Le grand hôtel bamakois a rouvert ses portes hier, 25 jours après l’attentat terroriste qui a causé la mort d’une vingtaine de personnes. « Triomphe contre la terreur ! », s’exclame le quotidien malien Le Républicain. « En se relevant vite et bien, le Radisson Blu symbolise la résistance anti-terroriste, estime le journal, et à cet effet force le soutien indispensable de tous. Et personne ne peut demeurer en reste de ce challenge. »
Pour Aujourd’hui au Burkina, la réouverture de l’hôtel est un « symbole de défi envers les bourreaux : (…) comme au lendemain de l’innommable à Charlie Hebdo, ou tout dernièrement au Bataclan, les Maliens, à l’image des Français, ont fait bloc derrière la République et ses idéaux éternels que sont la liberté, la vérité, la solidarité, toutes choses qui font le ciment d’une Nation. Alors que ces terroristes, qui ont fondu comme des loups sur cet hôtel, en sont le dissolvant. En ultime leçon, poursuit Aujourd’hui, le Mali sort requinqué de cette douloureuse épreuve, comme les précédentes, que ce soit au Nord où il est confronté à des itératives guerres asymétriques ou à Bamako même, la capitale. Une victoire qui doit se savourer dans la prudence et la vigilance, les deux noms de la lutte contre les djihadistes. »
« Au Mali, les autorités n’entendent pas courber l’échine face au terrorisme, constate également le site guinéenLedjely.com. La prompte réouverture de l’hôtel Radisson Blu de Bamako, est symptomatique de cette volonté de résistance face à l’ennemi. Une attitude empreinte de fierté qui, au-delà de la lutte classique contre le terrorisme rampant, se trouve dictée par la nécessaire défense du secteur touristique, pourvoyeur de recettes considérables en ces temps de vaches maigres. Sauf que, tempère Ledjely.com, sauf que la réouverture de ce seul hôtel ne suffira pas à améliorer l’image qu’on a du pays, avec toutes les attaques qui y ont été enregistrées ces dernières semaines. Ce n’est pas qu’avec la volonté et quelques jolis coups médiatiques que le Mali réussira à exorciser le terrorisme islamique qui le tient encore en joue. »
Simple bavure à Niamey ?
A la Une également, les tirs contre le nouveau siège du PNDS, le parti au pouvoir, à Niamey au Niger… C’était dans la nuit de dimanche à lundi. Apparemment, l’enquête progresse. Hier soir, quatre personnes étaient en garde à vue, dont deux militaires. Une source proche du dossier a affirmé à RFI qu’il ne s’agissait pas d’une attaque délibérée sur le siège du PNDS, mais plutôt d’une bavure. Le ministre de l’Intérieur a quant à lui déclaré qu’il ne s'agissait pas d’une attaque terroriste.
En tout cas, la presse ouest-africaine s’interroge, à l’instar du quotidien burkinabé Le Pays, car cet incident intervient à deux mois des élections couplées, présidentielle et législatives. Et « l’atmosphère sociopolitique sent le soufre », estime le journal. En effet, précise-t-il, « outre le Modem Lumana dont le leader, Hama Amadou, est derrière les barreaux pour une sombre histoire de trafic de bébés, le PNDS, au pouvoir à Niamey, a maille à partir avec un autre parti de l’opposition, la CDS de l’ancien président Mahamane Ousmane. Ce dernier soupçonne le PNDS de chercher à l’écarter de la course au fauteuil présidentiel. En tout état de cause, c’est dans ce climat tendu que des individus n’ont rien trouvé de mieux que d’ouvrir le feu sur le chantier de construction de son nouveau siège, à l’aide de fusils d’assaut, blessant au passage un policier. Un acte qui pourrait bien s’inscrire donc, estime encore Le Pays, dans le cadre d’un théâtre d’ombres qui se joue actuellement sur les bords du Niger dans la perspective des toutes prochaines échéances électorales. Au-delà de la curiosité de l’acte en lui-même, attaquer au fusil d’assaut un chantier de construction à une heure tardive de la nuit (1h du matin), l’on pourrait se poser la question suivante : qui en veut au pouvoir nigérien ? En dehors de toute revendication de l’acte, l’on ne peut que se perdre en conjectures, dans l’espoir que les fins limiers nigériens feront la lumière sur cette affaire. Et ce ne sont pas les questions qui manquent. »
Voilà pour le commentaire du quotidien Le Pays. Rappelons donc que d’après les autorités nigériennes, cette attaque n’en serait pas une ; il s’agirait d’une bavure. Une course-poursuite entre des militaires et un véhicule de particuliers qui se serait achevée, avec des tirs, devant le futur siège du PNDS. Affaire à suivre…