A la Une: mais que se passe-t-il au Niger?

Des tirs qui ont fait un blessé devant le siège en construction du parti au pouvoir à Niamey dans la nuit de dimanche à lundi. Les autorités qui annoncent une simple course-poursuite qui aurait mal tourné, en fait un simple fait divers… Le lendemain, plusieurs officiers supérieurs arrêtés. Pas de commentaires de la part des autorités.

En tout cas, pour Le Pays au Burkina, « à deux mois des élections présidentielle et législatives, la tension politique est plus que jamais palpable au Niger. En effet, alors que les décrets convoquant le corps électoral à ces échéances viennent d’être publiés, interviennent ces nombreuses arrestations d’officiers, rajoutant ainsi à la confusion. Au moins quatre généraux et colonels auraient été interpellés. Et à ce qu’on dit, précise le quotidien burkinabé, le nombre d’arrestations n’est pas encore définitif puisque des officiers subalternes ont aussi été mis au frais. Parmi les hauts gradés de l’armée arrêtés, on compte le patron de la base aérienne, le lieutenant-colonel Dan Haoua et l’inspecteur général des armées, le Général Salou Souleymane. Pour quelles raisons ?, s’interroge Le Pays. S’agit-il d’une brouille interne à l’armée ? Ou bien les officiers interpellés chercheraient-ils à déstabiliser le pouvoir, comme le laissent croire certaines sources ? On se perd en conjectures, ce d’autant plus que le gouvernement nigérien se refuse à tout commentaire. »

« Ça sent le soufre et la poudre », s’exclame L’Observateur Paalga, toujours au Burkina. L’Observateur Paalga qui s’interroge également : « y aurait-il une relation de cause à effet entre la fusillade de l’autre soir et ces mises aux arrêts ? Ou serait-ce dû à des problèmes internes à la Grande muette ? Ou alors, plus grave, s’agirait-il de questions liées à la sécurité de l’Etat, pour ne pas dire plus ? Là aussi le mystère demeurait hier soir en l’absence d’explications officielles. Mais quelle que soit l’hypothèse retenue, pointe le quotidien ouagalais, ces événements successifs viennent alourdir davantage un climat politique déjà passablement délétère. Et si à tout cela on ajoute la menace terroriste qui, depuis un certain temps, plane au-dessus de la démocratie et de ses institutions, il faut craindre qu’à la longue le Niger, jadis coutumier des coups d’arrêts violents infligés au processus démocratique, renoue peu à peu avec ces mauvaises habitudes. Fort heureusement, tempère L’Observateur, on est encore bien loin d’un tel scénario catastrophe. »

En tout cas, rapporte le site nigérien d’information TamTam Infos, « le gouvernement a réaffirmé mardi sa ferme détermination à tenir les élections présidentielles et législatives aux dates prévues par la Commission électorale nationale interdépendante, soit le dimanche 21 février 2016, pour le premier tour de l’élection présidentielle et pour les législatives. »

Marou Adamou, le ministre de la Justice a pour sa part prévenu : « le gouvernement n’acceptera pas de conduire notre pays dans un vide constitutionnel. Les élections auront lieu le 21 février. Que ceux qui pensent qu’elles n’auront pas lieu se ressaisissent et cherchent les moyens de battre campagne. »

Zuma contesté

Et puis la presse ouest-africaine s’intéresse aussi aux tensions en Afrique du sud… « Afrique du Sud : Colère Noire Contre Zuma », lance le site d’information Fasozine. « Plus rien ne va entre le président sud-africain et son peuple, constate-t-il. Le désamour ne date pas vraiment d’hier, mais prend de plus en plus d’ampleur. Depuis plusieurs semaines maintenant, Jacob Zuma multiplie les gaffes en matière de gouvernance. Et cela a fini par exaspérer ces concitoyens qui sont descendus dans les rues pour exiger sa démission. […] Les Sud-africains sont fatigués des scandales de corruption et de la gabegie qui éclaboussent le clan présidentiel. Le moins que l’on puisse dire c’est que Jacob Zuma se trouve à la croisée des chemins. Il ne peut visiblement pas remonter sa côte de popularité lamentablement en berne. C’est sûr, cette fois-ci. On n’attend plus que la fin de son mandat. A défaut de le débarquer ici et maintenant. »

Pour sa part, pointe Aujourd’hui à Ouaga, « l’ANC, le parti au pouvoir, semble fermer les yeux sur les incartades de son champion. Ce jeu de l’autruche pourrait cependant coûter cher au parti de Nelson Mandela. A défaut de faire plier le président par les hurlements des haut-parleurs et les cris des pancartes, les électeurs Sud-africains pourraient faire payer son parti dans les urnes. En effet, les élections locales sont dans cinq mois. Et les Sud-africains sont capables d’asséner une déculottée incompressible au parti au pouvoir, histoire de le sanctionner pour son laxisme vis-à-vis de son candidat. »

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