La faiblesse de l’industrie américaine sème le doute

Aux États-Unis la production industrielle a fortement ralenti en 2015, cela a été confirmé par les chiffres du mois de décembre qui viennent d'être publiés. Cela remet-il en cause la bonne santé de l'économie américaine ?

La production manufacturière a reculé en décembre pour le troisième mois consécutif. En rythme annuel la décélération est très nette. +1,4% de croissance seulement au lieu de +4,5% l'année précédente. Dans la région de New York, l'activité industrielle est en chute libre en janvier, cela fait six mois de reflux pour ce bassin industriel.

Avec le ralentissement des pays émergents entrainés par la Chine, les fabricants américains des biens d'équipement très demandés pour l'industrialisation sont en difficulté. D'autant plus que la forte hausse du dollar les rend moins compétitifs sur les marchés extérieurs.

L'industrie pétrolière, comme l'ensemble des activités liées à l'énergie, que ce soit le gaz ou le charbon souffre de leur côté de la chute du baril de brut, mais aussi de la douceur des températures hivernales. Ces résultats décevants pèsent sur les marchés où l'humeur est déjà baissière à cause de la Chine. Wall Street a perdu 10% de sa valeur depuis le dernier pic de 2015.

Cette panne de l'industrie peut-elle contaminer le reste de l'activité ?

L'industrie américaine représente 12% du produit intérieur brut des Etats-Unis. Et les exportations américaines 13%. Cela veut dire que l'industrie n'a pas un rôle moteur. Ce qui propulse l’activité américaine, c'est la demande interne. La consommation privée représente près de 70% du produit intérieur brut. Et de ce côté-ci le baromètre est mitigé. Les Américains ont moins acheté que prévu en décembre d'après les chiffres de ventes au détail publié cet après-midi.

Mais d'autres indicateurs sont au beau fixe. Les ventes de voitures ont crevé un plafond en 2015 et cela va continuer cette année. Selon le président de la banque Morgan Stanley, les cartes de crédit fonctionnent à plein régime, les banques commerciales sont en pleine forme. Enfin si certaines industries patinent, en revanche le secteur des hautes technologies, l'aéronautique, l'automobile et la santé sont au contraire extrêmement rentables.

Le président Obama trouve injustes les doutes sur la croissance américaine générés par la faiblesse de l'industrie.

Dans son discours sur l'Etat de l'union, il a souligné que l'industrie a tout de même créé 900 000 emplois en 2015. C'est une contribution substantielle qui s'ajoute aux 2,6 millions de nouveaux jobs apparus l'année dernière. Mais cela ne suffit pas à rassurer pour 2016. Car les commandes industrielles stagnent et plusieurs analystes boursiers font remarquer que l'économie américaine en reprise depuis 2009 est peut-être en train d'atteindre le sommet du cycle.

Cet atterrissage de l'industrie américaine intervient au moment où la Réserve fédérale resserre le robinet de l'argent facile en faisant légèrement remonter les taux. Une conjonction défavorable pour les marchés où l'on a peut-être surévalué ces derniers mois le potentiel de la renaissance industrielle. Cela explique aussi le discours alarmiste tenu par les investisseurs.

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