On n'en est pas encore au stade où des robots à l'apparence humaine, comme dans la série Real Humans, présenteront des journaux télévisés. Mais pour ce qui est des articles écrits par des machines, c'est déjà fait. Aux dernières élections régionales, en 2015, les résultats sur le site Le Monde étaient donnés commune par commune. A chaque fois de petits articles étaient écrits de manière automatique en fonction des données intégrées sur la situation électorale de la ville complétées par des éléments démographiques ou historiques. Pour les éditeurs de presse, c'est le moyen d'augmenter leur audience en ligne pour avoir davantage de revenus publicitaires.
D'autres applications existent comme ces contenus extraits de rapports financiers pour Associated Press ou cette technologie basée sur des données sismiques qui a permis au Los Angeles Times d'informer les internautes quelques secondes après un séisme. Le BBC News Lab alerte aussi ses journalistes en cas d'augmentation à deux chiffres du nombre de crimes sur Londres.
En 2016, alors que Facebook, Google ou Twitter commencent à diffuser des articles dans le fil d'actualités des mobinautes, on va assister à la rencontre entre la socialité des réseaux et l'intelligence artificielle de la machine. A la circularité de l'information délivrée par sa communauté s'ajoute un autre filtre : celui de ses goûts, de ses interactions ou, comme disent les gens du marketing, de son engagement en faveur de telle ou telle info. Mais quid alors de l'information qui ne nous intéresse pas à priori et qui va peut être demain changer le monde ?
La robotisation concerne aussi le monde de la publicité sur Internet qui cherche à lutter contre l'audience frauduleuse de trafiquants qui fabriquent des clics sur des bannières de pub à partir de mini robots informatiques hébergés hors d'Europe. Parallèlement, les internautes sont de plus en plus nombreux à installer des bloqueurs de pub afin de ne plus être tracés puis matraqués par de la publicité intempestive ou invasive. On estime que ce phénomène atteint 15% de l'audience des sites et 6 milliards de dollars de manque à gagner aux Etats-Unis. Après avoir tenté sans succès diverses actions juridiques, le groupe de médias allemand Axel Springer a résolu de ne plus proposer de vidéos aux visiteurs de ses sites pourvus de ces bloqueurs de pub. C'est le prix à payer pour consulter ses médias. Reste que plus on cherchera à imposer un certain type de consommation de l'information, plus l'internaute averti s'efforcera d'y échapper. Cela s'appelle l'intelligence non pas artificielle mais humaine.