Sont considérés comme des créances douteuses des prêts non remboursés depuis au moins trois mois. Pour l'ensemble des 105 établissements passés au crible par l'Autorité bancaire européenne, l'ardoise se monte à 1 000 milliards d'euros. L'équivalent du produit intérieur brut de l'Espagne. Cela représente en moyenne 5,6 % du portefeuille des banques.
Aux États-Unis, le pays où a commencé la crise, ce taux est deux fois moins important. Cela veut dire que l'Europe n'a pas terminé le ménage. C'est encore plus vrai pour les pays en première ligne dans la crise de la dette. L'Italie détient le tiers des créances douteuses. À Chypre, la moitié du portefeuille des banques est considéré comme à risque.
Quelles sont les conséquences pour l'activité bancaire ?
Ces prêts, dits non-performants, érodent la profitabilité des banques, estime l'autorité européenne. Et comme elles sont moins bien portantes, elles remplissent moins bien leur mission. Dommage, car en cette période de reprise molle, les petites et moyennes entreprises ont plus que jamais besoin d'un soutien bancaire pour financer leur développement. C'est ce que souligne le FMI qui, il y a deux mois déjà, s'alarmait du montant trop élevé des créances douteuses en Europe.
Ses experts remarquent que sur le Vieux Continent le montant des créances douteuses a doublé par rapport à 2009, et cela menace la solidité du système. Le FMI trouve que le superviseur européen devrait être plus contraignant pour pousser les banques à nettoyer au plus vite leur bilan.
L'autorité européenne a-t-elle ce pouvoir ?
Le mécanisme de résolution des crises de l'Union bancaire européenne (UBE) sera opérationnel à partir du premier janvier prochain, et le fonds commun de sauvetage contesté par l'Allemagne est encore en cours de constitution. L'autorité a donc surtout pour le moment un pouvoir moral, déjà redouté d'ailleurs.
Pour éviter de se voir imposer dans les prochains mois un règlement européen, certains pays assainissent enfin leurs établissements. L'Italie a annoncé ce week-end le sauvetage de quatre de ses banques régionales.
Dans son rapport, l'Autorité européenne délivre aussi un satisfecit aux banques qui se conforment aux nouvelles exigences de l'Union bancaire
Les établissements qui ont le plus augmenté leurs fonds propres sont aussi ceux qui aujourd’hui distribuent le plus de crédit. En clair, le nouveau coussin obligatoire de précaution n'entrave pas leur activité comme elles le redoutaient. Globalement, les banques accordent de plus en plus de crédit, y compris d'un pays à l'autre et elles osent à nouveau acheter de la dette souveraine autre que celle de leur pays d'origine.
Le système européen est résilient, note l'autorité. C'est le message positif qu'elle a voulu délivrer, en espérant encourager les retardataires encore encombrés d'un trop-plein de créances douteuses.
♦ En bref dans l'actualité économique :
La Russie a suspendu aujourd'hui ses livraisons de gaz à l'Ukraine
Kiev n'a pas réglé la facture à temps, Gazprom a donc mis sa menace à exécution en fermant le robinet. Cette nouvelle rupture intervient sur fond de regain de tension entre les deux pays autour de la Crimée, annexée par la Russie. Cet arrêt pourrait compromettre la livraison du gaz aux pays européens qui transite par l'Ukraine, préviennent les Russes.