A la Une : François en Afrique

Avec tout d’abord cette petite phrase en forme de boutade prononcée hier par le pape à son arrivée à Nairobi : « l’insécurité ? Non. Ce dont j’ai peur, c’est des moustiques ! » Une petite phrase qui se retrouve ce matin à la Une du quotidien kenyan Daily Nation.

Le Daily Nation qui estime, dans son éditorial, que « la visite du pape et ses bénédictions devraient marquer un tournant pour le Kenya en nous revigorant et en nous redynamisant pour nous concentrer sur ce qui compte et mettre de côté les divisions et les aspects négatifs qui nous tirent vers le bas. »

« Le Pape en Afrique, ça fait oublier au moins la peur des attentats », s’exclame de son côté Fasozine. En effet, constate le site burkinabé, « le pape François entame son tout premier voyage sur le sol africain au moment où le continent ploie sous la menace des attentats terroristes qui ont déjà frappé Bamako et Tunis. Heureusement ou malheureusement, le souverain pontife ne posera pas ses valises dans ces deux capitales, encore sous le choc des morts causés par les attaques ignobles. Il a plutôt choisi d’aller au Kenya, en Centrafrique et en Ouganda, trois pays qui ne symbolisent pas moins la souffrance d’une Afrique qui cherche toujours une voie de salut pour ses filles et ses fils en proie à la guerre civile, aux violences politiques et bien évidemment à la pauvreté. »

Des miracles ?

« Le Pape du courage et de la synthèse », relève pour sa part Le Républicain à Bamako. « Le continent n’aura aucune peine à adopter François qui foule son sol pour la première fois et qui, partout où il est allé, s’est fait le chantre d’un monde d’espoir, de partage et de justice. Pas de question de société majeure sur laquelle il ne se soit prononcé. Son plaidoyer récent aux Nations unies résonnera toujours en faveur d’une planète qui triomphe du démon du consumérisme débridé et d’une boulimie capitalistique qui crée des îlots d’opulence dans des océans de misère. »

Alors, « au-delà de la ferveur religieuse qui entoure les déplacements du Saint-Père, note Le Pays au Burkina, ce voyage du Pape François se tient dans un contexte particulier, avec la montée en puissance de l’extrémisme religieux. Le Kenya, première étape de son périple africain, en est du reste un bon exemple, lui qui n’en finit pas de subir les coups de boutoir des extrémistes Shebab. (…) Mais il ne faut pas se faire d’illusions, tempère Le Pays, ni attendre forcément des miracles de cette visite pontificale, car ce n’est pas en deux jours que le pape pourra changer fondamentalement le visage de la RCA, et des autres pays qu’il va parcourir. Toutefois, l’on espère que le message de la paix que l’autorité morale et religieuse qu’il représente va apporter, sera entendu. »

Le berger sera-t-il suivi ?

Autre but de ce voyage du pape en Afrique : rassembler le troupeau… C’est du moins l’avis du quotidien Aujourd’hui, toujours au Burkina. « A la vérité, écrit-il, c’est le rassemblement du troupeau, qui sera la quintessence de cette tournée du Pape François en Afrique. En Europe, il y a une certaine désaffection dans les églises et les cheptels grossissent en Amérique latine et en Afrique, même si la concurrence pointe. Et cette rivalité a un nom : les temples protestants, autres obédiences chrétiennes. Un chrétien sur quatre est africain, affirme Aujourd’hui, mais 57% des chrétiens africains sont protestants et 34% sont catholiques. Pour 'le Pape des pauvres', cette Afrique-là a encore la possibilité d’être la locomotive de l’Eglise catholique, encore faut-il rassembler toutes les brebis. »

Espérons que ce ne soit pas une visite papale de plus et c’est tout, soupire le site guinéen Ledjely.com : « on souhaite que les cœurs soient ouverts et disposés à se laisser pénétrer par les messages de paix et de pardon. Il faut que l’authentique remise en cause attendue soit effective. Ce qui veut dire qu’au Kenya par exemple, les autorités s’engagent de manière sincère à traquer la bête qu’est la corruption ; qu’en RCA, ceux qui tirent les ficelles des récurrentes tensions confessionnelles pensent un peu plus aux bienfaits que l’harmonie retrouvée pourrait engendrer pour le pays et ses habitants. En gros, conclut Ledjely.com, il est vivement souhaité que ce déplacement du Pape François ne soit pas une tournée de plus. Au contraire, le passage du Pape doit symboliquement marquer le point de départ d’une Afrique qui se leste de ses nombreux péchés et souillures pour pouvoir mériter son admission dans le paradis auquel donnent droit le développement et la prospérité. »

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