Fils d'immigrés italiens, Frank Sinatra comprendra rapidement le piège du reflexe communautaire, et réagira toujours vivement aux dérives racistes de ses contemporains. Lorsque le mouvement des droits civiques bouscula les consciences au tournant des années 60, Frank Sinatra fit part de son soutien aux combattants de la liberté. Il n'avait d'ailleurs pas attendu les discours des grands orateurs noirs pour livrer bataille.
Déjà en 1945, Frank Sinatra, alors très populaire, fit entendre sa voix pour dénoncer l'absurde ségrégation, dont furent victimes 200 étudiants noirs de l'Université de Gary dans l'Indiana.
Tout au long des années 50 et 60, il prit un malin plaisir à s'afficher en compagnie d'éminentes personnalités afro-américaines, dont Nat King Cole, Ella Fitzgerald, Count Basie ou le jeune Quincy Jones. Il ira même jusqu'à interpréter «Ol' Man River», l'un des classiques du répertoire noir américain, à Carnegie Hall à New York, en présence du pasteur Martin Luther King.
Les fameux spectacles du «Rat Pack», emmenés par Dean Martin, Sammy Davis Jr et Frank Sinatra, n'étaient-ils pas finalement une judicieuse façon de montrer que Blancs et Noirs pouvaient s'entendre comme larrons en foire ?
Bien qu'il ne confirma jamais cette intention louable, Sinatra encouragea ses amis du «show-biz» à le suivre dans cette croisade contre l'obscurantisme et l'ignorance.
Alors que l'on célèbre le centenaire de cette icône universelle, sa réelle destinée se dévoile enfin à travers de nombreuses anthologies, biographies, documentaires que la «société du spectacle» se plaît à mettre en scène.
Une vraie opportunité de (re)découvrir en filigrane les différentes facettes d'un homme complexe qu'on appelait «The Voice» !