A la Une: la Corse, île d’amour et de haine

Quand Tino Rossi la chantait, c’était « l’Ile d’amour ». Cette semaine, à Ajaccio, ce fut plutôt la haine que la Corse a donné à voir et qui a soufflé sur les « braises du racisme », déplore Le Journal du Dimanche.

Hier encore, dans l’après-midi, une manifestation a secoué deux quartiers populaires de la plus grande ville corse. Des slogans tels que « sales Arabes » ou « les Arabes dehors » ont été hurlés, rapporte Le Parisien Dimanche.

La veille, la manif avait quasiment tourné à l’émeute. Une salle de prière musulmane avait été saccagée, des corans partiellement brulés, un restaurant kebab attaqué. En colère, la foule protestait contre l’agression, la nuit précédente, d’un équipage de pompiers appelé pour éteindre un début d’incendie dans un de ces quartiers populaires d’Ajaccio. Dans une sorte de guet-apens sans précédent dans l’île, quatre pompiers avaient été pris à partie par une quinzaine de jeunes armés de barres de fer et de clubs de golf. Les vitres du camion de pompiers avaient volé en éclat.

Corse : le nationalisme en accusation

Ces incidents interviennent deux semaines après les élections régionales qui ont porté au pouvoir les nationalistes en Corse. Faut-il y voir un lien ? En Corse, le climat politique est « tendu », souligne Le Parisien Dimanche. Certes, le nationaliste Gilles Simeoni, nouveau président du conseil exécutif local, a condamné une « agression initiale scandaleuse », celle des pompiers, ainsi que des « dérapages racistes contraires aux valeurs du peuple corse », ceux des manifestants, mais avant-même la survenue de ces incidents, L’Express condamnait, lui, le nationalisme corse, certes « parvenu » au pouvoir de façon « incontestable », mais ce nationalisme-là « n’est pas modéré », regrettait l’hebdomadaire.

Et « bientôt », prédisait-il, le nationalisme corse tentera « sans nul doute » d’obtenir l’indépendance de l’île, ce qui, selon ce journal, serait « suicidaire ». La Corse n’étant ni l’Ecosse « avec son pétrole », ni la Catalogne « avec son PIB », L’Express pense que si elle accédait à l’indépendance, elle « ne pourrait devenir qu’un paradis fiscal inondé d’argent sale et doublé d’un vaste écomusée pour horde de touristes ». Voilà pourquoi ce magazine en appelle à la figure du Corse que fut Napoléon Bonaparte, jadis empereur de presque toute l’Europe, et qui « ne peut redevenir dans les livres le rejeton d’un confetti encombré de chèvres et de châtaigniers ».

Déchéance de nationalité : zizanie à gauche

La semaine aussi été marquée par la polémique sur la déchéance de nationalité. Et cette polémique conduit à « la rupture », lance Le Journal du Dimanche. En attendant les vœux de François Hollande, le 31 décembre, la gauche se déchire au sujet de ce projet de réforme constitutionnelle. Réforme que le président avait annoncée devant le Congrès réuni à Versailles, au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, et qui correspond à une idée défendue par l’extrême-droite ainsi qu’une partie de la droite en France.

Ce matin, dans Le JDD, Benoît Hamon dénonce ce qu’il appelle une « transhumance politique et intellectuelle » de François Hollande. L’ex-ministre socialiste trouve que cette décision « déboussole » et qu’elle va provoquer un « schisme » au sein du « peuple de gauche ».

« Je ne m’explique pas » la décision du président, enchérit dans les colonnes du même journal le député socialiste Julien Dray. Ce proche de François Hollande dit lui aussi craindre une « rupture avec la gauche militante ».

Dans Le Journal du Dimanche toujours, le Premier ministre dit au contraire qu’une « partie » de la gauche « s’égare au nom des grandes valeurs, en oubliant le contexte ». Et, dans Le JDD, Manuel Valls prévient : « Nous irons jusqu’au bout »…

Vatican : photogénique François

Portfolio exceptionnel réalisé au Vatican par un photographe américain. Dave Yoder, c’est son nom, a pu travailler en toute liberté pendant plus de six mois dans la cité-Etat, sur les pas du pape. Le résultat est à découvrir dans Le Figaro Magazine.

Ici, François passe en soutane sur le dallage de marbre de la Salle royale, au beau milieu de laquelle un garde suisse la monte, justement, dans son uniforme jaune, bleu et rouge ; là, dans la salle Clémentine du Vatican, des cardinaux revêtus de la pourpre de rigueur font assaut de messes basses en attendant le début d’une réunion avec le souverain pontife ; là-encore, des religieuses lingères repassent les habits sacerdotaux portés par les officiants. En images à la gloire de François, le pape des pauvres, dans Le Fig Mag.

Forces spéciales : le « 13 »

Casqués, armés, harnachés, les soldats du 1er Régiment de parachutistes d’infanterie de marine comme ceux du 13e Régiment de dragons parachutistes, le « 13 », comme disent les militaires, dissimulent leur visage derrière des cagoules qui leur donnent l’apparence de forces spéciales maintes fois vues dans d’autres armées du monde.

Mais ces troupes d’élite de la France sont à nulles autres pareilles. Spécialisé dans l’acquisition du renseignement militaire, le « 13 » jouit ainsi d’une réputation d’efficacité qui force l’admiration au-delà des frontières. « Au “13”, le silence est d’or et la discrétion l’une des plus grandes vertus », souligne Le Fig Mag.

Marianne : métaphore républicaine

En cette fin d’année, une question « de saison » se pose : quels sont les acteurs qui font « faire » l’actualité en 2016 ? Pour l’hebdomadaire L’Obs, la première actrice de l’année qui pointe n’est autre que Marianne, symbole de la République, qui n’a plus de secret pour l’écrivain français Laurent Binet, lauréat en 2015 du prix Interallié pour son roman intitulé « Le septième fonction du langage », dans lequel l’auteur imagine non pas la mort accidentelle de Roland Barthes en 1980 à Paris, mais l’assassinat de ce grand sémiologue français.

Dans l’hilarant bouquin de Laurent Binet, les assassins de Roland Barthes voulaient lui dérober une imaginaire septième fonction du langage, arme rhétorique secrète qui permettrait à celui qui la maîtrise de devenir maître du monde. Autant dire que Laurent Binet, agrégé de lettres, évolue dans l’univers de la linguistique et de la sémiologie comme un poisson dans l’eau.

Et dans L’Obs cette semaine, il souligne à quel point Marianne incarne la liberté, « c’est à dire le contraire de l’état d’urgence » ; à quel point elle incarne l’égalité, « c’est-à-dire le contraire du pacte de responsabilité » ; à quel point elle incarne la fraternité, « c’est à dire le contraire de Calais ». Alors, advienne que pourra en 2016, mais ce qui apparaît comme certain à l’écrivain au seuil de 2016, est que Marianne étant une métaphore, « il y aura toujours quelqu’un pour la relever »…

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