrées importantes, et puis il y a le législateur avec la loi de transition énergétique qui lui impose la fermeture des réacteurs de la centrale de Fessenheim dans le Haut-Rhin. Cela tombe mal : l'exploitation du site participe à hauteur de 600 millions d'euros aux résultats de l'électricien. Autre contrainte, le carénage de certains réacteurs afin d'en prolonger la durée de vie à 60 ans, un chantier de 500 millions d'euros. Enfin, il y a le rachat d'Areva décidé par le gouvernement, EDF devra débourser 2,5 milliards d'euros pour réaliser l'opération.

Toujours au chapitre des dépenses, l'enfouissement des déchets radioactifs : le coût a augmenté à 25 milliards d'euros plombant encore un peu plus les comptes d'EDF, qui va devoir provisionner 800 millions d'euros supplémentaires. Et ce n'est pas fini, la direction attend les résultats des tests sur la cuve de l'EPR de Flamanville. L'Autorité de sûreté nucléaire soupçonne une malfaçon, auquel cas il faudrait refaire ce qui entraînerait un nouveau retard du chantier qui entraînerait à son tour un surcoût de 10 milliards d'euros.

Face à un tel contexte, il reste peu de marge pour les décisions stratégiques

Lors de son prochain conseil d'administration qui se réunira mercredi prochain, la direction devra débattre de son projet de constructions de deux réacteurs nucléaires EPR en Grande-Bretagne, à Hinkley Point, d'une durée de construction de 6 ans. Évalué à près de 24 milliards d'euros, il pourrait être financé grâce à la cession de 6,5 milliards d'euros d'actifs cette année.

Un projet qui inquiète par son coût. Investisseurs et syndicats le jugent beaucoup trop risqué au regard de la situation financière du groupe. En octobre dernier, le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy a présenté son plan industriel baptisé « Cap 2030 » avec trois priorités : accroître les énergies renouvelables, porter à l'international le groupe et remettre le client au coeur de l'entreprise.

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