Les pays émergents inquiètent le FMI

Les pays émergents inquiètent le Fonds Monétaire International. Leurs difficultés pourraient faire dérailler la croissance mondiale, met en garde le FMI.

Évidemment quand on parle des BRICS, on pense surtout à la Chine devenue la deuxième économie mondiale. On voit bien que son atterrissage chaotique affole les Bourses depuis le début de l’année. Si le fonds tempère son optimisme légendaire cette année, c’est bien sûr en grande partie à cause de cette Chine incertaine, mais aussi à cause des signaux alarmants émis par d'autres pays émergents. Il y a 20 ans les BRICS représentaient 20 % de l'économie mondiale, ils étaient alors perçus comme une opportunité, un relais de croissance pour des entreprises occidentales en mal de nouveaux marchés, certes risqués, mais prometteurs.

Aujourd'hui, ils représentent 40 % de l'économie mondiale et les économies sont beaucoup plus imbriquées. C'est pourquoi leurs malheurs sont susceptibles d'avoir des conséquences mondiales et pourraient remettre en cause le taux de + 3,4 de croissance avancé par le FMI pour 2016. Le FMI révise à la baisse toutes ses projections pour les pays émergents, sauf pour l'Inde qui fait un peu figure d'exception, dans ce pays la croissance devrait avoisiner les 7,5 %.

Le Brésil et la Russie font partie des pays préoccupants

Ils sont déjà en récession. Et ça va continuer en 2016, d’après le FMI. Leurs problèmes économiques sont aggravés par la crise politique dans le cas du Brésil et par le conflit avec l’Ukraine qui a entraîné les sanctions occidentales pour la Russie. Les pays du Golfe sont aussi soumis à rude épreuve par l’effondrement des marchés pétroliers et les tensions géopolitiques dans la région.

Tous ces pays souffrent du retournement des marchés de matières premières et du ralentissement du commerce mondial. Parce qu’ils sont riches en ressources naturelles, ils ont souvent construit leur économie sur l’exportation. Ce qui hier leur a permis de connaître des taux de croissance records les ramène aujourd’hui violemment en arrière.

Les pays émergents ont-ils le ressort nécessaire pour surmonter ce passage à vide ?

La plupart ont déjà réagi en mettant en place des politiques d’ajustement budgétaires pour s’adapter à ce nouvel environnement. Une opération nécessaire, mais douloureuse pour les ménages qui paient plus de taxes ou reçoivent moins d'aide publique, d'où un effet négatif sur la consommation qui dans un premier temps détériore un peu plus leur situation économique.

Pendant la période faste, ils ont par ailleurs considérablement augmenté leurs réserves en devises pour faire face à une crise financière. Les réserves du Brésil par exemple sont passées de 5 à 20 % du produit intérieur brut. Cela devrait les aider en cas de guerre des changes, ou en cas de faillite, car la grosse inconnue qui génère de l'anxiété sur ces marchés c'est le gonflement de la dette des entreprises. Entre 2008 et aujourd'hui, cette dette privée est passé de 30 à 88 % du produit intérieur brut. Elle a souvent été contractée en dollars qu’il faut rembourser alors que le billet vert s’envole et que leurs caisses se vident.

Les marchés des pays émergents voient aussi fuir les investisseurs

Pour la première fois en 2015, le montant des capitaux se retirant de ces pays a dépassé le montant des capitaux entrants. Voyant le climat se détériorer sur place ils sont allés chercher de meilleurs rendements dans les pays en forte croissance, aux États-Unis notamment.

Pour faire face à la dégradation rapide de leurs finances, les fonds souverains du pays du Golfe auraient par ailleurs commencé à rapatrier les capitaux investis dans des fonds ou des titres américains. Ce qui contribue aussi à augmenter la confusion et la volatilité des marchés financiers déjà sur le qui-vive.

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