A la Une : le projet de réforme de la Constitution

François Hollande n’a finalement pas renoncé à inscrire la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France et condamnés pour terrorisme dans le projet de réforme constitutionnelle.

« Le président a tenu bon et il faut s'en féliciter », applaudit Le Figaro. C'est bien le seul quotidien à se réjouir de « la surprise du chef ». L'expression est de Libération. Globalement, le ton des journaux ce matin est très dur envers le chef de l'Etat. Il renie « une certaine idée de la France », titre L'Humanité qui parle de « reddition devant l'idéologie sécuritaire » et se désole d'une « défaite pour la démocratie ». Pour Libération, c'est une « déchéance de crédibilité ». Analyse partagée par Le Journal de La Haute-Marne pour qui ce volte-face ajoute « au doute ambiant, sur la capacité du gouvernement à mener les affaires de manière sereine, sérieuse et à l'unisson ».

Tout cela pour une mesure qui ne convainc guère. Même L'Opinion doute de son efficacité. Cette mesure est « un symbole, et n'est que cela », écrit Nicolas Beytout. Le journal libéral se demande aussi si la déchéance des binationaux, ce n'est pas aller trop loin. Mais « c'est aussi cela, le but du terrorisme, peut-on lire : nous entraîner vers le toujours plus et finir par nous diviser face à la menace. »

Aujourd'hui, il n'y a bien que le Front national « qui pavoise », selon L'Alsace « ravi du pataquès provoqué par un sujet sur lequel l'extrême-droite a toujours nourri bien des fantasmes ».
Le Front national dont les parlementaires vont voter la réforme de la Constitution, souligne La République des Pyrénées. Et de conclure : « La boucle est bouclée. Dramatiquement. Sinistrement. »

Bons résultats pour Peugeot et Renault

Même Les Echos n'en reviennent pas. « Spectaculaire retour en grâce », peut-on lire en Une du quotidien. Un retour en grâce qui se traduit par la hausse du cours de leurs actions : + 60% pour Peugeot, +55% pour Renault. Ce sont les plus fortes progressions du CAC40 en 2015, soulignent Les Echos, et c'est « une belle revanche pour PSA, de retour dans l'indice phare parisien après en avoir été écarté en septembre 2012 ».

Comment expliquer ce succès inespéré ? Il y a tout d'abord le solide rebond du marché européen. Les ventes de voitures neuves ont progressé sur le Vieux continent qui reste le principal débouché des constructeurs français. Ensuite, chaque constructeur a mis en place sa propre stratégie qui a donc porté ses fruits : réduction des coûts pour PSA et rénovation de ses modèles pour Renault.

« Tout n'est pourtant pas rose », tempèrent Les Echos. PSA et Renault vendent moins de voitures en Chine, en Russie et en Amérique latine notamment. De plus, pour les deux marques, des interrogations demeurent sur leur actionnariat. Avec qui Peugeot compte-t-il s'allier ? Quand est-ce que l'Etat se défera des titres de Renault acquis au printemps ? Les investisseurs attendent des réponses, selon Les Echos.

Volkswagen, empêtré dans le scandale des moteurs truqués, change de slogan

La marque allemande a décidé de renoncer à son célèbre slogan publicitaire qu'elle utilise depuis 2007 : « Das Auto » («La voiture»). Un slogan arrogant, un peu trop « absolutiste » vu la situation actuelle, explique Les Echos. Volkswagen a décidé de faire preuve "d'humilité et de compréhension vis-à-vis de ses clients, qui vont voir chuter la valeur vénale de leur véhicule diesel", écrit le quotidien économique.

Désormais, Volkswagen ne sera que... « Volkswagen » ! Formule « beaucoup plus neutre et peu onéreuse en termes de création publicitaire », expliquent Les Echos. La marque s'est d'ailleurs lancée dans un vaste plan d'économies, en attendant de devoir signer des chèques à tous ceux qui ont saisi la justice après l'affaire des moteurs truqués. Pour faire face à cette « avalanche de demandes de dédommagement », Volkswagen vient d'embaucher une star, Kenneth Feinberg, l'avocat des victimes du 11-Septembre et de l'attaque terroriste du marathon de Boston. Les Echos ne précisent pas le montant de son chèque à lui.

Manifestations en Pologne

Ce qui se passe dans le pays est un « coup d'Etat », selon le président du Parlement européen, Martin Schulz. Des propos rapportés par La Croix.
En cause : l'adoption d'une loi mardi soir, réformant le mode de fonctionnement du Tribunal constitutionnel, instance qui juge de la constitutionnalité des lois. Désormais, pour être valables, toutes ses décisions devront être votées à une majorité des deux tiers, et pour les plus importantes d'entre elles, 13 des 15 membres du Tribunal devront être présents. C'est une « dérive autoritaire », estime La Croix, car le Parti Droit et Justice - au pouvoir depuis octobre dernier - a déjà placé « selon une procédure controversée, cinq juges de son choix au Tribunal constitutionnel ». Les conservateurs pourront donc bloquer les verdicts qui ne leur conviennent pas et réformer la Constitution à leur guise, décrypte le quotidien.

Comme l'écrit Libération, le parti conservateur « veut le pouvoir, tout le pouvoir ». Ces derniers temps, les « reprises en main » des institutions, services de renseignement et médias publics se multiplient. précise La Croix.
Mais les Polonais ne sont pas d'accord. Alors ils descendent dans les rues. « Samedi, raconte la correspondante de Libé, plus de 10 000 personnes sont à nouveau sorties à Varsovie et des milliers dans une vingtaine de villes. Du jamais-vu depuis l’époque de Solidarnosc, il y a plus de vingt-cinq ans

Les conservateurs aussi se mobilisent

Ils affirment que les libéraux, qui ont perdu le pouvoir, ne veulent tout simplement pas partir, rapporte Libération.
« C’est une lutte du bien contre le mal », résume un membre du mouvement Croisade du rosaire pour la patrie que le quotidien a rencontré mi-décembre alors qu’avec d’autres activistes, il brandissait des images de la Vierge devant le siège du principal quotidien polonais, devenu le symbole de la liberté d’expression. Un prêtre exorcisait les journalistes, raconte encore Libé.

Ce sont donc « deux Pologne qui se font face » , résume le quotidien. D’un côté, les libéraux et les communistes ; de l’autre, les conservateurs. « Près de 35 % des Polonais se disent opposés à l’action du gouvernement contre 30 % qui le soutiennent », conclut La Croix.

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