A la Une: Hama Amadou reste sous les verrous

La demande de liberté provisoire de l’opposant a en effet été rejetée, hier, par la Cour de cassation. « Candidat à la prochaine élection présidentielle du Niger, Hama Amadou avait été arrêté, rappelle Afrik.com, le samedi 14 novembre dès sa descente d’avion à l’aéroport de Niamey, à son retour après un an d’exil en France suite à son inculpation pour trafics de bébés. Une arrestation très musclée. La police avait dû faire usage de grenades lacrymogènes pour disperser les sympathisants de Hama Amadou et se frayer un chemin, de l’aéroport à la prison civile de Niamey. »

Beaucoup de réactions ce matin dans la presse de la sous-région après le maintien de l’opposant nigérien en prison.

Pour le site d’information nigérien Tamtam Infos, « il faut libérer Hama. » Et ce pour deux raisons : « dans cette affaire de soi-disant trafic et d’achat ou d’importation de bébés, Hama fait partie d’une liste dont nous vous faisons l’économie, relève le site. La quasi-totalité des personnalités impliquées, et non des moindres, court actuellement la ville et le pays comme si de rien n’était. »

Et puis il y a va de la « crédibilité de notre démocratie », poursuit Tamtam Infos : « après avoir été un ami politique de la mouvance au pouvoir et membre de la MRN, Hama a décidé avec son parti de prendre ses distances. Quoi de plus normal pour quelqu’un et son parti qui considèrent qu’ils ont les mêmes aspirations que ceux qui sont actuellement au pouvoir : gouverner ce pays. »

Une aubaine pour ses adversaires…

Hama Amadou derrière les barreaux pour une affaire de trafic d’enfants : « est-ce cependant la seule raison ?, s’interroge le quotidien Aujourd’hui au Burkina. Il est difficile d’oublier que le leader du Moden Fa Lumana est candidat à la prochaine présidentielle au Niger. Et qu’il a été surtout un faiseur de présidents. Il peut donc être un challenger de taille à un deuxième mandat de Mahamadou Issoufou. » Et finalement, pointe Aujourd’hui, « cette affaire de trafic de bébés entre le Niger et le Nigeria est une aubaine que les adversaires politiques de Hama Amadou ont saisie avec joie et qu’ils ne compteront pas la lâcher, de sitôt. Que la programmation de ce procès mette du temps à se réaliser et que la procédure traîne en longueur, ne devrait pas du tout étonner. En politique, il ne faut pas prêter le flanc. Sinon, on le paye cash. »

En effet, renchérit Fasozine, « à quelques encablures de la prochaine élection présidentielle qui fait déjà monter le mercure sur les bords du fleuve Niger, tous les moyens sont bons pour noyer son adversaire. Visiblement, le président nigérien Mahamadou Issoufou ne veut pas faire de cadeau à son ancien allié, avec qui il avait réussi à conquérir le palais présidentiel. Le moins que l’on puisse dire, poursuit Fasozine, c’est que le Niger semble être en campagne pré-électorale depuis cette affaire de “bébés importés du Nigeria” qui a éclaboussé plusieurs personnalités, dont l’ancien président de l’Assemblée nationale. Le pouvoir a sauté sur l’occasion pour évincer cet adversaire gênant pour la prochaine échéance. C’est de bonne guerre. » Toutefois, s’interroge le site burkinabé, « jusqu’à quand Hama Amadou va-t-il rester au purgatoire quand on sait qu’en gardant trop longtemps son principal opposant en prison, Mahamadou Issoufou peut se faire une mauvaise publicité et victimiser son adversaire ? Telle est la question qui place le pouvoir nigérien dans un curieux dilemme démocratique. »

Jusqu’à la présidentielle ?

En tout cas, pour le site guinéen Ledjely.com, « il est fort à parier que l’opposant nigérien restera en prison au moins jusqu’à la tenue des prochaines élections présidentielles. Parce que, rivalité politique oblige, son sort ne préoccupe pas non plus outre mesure ses camarades de l’opposition. Pour beaucoup d’entre eux, il est sans doute un adversaire, comme l’est le président Mahamadou Issoufou. D’autant que cette opposition nigérienne a fort à faire avec la controverse autour du calendrier électoral et les doutes qu’elle émet au sujet du fichier issu d’un recensement qu’elle dit avoir été biaisé en sa défaveur. Des sujets de friction au sujet desquels une mission de la CEDEAO tente actuellement de rapprocher les différentes positions. Une mission, conclut Ledjely.com, dont l’issue déterminera en grande partie le climat dans lequel les 7,5 millions d’électeurs nigériens devraient aller voter le 21 février prochain. »

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