20 ans, l’âge de la consécration pour Easyjet

La compagnie aérienne Easyjet a célébré hier son vingtième anniversaire à Luton, l'aéroport de la grande banlieue de Londres d'où est parti son premier vol à bas coût.

Il fallait alors dépenser 29 livres pour aller à Glasgow. Le même prix qu'un jeans, affichait la publicité de la compagnie. Le vol coûte aujourd'hui 27 livres et une paire de jeans 75 livres, a fait remarquer la directrice générale de la compagnie en présence du fondateur Stelios Haji-Ioannou venu sur place à 6 h du matin pour fêter le succès de son entreprise. Easyjet avait alors 2 appareils en location. Sa flotte aujourd'hui est composée de 240 avions. Elle est devenue la deuxième compagnie aérienne en Europe, derrière Ryan Air, qui a fêté au printemps ces trente ans. Les deux sociétés perçues comme des flibustiers du transport aérien ont largement réussi leur pari. Elles sont toutes les deux florissantes, avec un bénéfice attendu de 920 millions d'euros pour Easyjet cette année, 1 milliard d'euros espéré par Ryan Air. Leur modèle décrié sur le plan social est plébiscité par les passagers. En Europe, 40% du trafic aérien s'effectue désormais sur des vols bon marché.

 
Ces compagnies peuvent-elles encore gagner des parts de marché ?

Oui, car on estime que d'ici 5 ans, 60% du transport européen aérien se fera sur des vols à bas coût. Mais la concurrence est de plus en plus vive. Beaucoup de nouvelles sociétés ont été créées sur le même modèle et les compagnies traditionnelles développent elles aussi leur propre réseau à bas coût. Toujours plus de compétition, c'est la rançon du succès. Pour maintenir ses positions, Easyjet serait prêt à s'allier à la Lufthansa. La compagnie orange prendrait en charge les passagers sur les courriers courts et la compagnie allemande prendrait le relais sur les longs courriers, et réciproquement. Ryan Air serait de son côté en pourparlers avec le groupe britannique IAG pour faciliter le transfert des passagers. Ces rapprochements entre les compagnies historiques et les trublions du secteur étaient impensables il y a dix ans, ils paraissent aujourd'hui nécessaires pour consolider un secteur où les deux précurseurs doivent étoffer et renouveler leur offre pour rester les premiers.

Easyjet se définit maintenant comme une compagnie abordable

Abordable plutôt que bon marché, pour attirer une nouvelle clientèle : celle des hommes d'affaires. Il y a 5 ans le transporteur a revu son positionnement en offrant des services spécifiques à ces passagers pressés, comme la réservation du siège, des services facturés bien sûr. Cela marche : les hommes d'affaires constituent aujourd'hui 20% de ses passagers, ils sont des clients appréciés car ils dépensent plus que les touristes. En parallèle Easyjet a fait un effort sur la ponctualité des vols, un critère très important pour tous les voyageurs. La compagnie ressemble en fait de plus en plus à ses aînées.

Y compris sur le plan social ?

Après des poursuites judiciaires en France, Easyjet a choisi de se conformer au droit du travail européen tandis que Ryan Air continue à employer son personnel navigant sous un statut particulier. Easyjet cherche à renforcer son image d'entreprise respectable, elle affirme avoir recours à 5% de contrat à durée déterminée seulement. Et les salaires de ses pilotes sont comparables à ceux d'Air France. Ce qui fait la différence, en matière de coût, c’est leur charge de travail : les pilotes volent en moyenne 730 heures par an chez Easyjet contre 560 heures à Air France.

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