A la Une: Concorde nationale, le crapouillot de Hollande

Ce fut une de ces poignées de main dont raffolent les journaux. Car qui dit poignée de main, dit « accord », « entente », « concorde », voire « paix ». Celle d’hier, entre François Hollande et Xavier Bertrand, était puisée dans le troisième tonneau. La « concorde nationale », a dit le président.

Cela s’est passé dans le nord de la France, au pied d’un tout nouveau monument aux «  fraternisations  » pendant la Première Guerre mondiale. Un monument dédié aux soldats allemands et français, alors ennemis, et qui, à l’approche de Noël 1914 et 1915, sont sortis de leurs tranchées pour « fraterniser ».

Et cette poignée de mains entre François Hollande et le tout nouveau président du septentrion français Xavier Bertrand, qui, rappelons-le, a été élu dimanche dernier grâce au retrait de la liste socialiste à l’élection régionale dans cette région pour empêcher l’élection de la présidente du Front national Marine Le Pen, illustre aussi bien « la Une » du Figaro que celle de Libération, dont elle occupe la quasi-totalité.

Sur place, la presse locale n’est pas dupe. Ainsi le journal L’Union/L’Ardennais y a-t-il vu un « pacte esquissé » entre droite et gauche, et L’Est Républicain un « jeu ».

Voilà pour les avis les moins réservés dans la presse française ce matin. Pour le reste, le moins que l’on puisse dire est que les journaux français désapprouvent nettement ce début de recomposition droite-gauche esquissée par François Hollande.

C’est une « manœuvre », un « crapouillot », regrette La Nouvelle République du Centre Ouest, étant rappelé que le crapouillot, c’était ce petit mortier que les poilus de la Grande Guerre utilisaient dans les tranchées pour bombarder les Allemands.

Concorde nationale : le trompe-l’œil

Autant dire qu’au-delà de la « fraternisation » d’hier, les arrière-pensées du président, ne trompent personne : pour Le Figaro, François Hollande prend un « malin plaisir » à mettre « de l’huile sur le feu » qui a commencé à consumer la droite en s’affichant aux côtés de Xavier Bertrand, élu dimanche « grâce » aux voix de la gauche.

Et même si l’on écarte toute arrière-pensée machiavélique supposée en germe dans le présidentiel cerveau, cette idée de concorde nationale, c’est la « grande illusion », regrette Libération. Car elle a « toujours échoué sous la Ve République ». Attention à ne pas faire une croix sur l’espoir de « reconquérir » un électorat populaire encore sensible à la justice sociale, avertit Libé.

D’autant que vouloir rapprocher droite et gauche maintenant signifie que la candidate du Front national Marine Le Pen sera forcément « présente » deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017. Or le deuxième tour est précédé... d’un premier tour, rappelle opportunément Libération, qui résume la loi d’airain de l’arithmétique électorale : « sans le secours d’une partie des quelque 10 % ou 15 % qui votent à gauche du PS, un candidat socialiste n’a pratiquement aucune chance d’y parvenir ». Dure, dure, mais c’est la loi.

Affaire Tapie : Christine Lagarde rattrapée par la justice

La loi, justement. A-t-elle été bafouée par Christine Lagarde dans l’affaire Tapie ? La Cour de justice de la République devra trancher. C’est devant cette juridiction qu’a été renvoyée la directrice générale du Fonds monétaire international, pour négligence dans la gestion de l’arbitrage Tapie. Christine Lagarde a immédiatement annoncé un recours devant la Cour de cassation, et le FMI lui a renouvelé « sa confiance » peu après l’annonce de son renvoi.Cela veut bien dire que, pourl’heure, donc, la question du maintien à son poste de la patronne du FMI ne se pose pas.

Mais « jusqu’à quand ? », s’interroge le journal L’Alsace. Probablement jusqu’à l’examen de toutes les procédures d’appel pouvant lui permettre « d’éviter un procès », anticipe ce journal de l’est de la France.

Mais au-delà du seul sort de Christine Lagarde, Sud-Ouest souligne que l’ancienne ministre a « agi sur ordres, […] Et ces ordres venaient d’en haut, de très haut ».

Qu’on ne s’y trompe pas, complète et précise La Charente Libre, derrière Christine Lagarde, c’est « évidemment l’ombre de Nicolas Sarkozy et de ses relations avec Bernard Tapie qui s’imposent ». En tout cas, ce retour au premier plan des affaires risque de peser lourdement sur une pré-campagne présidentielle « déjà très compliquée pour Nicolas Sarkozy », complète ce quotidien du sud-ouest de la France.

Rwanda : référendum sur-mesure pour Kagamé

Le quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace estime que Paul Kagamé est en fait en train de « réussir là où Blaise Compaoré a échoué et où Pierre Nkurunziza et Denis Sassou N’Guesso en sont encore à tordre le bras de leurs populations ».

Ce journal de l’est de la France évoque un « hold-up constitutionnel » qui permettra à Paul Kagamé de rester au pouvoir jusqu’en 2034, l’homme fort de Kigali bénéficiant, selon Les Dernières Nouvelles d’Alsace, d’un « chèque en blanc ».

Croissance : le trois fois rien français

L’Insee, hier soir, a publié sa note de conjoncture pour les six premiers mois de l’année 2016. En trois mots, l’institut officiel de statistiques prédit une reprise insuffisante, entrevoyant une légère accélération de la croissance de 0,4 % au premier puis au deuxième trimestre 2016.

Mais pour que le gouvernement soit assuré d’atteindre ses objectifs pour l’ensemble de l’année prochaine, soit 1,5 % de croissance, « le compte n’y est pas », avertit L’Opinion. Plus préoccupant, avec cette timide reprise, « pas de net recul du chômage », anticipe le journal.

« Le grand Raymond Devos nous aurait expliqué que trois fois rien, c’est mieux que rien et que c’est même déjà quelque chose, raille le journal Les Echos. […] Mais il ne suffit pas que le bâtiment aille mieux pour que tout aille mieux », prévient le quotidien économique français.

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