C’était le 7 janvier 2015, nous rappelle La Croix, « deux hommes se réclamant d’al-Qaïda, Chérif et Saïd Kouachi, tuaient onze personnes au siège de Charlie Hebdo, dont huit journalistes, ainsi que, dans leur fuite, un policier. Le lendemain, Amédy Coulibaly exécutait au nom de Daech une policière municipale à Montrouge. Puis, le vendredi 9 janvier, le même tuait quatre clients d’un magasin Hyper Cacher, porte de Vincennes, tandis que les frères Kouachi se retranchaient dans une imprimerie de Seine-et-Marne. Tous trois seront tués ce jour-là dans les assauts donnés par les forces de l’ordre. »
Alors un an après, « a-t-on fait le deuil ?, s’interroge L’Union. « Non, répond le journal. Sommes-nous plus en sécurité ? Non. Sommes-nous toujours Charlie ? Oui, quand même. Enfin, pas sûr, plus comme avant. Il n’est qu’à voir les indignations générées par la dernière Une de Charlie. L’Islam s’est-il réformé ? Non. La politique a-t-elle repris la main ? Non. […] Un an après, donc, rien n’est réglé, tout est chamboulé, estime L’Union. La gauche a pris la place de la droite dure, la droite dure est aplatie entre la gauche de droite et la droite très dure, laquelle est triomphante. Un an après, la France bombarde finalement l’EI en Irak et en Syrie, Poutine n’est pas loin de redevenir un ami et nous sommes toujours copains avec les Saoudiens, pourtant géniteurs déclarés de l’EI, lequel sert de couveuse aux djihadistes. Un an après, pointe encore L’Union, Cabu a la Légion d’honneur malgré ses récriminations d’outre-tombe, et Wolinski s’écrit avec un “y”. »
Zones d’ombre
Et où en est-on de l’enquête ? « Un an après les attentats de janvier 2015, constate La Voix du Nord, on commémore, on dévoile des plaques, on prépare un rassemblement dimanche sur cette place de la République devenue malgré elle, par sa proximité avec les lieux des attentats de janvier et du 13 novembre, la place de la République attaquée mais debout. Mais du côté des familles des victimes des frères Kouachi, on attend encore de l’Etat des réponses à des questions qui embarrassent au plus haut point. […] La veuve du policier Franck Brinsolaro, chargé de protéger Charb, l’homme le plus menacé de France, a déposé cette semaine plainte contre X, en rappelant les inquiétudes exprimées par son mari sur les failles d’un dispositif de sécurité allégé peu avant la tuerie. Une question qui taraude aussi l’épouse du dessinateur Georges Wolinski depuis ce mercredi noir. »
Alors, Le Figaro, notamment, fait le point sur cette enquête. « Quelque 52 tomes de procédures, près de 20 000 feuillets de procès-verbaux, 2 000 scellés et des centaines de témoins entendus… Mais des zones d’ombre qui peinent à se dissiper. »
D’abord, qui est le commanditaire ? « Le massacre de Charlie Hebdo par les frères Kouachi a été revendiqué par al-Qaïda dans la péninsule arabique. » Pour l’Hyper Cacher, c’est plus compliqué : « une chose est acquise, pointe Le Figaro : un mystérieux correspondant a téléguidé, peut-être même depuis la Syrie, Amedy Coulibaly. »Ce correspondant n’a toujours pas été identifié formellement.
Autres zones d’ombre, pointe encore Le Figaro : « l’origine de l’arsenal des tueurs est encore confuse. D’éventuelles complicités restent à établir. »
Kouachi était venu repérer !
Et puis, il y a donc les questions sur la sécurité des journalistes de Charlie… « Deux faits troublants motivent la plainte de l’épouse du policier assassiné, relève le journal. D’abord, Charb, figurant sur la liste noire des islamistes, faisait l’objet d’un dispositif de protection allégé, contrairement à d’autres cibles comme l’écrivain Salman Rushdie. Par ailleurs, les locaux de Charlie, dont l’accès était dépourvu de “sas de sécurité”, faute de moyens, auraient été repérés trois mois avant l’attentat, par l’un des tueurs, Chérif Kouachi. »Les services de police, alertés, n’ont rien fait…
Conclusion,soupirent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « même si on ne se l’avoue pas, notre vie quotidienne a changé depuis ce fatidique 7 janvier 2015. […] La conscience d’un danger intérieur a grandi. […] Et il est troublant d’apprendre que l’un des dix prénoms les plus donnés aux garçons nés l’an dernier en France, est Timeo. Timeo, mot latin qui signifie “je crains”,“je redoute”, “j’ai peur”. Comme si la hantise de l’attentat s’était glissée inconsciemment jusque dans les berceaux ! »