L’impact économique des attentats encore incertain

L'impact des attaques terroristes sur l'économie française sera-t-il durable ? La question est loin d'être tranchée. 10 jours après les attentats, les conséquences négatives sont bien là mais avec de fortes variations selon les secteurs et la taille des entreprises.

Le commerce, l'industrie du spectacle, l'hôtellerie subissent de plein fouet le contrecoup des attentats. Dans les brasseries comme dans les hôtels, le taux d'annulation est de l'ordre de 50 à 70%. Dans les grands magasins parisiens la fréquentation a chuté la semaine dernière de 30 à 50%. Immédiatement la grande distribution a riposté en relevant le niveau de sécurité. Apparemment avec succès : hier dimanche les Galeries Lafayette ont ouvert pour les courses de Noël et le chiffre d'affaires a presque égalé celui de l'année précédente. 

Il y a donc déjà un sursaut dans le commerce. Du moins chez les grands. Les petits qui n'ont pas les moyens de renforcer les dispositifs de sécurité souffrent toujours. Passé le moment de sidération, les Français, et surtout les Parisiens, vont reprendre leurs habitudes de consommation. Toutes les études prouvent que les attentats n'ont pas d'effets à moyen terme sur la croissance d'un pays. Le constat a été fait à New York en 2001, à Madrid en 2004 après l'attentat du train ou encore à Londres en 2005.

Et pourtant certains dirigeants sont pessimistes.

C'est le cas du ministre italien de l'Economie, Pier Carlo Padoan. D'après lui, les attentats parisiens pourraient mettre en péril la reprise dans toute la zone euro. Le patron du géant industriel allemand Siemens lui aussi redoute un effet négatif à moyen terme. « L'investissement repose sur la confiance, sur le futur, et quand des événements comme ceux-ci arrivent, les gens vont attendre » explique-t-il dans le Financial Times. Les attaques de vendredi dernier s'ajoutent à celles du mois de janvier contre Charlie Hebdo et l'hyper casher.

Les menaces qui pèsent en ce moment sur Bruxelles, une ville qui a abrité les terroristes, une ville à une heure de Paris en train entretiennent ce climat d'insécurité peu propice à l'activité. Cela fait beaucoup de pression sur l'ensemble de la zone euro. L'agence de notation Standard and Poor’s envisage des effets négatifs pour toute l'Europe de l'Ouest, et pour la France en particulier. Parce que le tourisme représente une part notable du Produit intérieur brut. 8%. Mais aussi pour des raisons politiques. Le plus grand danger pour l'économie française d'après Standard and Poor’s, c'est un éventuel changement de cap économique du gouvernement, en réaction aux évènements et à la montée des partis extrémistes.

Le déficit public français va s'aggraver, avec l'autorisation de Bruxelles.

Au-delà de cette autorisation accordée pour couvrir les dépenses extraordinaires de défense, le gouvernement va-t-il laisser filer les déficits, et stopper net les réformes structurelles alors que le chômage demeure élevé en France ? C'est le sens de la mise en garde de l'agence de notation américaine. C'est encore de la politique-fiction pour le moment. Il faut laisser passer les élections régionales pour voir si le gouvernement infléchit son programme de réforme.

Seule certitude, chiffrée par Michel Sapin, le ministre de l'Economie est des finances : le coût des nouveaux effectifs annoncés dans l'armée et la police, il sera de 600 millions d'euros par an. Ce qui est tout à fait supportable au regard du budget de l'Etat prévu à 375 milliards d'euros pour 2016. En revanche, ce qui n'est pas encore chiffré ce sont les répercussions de cette sécurité accrue pour les entreprises privées. Le renforcement du contrôle des frontières au sein de Shengen tout comme au sein même du territoire national représente un surcoût pour le commerce intracommunautaire qui va peser sur les entreprises.

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