L’embargo sur les exportations de pétrole américain bientôt levé

Encore impensable il y a quelques mois, la levée de l’embargo sur les exportations de pétrole américaines devrait être votée d’ici la fin de la semaine. Et elle devrait être acceptée par la Maison Blanche.

Les Etats-Unis vont autoriser à nouveau les exportations du pétrole qu’ils produisent, quarante ans après les avoir interdites. En 1975 il s’agissait de préserver l’indépendance énergétique du pays, au lendemain du premier choc pétrolier. Mais depuis 2008, les Etats-Unis ont quasiment doublé leur production de brut, grâce à la fracturation hydraulique. Depuis deux ans l’industrie pétrolière américaine bataille pour obtenir le droit d’exporter le pétrole, en excédent désormais sur le sol américain, ce qui a fait plonger les prix du brut coté à New York, et donc les revenus des compagnies. Seuls les produits raffinés américains, comme l’essence, sont exportables.

Une brèche s’est également ouverte en 2014 pour certaines huiles légères. Et les Etats-Unis sont autorisés à exporter leur brut au Canada, avec un record d’exportations de près de 600 000 barils par jour au printemps dernier. Mais le président Barack Obama s’opposait toujours à la levée inconditionnelle de l’embargo sur les exportations de brut, un gage trop voyant à l’industrie pétrolière, alors qu’il veut incarner la transition des Etats-Unis aux énergies vertes. Il devrait néanmoins promulguer, pour éviter un nouveau « shutdown » de l’administration américaine, la proposition de loi budgétaire ficelée par les ténors du Congrès. Un compromis qui prévoit des incitations fiscales aux énergies éoliennes et solaires, mais aussi des exonérations pour amadouer les raffineurs de la Côte Est, qui ont tout à perdre à voir le pétrole américain quitter le territoire.

Les exportations massives de brut américain ne sont pas pour autant pour demain, ce ne serait pas rentable de l’expédier à l’autre bout des mers, tant le prix mondial du baril, en chutant, s’est rapproché du prix américain. Mais l’industrie pétrolière américaine prend rendez-vous dans deux ou trois ans, elle sait que rien ne pourra plus arrêter les barils de brut américain désormais, sauf si, comme le projet de texte le prévoit, les Etats-Unis étaient menacés de pénurie ou que le prix du gallon d’essence venait à augmenter trop fortement pour le consommateur américain. L’embargo pourrait alors être provisoirement réinstauré.

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