Ebola a-t-il disparu d'Afrique de l'Ouest ? Question en effet on ne peut plus brûlante après que la Sierra Leone a annoncé enquêter sur un décès suspect après un prélèvement positif dans le nord de son territoire. Des analyses complémentaires doivent être effectuées pour vérifier s’il s’agit ou non d’Ebola. En tout cas, avec plus de 11 000 décès, cette épidémie aura donc duré près de deux ans, devenant la plus meurtrière qu’ait causée ce virus. Et la presse, en Afrique comme en France, s’en préoccupe longuement ce matin.
« Il y a eu suffisamment de morts pour interpeller les pouvoirs publics des Etats les plus touchés sur la nécessité de faire de la santé publique une question de souveraineté nationale, prévientFasozine. Car, à force de compter sur la “natte des autres”, on ne risque pas seulement de dormir à terre, mais de n’avoir que nos yeux pour pleurer nos morts », formule le journal burkinabè en ligne.
En France, le quotidien Le Figaro salue cette « victoire » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour les survivants, souligne toutefois le journal français, les séquelles sont toutefois « lourdes » à porter : arthrite, problèmes de vue, inflammation de l’œil et troubles de l’audition. Mais au-delà de son coût humain, cette épidémie sans précédent a « creusé » les disparités économiques et sociales de ces « pays pauvres », énonce Le Figaro.
« Les plus pauvres de la région, les plus fragiles », enchérit de son côté Libération. Qui met en garde : « Ce n’est pas encore la fin de l’épidémie. Les pays doivent encore passer le cap de la «surveillance renforcée» de 90 jours pour qu’elle soit décrétée, prévient le journal. Si un seul nouveau cas est détecté, il faudra reprendre à zéro tout le processus. Libé, enfin, expose l’enjeu de la crise post-Ebola : « tirer, certes, les leçons sanitaires, sociales et politiques d’un tel événement. Et surtout s’interroger sur les modèles de développement des pays les plus vulnérables ».
Compaoré : l’abri précaire de la naturalisation
Autre question à « la Une », l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré, toujours réfugié en Côte d’ivoire, a-t-il ou va-t-il être naturalisé ivoirien ? L’éventualité est en effet à « la Une » de plusieurs journaux en Afrique de l’Ouest. C’est le cas, au Burkina-Faso, du journal Aujourd’hui.
C’est aussi le cas de L’Infodrome, qui fait écho à plusieurs journaux ivoiriens, Le Temps et Le Quotidien d’Abidjan en l’occurrence, ainsi qu’à la source de la lettre confidentielle française La lettre du Continent, selon laquelle le « Beau Blaise serait devenu Ivoirien ». L’Infodrome souligne toutefois que, d’après le journal ivoirien L’Inter, ces informations n’ont pas manqué de faire réagir la présidence ivoirienne. « La présidence clarifie tout », titre en manchette le quotidien. « Je ne suis pas informée que le président Alassane Ouattara a signé un décret de naturalisation attribuant la nationalité ivoirienne au président Compaoré », a déclaré une conseillère en Communication d’Alassane Ouattara.
Compaoré éventuellement naturalisé ivoirien ? « Et alors ? », objecte, au Bénin, le quotidien La Nouvelle Tribune… et si c’était le cas, ça changerait quoi ? Certes, admet le journal béninois, si c’était le cas, ce serait une « bien belle manœuvre » qui viserait à permettre de justifier, « diplomatiquement », le refus d’extradition de Blaise Compaoré, étant rappelé que depuis toujours, souligne La Nouvelle Tribune, la Côte d’Ivoire « n’extrade pas ses ressortissants ». Toutefois, remarque aussi le confrère, cette règle supposée n’en est pas vraiment une, puisque, dans le passé, la Côte d’Ivoire « avait bel et bien extradé un de ses ressortissants ». Le quotidien de Cotonou fait ainsi référence à l’affaire dite du « gang des barbares » qui remonte à une dizaine d’années. Et l’Ivoirien recherché, Youssouf Fofana, était accusé d’avoir torturé et tué en France un français juif, « à cause de son origine ». Ni une ni deux, les autorités ivoiriennes de l’époque avait mis ce criminel dans l’avion, direction Paris. Après avoir été jugé, cet assassin croupi depuis en prison. Conclusion jurisprudentielle de La Nouvelle Tribune concernant Blaise Compaoré, la « théorie » de la non-extradition des ressortissants ivoiriens « pourra difficilement tenir face à ce rappel historique ».