Le Soudan est au centre d'une vaste contrebande de sucre, dans toute l'Afrique orientale et centrale. Avec les quantités de sucre en excédent partout dans le monde, le négoce cherche de nouveaux débouchés et le Soudan s'est peu à peu imposé comme la nouvelle porte du sucre en Afrique.
Dans ce pays du thé, le sucre est une denrée de base, on en consomme un million et demi de tonnes par an. Certes on cultive la canne à sucre et on la raffine, mais pas en quantités suffisantes, étant donné l'accroissement de la population soudanaise et celle des réfugiés. Le Soudan est donc obligé d'importer du sucre.
Mais le phénomène prend une ampleur sans commune mesure avec les besoins du Soudan. Rien que cette année les importations de sucre ont augmenté de 20%. Les autorités de Khartoum ont supprimé les droits de douane sur le sucre, ce qui transforme le Soudan en plaque-tournante du sucre pour toute la région. Le sucre entré au Soudan vaut moins cher que dans les pays voisins qui ont maintenu des droits de douane, ce sucre part donc en contrebande en Ethiopie, au Tchad, en Centrafrique, et jusqu'en Egypte, rapporte Reuters.
Ce sucre importé commence à menacer la production locale de sucre et les raffineries du pays, qui ne peuvent pas concurrencer les importations de sucre blanc de Thaïlande, et même cette année d'Inde, puisque ce pays a exceptionnellement trop de sucre. Le Soudan et toute la région pourraient même devenir un débouché pour le sucre européen, pronostique l'Organisation internationale du sucre, lorsque les quotas sucriers auront été levés, en 2017, et que l'Europe pourra exporter ses excédents jusqu'à Port-Soudan.